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The Flaming Lips + Unknown Mortal Orchestra + Crâne Angels 24/05/2013 @ Villette Sonique 2013, Paris
Sans déconner, lorsque j'ai appris, après avoir surveillé toutes leurs dates de concert pendant un an, que The Flaming Lips passaient à la Villette Sonique, j'ai poussé un cri de joie dans le bureau. On m'a regardé bizarrement, par ailleurs. Et l'explication "c'est un concert trop cool, le chanteur a une boule de hamster géante et y a des confettis partout" n'a pas arrangé les choses.
La soirée commence à 20 heures pile (horaires nickel donc), par un set des Crâne Angels, groupe issu du collectif ICEBERG, au même titre que JC Satan et autres Lonely Walk. Je ne connaissais absolument pas le groupe jusque là, et fus pour le moins surpris par le nombre de personnes sur scène, atteignant quand même neuf. Un batteur, un bassiste, deux guitaristes, et plein de monde au chant, au synthé et même occasionnellement, à la trompette. Dur en effet de suivre, puisque, en dehors du batteur, tout ce beau monde a changé de place au moins une fois: les guitaristes se sont échangé leurs instruments, les chanteurs se mettaient au premier plan ou, au contraire, revenaient en arrière pour accompagner les autres avec des instruments. De quoi créer une palette plutôt étendue d'harmonies, pour cette musique que je qualifierais de gentillette, mais dans le bon sens du terme.
Il s'agit en effet d'un rock assez soft, avec un petit air agréable de Pixies par moments, et globalement, même si ça n'entre pas dans mes genres préférés, la prestation de ces Bordelais m'a paru plutôt agréable. De plus, le groupe manifeste une aisance assez rare, en bavardant et plaisantant avec le public comme si l'on était non pas dans une salle de plusieurs milliers de personne, mais dans un club minuscule. Respect.
Le deuxième groupe à monter sur scène ce soir sera Unknown Mortal Orchestra, et là encore, je n'ai non seulement jamais entendu une note de leur oeuvre, mais n'ai même pas entendu parler de ce groupe avant de l'avoir vu à l'affiche de cette soirée. Et finalement, c'est pas plus mal, parce que pour moi, la sauce ne prend pas. Il s'agit ici d'un rock à base du trio guitare/batterie/basse, pêchant un peu dans le psychédélique pour n'en prendre que les mauvais côtés. Les nombreux solos sont interminables et ne semblent avoir ni queue ni tête, comme si le guitariste (au look très "artiste maudit") voulait juste montrer ses skills de guitare. Pendant ce temps, les autres musiciens jouent des parties plus que simples, voire simplistes, et affichent sur leurs visages un ennui digne d'un épisode de Derrick. La voix (celle du guitariste) n'aide pas spécialement non plus, puisque d'une chanson à l'autre, elle ne change absolument pas, et donne l'impression d'avoir écouté le même morceau dix fois. Je regarde autour de moi : certains semblent apprécier, mais pour moi, surtout après avoir vu Golden Void il y a à peine plus d'un mois, c'est beaucoup trop peu. Bref, il fallait bien que je n'accroche pas à un groupe du festival, et cette année c'est tombé sur celui-ci.
Vient enfin le tour des Flaming Lips, et pour le coup, l'installation de la scène est presqu'aussi passionnante que le concert lui même : on passe son temps à se demander qu'est-ce qui se passe, et à quoi va servir tel ou tel truc. Le tout commence par l'installation d'un énorme podium surplombé d'un micro, et orné de moitiés de boules en plastique effet chrome. Les mêmes décorations seront ensuite posées partout sur la scène, et surplombées par d'autres, plus petites. L'équipe installe ensuite un nombre absolument incalculable de tubes blancs, pour transformer le tout en ce qui pourrait être un remake de Alien à la sauce "Be Kind, Rewind". Oui, car le nouvel album du groupe s'appellant The Terror, exit les ambiances hippies, bonjour la noirceur. Enfin, ça reste quand même relatif.
Alors qu'on observe un rideaux de LED qui descend pour se placer derrière le groupe, Wayne Coyne (qu'on voyait occasionnellement danser sur le bord de la scène lors du set du précédent groupe) monte sur son estrade improvisée et vérifie ses accessoires, affublé d'une tenue bleue brillante. Micro couvert de scotch : check, trompette-jouet en plastique : check, projecteur (lui aussi couvert de scotch) : check, espèce de lanterne attachée à une corde : check, jouet en forme de bébé : check. Première règle d'un concert de Flaming Lips : ne s'étonner de rien.
Les autres membres du groupe s'installent eux aussi, on découvre alors le bassiste, affublé d'une chapka et d'un t-shirt arborant une faucille et un marteau, ainsi que le guitariste, jouant sur une guitare à deux manches, avec l'un des manches coupés, et elle aussi recouverte de scotch. Ne s'étonner de rien, hein. Les lumières s'éteignent alors, pour rapidement se rallumer dans un déluge de couleurs, qui, réfléchissant sur les nombreuses surfaces brillantes, nous aveuglera régulièrement. Le show commence par le premier morceau de The Terror, qui est Look... The Sun is Rising. Bon. En fait, je n'ai absolument rien à redire sur le son ou sur la prestation du groupe, tellement c'est une tuerie. La batterie et la basse sont hyper puissantes, les guitares sonnent on ne peut mieux, les synthés percent bien dans le mix, et Wayne... Wayne est un gros taré.
Lorsqu'il ne chante pas, ce dernier s'amuse effectivement à bercer son bébé en plastique, à éclairer le public à l'aide de son projecteur, et à l'encourager à faire plus de bruit et à danser. Et on ne se fait pas prier, l'ambiance dans la salle devenant rapidement on ne peut plus festive. Troisième morceau (après l'excellent The Terror), et des machines situées sur le coté de la scène commencent à cracher des confettis (noirs, ambiance "plus sombre" oblige). Il y en a vraiment partout (on en retrouvera encore dans nos sacs et poches des heures plus tard), on peut se baisser et en ramasser des poignées entières, bref de quoi combler l'enfant en chacun d'entre nous.
Et c'est bien ce que le groupe semble vouloir faire, arrivant à nous surprendre à chaque morceau. Les tubes en plastique s'allument telles des guirlandes de Noël, les LED du fond de la scène affichent des images animées ou des arcs-en-ciel, des lasers parcourent la salle, et, le comble de l'inattendu, les projecteurs surplombant la scène descendent, pour éclairer Wayne d'en bas.
La setlist est assez variée, et même si la grande majorité est tirée du dernier opus du groupe, on aura quand même droit à des classiques tels que One More Robot et, bien entendu, Do You Realize. L'un des grands moments du show sera aussi la reprise de Heroes de David Bowie, qui enflammera totalement l'ambiance de la salle. Le show finira par le dernier morceau de The Terror, et aura duré une heure et demi, même si on a tous l'impression que c'était deux fois plus court. Ou, plutôt, deux fois trop court, tant on a envie de prolonger encore cette incroyable experience.
Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH.com
J'aime les ours, le whisky et les internets. |
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