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Hammers Of Misfortune + The Gates Of Slumber + Xothogua 26/07/12 @ Il Motore, Montréal

Portrait de William
Hammers Of Misfortune + The Gates Of Slumber + Xothogua 26/07/12 @ Il Motore, Montréal

Et hop, je saute dans le bus directement après le boulot… direction l'endroit le plus doom de Montréal! Le classique Il Motore accueillait ce soir une tournée grandiose. Avec Tone Deaf Touring aux commandes et des présentateurs comme Brooklyn Vegan, Metal Blade et Rise Above, les deux groupes américains avaient beaucoup de pression sur les épaules.

Dès mon arrivée, les trépidants Montréalais de Xothogua étaient en pleine action. Leur doom concordait avec celui des deux formations principales, soit The Gates Of Slumber et Hammers Of Misfortune. Leur sonorité est très classique, dans la veine de tout ce que vous aimez, passant par des riffs Electric Wizardiens à des segments plus progressifs similaires aux expérimentations de YOB. Ajoutez à celà une influence légèrement plus violente et le tour est joué, la chanteuse ne se fait pas prier pour régurgiter les cris les plus intenses qui soient. Les cinq musiciens semblaient en possession de leurs moyens, ce jeune groupe prend confiance peu à peu. À mon avis, il tiendra un rôle majeur pour la ville de Montréal lorsqu'il laissera paraitre un album. Pour le moment, la seule façon d'entendre les compositions est de participer activement à la scène musicale et de faire le saut lors d'une prestation. Malgré mon retard, je suis parvenu à capter deux longs morceaux de Xothogua, ce fut le début de soirée parfait pour mettre un peu de doom dans nos veines. Tôt ou tard vous réentendrez parler de Xothogua, vous feriez mieux de mémoriser ce nom immédiatement. Leur popularité grandit rapidement grâce au bouche à oreille des habitués des salles de concert.

La table était mise pour accueillir l'un des meilleurs groupes de doom traditionnel des États-Unis. Le massif trio de The Gates Of Slumber s'installa sur la scène du Il Motore, heureusement assez solide pour les supporter. Soyons francs, ils ont des carrures de sasquatch sous stéroïdes, ce qui colle bien avec leur musique. C'était imposant et franc, leur son était très net et dilué vue la présence d'une seule guitare. Rien n'interférait dans la mixture sonore, le chant était facile à entendre contrairement aux dizaines de groupes lourds que j'ai précédemment vus au Il Motore. Honnêtement, je ne m'attendais pas à apprécier autant le concert, les compositions étaient toutes parfaitement ficelées. Une expérience intimidante se dégageait des musiciens, le guitariste jouait avec une assurance presque trop apparente, il grimaçait de plaisir lors des solos. La basse bien fuzzy servait de trame de fond pour combler le vide laissé par l'absence d'une seconde guitare, il tirait magnifiquement son épingle du jeu avec des structures à la fois groovy et complexes. De plus, il avait un subtil tatouage de Voivod sur le bras gauche, c'était en quelque sorte un gage de qualité.

Après cinq ou six morceaux, des images de joueurs de football américains ont envahi mon esprit. Je ne sais pas réellement comment c'est arrivé, mais j'en ai déduit que The Gates Of Slumber serait le groupe parfait pour un concert de mi-temps s'il y avait des Superbowl en enfer. Effectivement, le malin rôdait au-dessus de la scène lors de leur performance. Ils avaient une touche diabolique malgré leurs compositions extrêmement propres, après tout, Satan aime la bonne musique et les bons vieux riffs qui transpirent le headbang à des kilomètres à la ronde. Trêve de plaisanteries, il faut absolument écouter cette formation si vous appréciez le doom traditionnel. Je les considère très proches de ce que les patrons de Saint Vitus sont capables de nous sortir, la voix est pratiquement la même que celle de Scott "Wino" Weinrich. Faites-vous votre propre idée sur The Gates Of Slumber et ne ratez pas leur prochain passage. Amen!

Pardonnez-moi, j'oubliais que Hammers Of Misfortune était aussi de la partie. Je pensais que la salle se viderait légèrement après la prestation de Gates, cependant la mince et agréable foule resta pour contempler ces dieux californiens de la musique occulte. Honnêtement, je dois me prosterner devant eux, comment ai-je pu laisser ce groupe dormir dans ma bibliothèque musicale aussi longtemps? Les six musiciens nous ont rapidement plongé dans leur univers tordu et puissant, le résultat est totalement unique. Je crois que je décrirais l'expérience comme un grand moment de doom, mixant des chants typiquement folk agrémentés de rythmiques mystérieuses et entrainantes. Pour les fervents de folk, vous ferez rapidement le lien entre Hammers Of Misfortune et Hexvessel. Malgré la lourdeur plus prononcée de Hammers, nous retrouvons le même genre de voile obscure autour des musiciens.

Malgré l'ambiance et l'éclairage plutôt inappropriés, le sextuor réussit à nous transporter dans un monde bizarroïde pendant près d'une heure. J'étais hypnotisé, mes yeux étaient fermés et ma tête hochait de l'avant vers l'arrière sans que je puisse intervenir. L'ensorcèlement était complet, l'intensité et l'énergie étaient au rendez-vous chez les musiciens et notre cerveau ne pouvait qu'apprécier le spectacle. Il ne manquait qu'une légère odeur d'épices et la soirée aurait été digne d'un concert dans la Green Room du Roadburn. Je suis très heureux d'avoir pu capter ces deux groupes à Montréal puisque je les avais manqués lors de mon séjour en Europe en 2011. Tout est bien qui finit bien. Sérieusement, je ne saurais pas quoi dire de négatif sur cette soirée, trois groupes très différents et une magnifique ligne directrice qui les réunissait tous, un amour total des décibels. Maintenant je peux réellement le dire. Amen!

Crédits photos : Renaud Sakelaris

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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