Vous êtes ici
Deerhoof + Pneu 19/02/2015 @ Petit Bain, Paris
Rencontre des anciens et des modernes, l'affiche Deerhoof et Pneu pour une même soirée, c'était un événement à ne pas manquer pour les amateurs de rock destructuré.
Un saut dans une machine à remonter le temps. Voilà peu ou prou ce que nous ont offert la fine équipe de Konfuzi en programmant le même soir Deerhoof et Pneu, autrement dit, à presque 20 ans et un océan Atlantique d'écart, 2 des groupes les plus excitants dans le style rock déconstruit / destructuré.
Le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé, et le concert était sold out plusieurs semaines avant la date.
En ouverture donc, les tourangeaux de Pneu. Installés non sur scène mais, comme leurs glorieux ancêtres Lightning Bolt, à plat dans la salle, le public faisant cercle autour d'eux. Une disposition qui rappelle aux anciens le bon vieux temps des concerts dans les squats, et toute la scène DIY. Ce qui n'est d'ailleurs pas un hasard, les 2 musiciens ayant justement fait leurs armes en compagnie de Marvin, Papier Tigre et toute la bande de la Colonie de Vacances.
Musicalement, le choix de se limiter à deux instruments, guitare et batterie, oblige forcément à compenser par l'énergie. Et les 2 Pneu étaient de toute évidence gonflés à bloc, offrant un set tout en énergie débridée, portés par un public plus qu'enthousiaste. On trouvait de tout au premier rang, de la blonde branchée au fou furieux qui pogote habillé en costume de banane, en passant par le téchos à barbichette qui kiffe chaque break de batterie avec un regard extatique. Au final un petite heure de massacre rock où un seul morceau comporte plus de plans de guitare et de break de batterie que la discographie entière des Ramones. Point de repères pour l'oreille ici, il faut se laisser porter par le flot d'énergie, par le jeu ultra-technique malgré l'apparente improvisation. Un concert qui laisse l'auditeur épuisé mais heureux, avec l'impression d'avoir assisté à 5 concerts d'affilés, bloqués sur avance rapide.
Passer après un tel déluge sonore était un exercice délicat, et en seconde partie de soirée les ainés de Deerhoof s'en sont sorti habilement. Il faut dire qu'on est loin ici du déluge sonique. Ayant débuté leur carrière au début des 90's, les californiens ont repris le flambeau à peu près là ou Sonic Youth l'avait porté, dans le travail d'orfèvre et la déconstruction méthodique du format pop. Pas d'explosion rageuse ici, on est en terrain familier, pas si loin en fait de la structure couplet-refrain. Mais le tout est savament désarticulé, interprété par de grands enfants qui ouvriraient patiemment leurs jouets pour en comprendre le fonctionnement. Le jeu de batterie de Greg Saunier est particulièrement impressionnant, riche et complexe, trouvant naturellement son écho dans la guitare épileptique de John Dietrich et les stacatos de Ed Rodriguez. Mais on n'est pas ici dans la technicité math-rock. Plutôt dans la folie douce et l'humour. A l'image de la bassiste et chanteuse Satomi Matsuzaki, toujours souriante, avec sa basse-violon à la McCarthney et ses petites danses façon aérobic. Deerhoof sur scène c'est un cocktail euphorisant avec une bonne dose de morceaux du dernier album, quelques tubes incontournables, quelques blagues de Greg Saunier tentant de parler français. Au final les 4 californiens ont assuré un show impeccable et sans prétention, sincèrement heureux d'être là. De quoi réchauffer l'hiver parisien.
Mangeur de udons, buveur de whisky, amateur de sci-fi et de musique indé. Dilettante professionnel. |
À lire également
Retour sur |
RAF à Lyon ? |
RAF à Lyon ? |
Actualités |
Actualités |
Sélection |
Ajouter un commentaire