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Baroness 20/05/2012 @ Olympia, Montréal

Portrait de François-Carl
Baroness 20/05/2012 @ Olympia, Montréal

Bien installé, contre la scène, caméra à la main, le temps est enfin venu pour Baroness. Déjà, par contraste aux autres groupes, les musiciens font eux-mêmes la majorité du "setup" de leur équipement. Je suis alors au pied de John Dyer Baizley et l'observe. Les longs cheveux bouclés ont été remplacés par une coupe de cheveux courts avec un peu de calvitie et une plus grosse barbe... en contraste avec la dernière fois que je l'ai vu lors de leur passage à la Sala Rossa. Vous m'excuserez ces observations, mais comme je ne connais pas grand-chose en équipement de guitare, avec toutes ses pédales qu'il était en train de préparer, je me suis intéressé à la pilosité de l'homme.

Baizley occupe le centre de la scène, à sa droite Peter Adams s'occupe lui aussi de son équipement. Une autre différence est qu'en 2008, Adams était le nouveau venu dans l'équipe remplaçant Brian Blickle à la guitare, cette fois c'est au tour du bassiste, Matt Maggioni, de faire nouvelle figure. Une petite recherche révélera qu'il fut bassiste du groupe Unpersons avec qui Baroness fit paraitre un split : A Grey Sigh in a Flower Husk. (C'est à noter que le batteur de Kylesa, Carl McGinley fut également le batteur de Unpersons.) À l'arrière, c'est le batteur Allen Blickle qui se prépare.

Je dois dire que mes attentes étaient assez hautes. Je n'ai pas revu Baroness depuis qu'ils ont sorti leur Red Album. Et si je ne me trompe pas, ils ne sont pas passés par Montréal en support du Blue Record. En plus d'une attente de 3 ans, il faut dire que le nouvel album, intitulé Yellow and Green, fait déjà jaser. Si leur premier Ep se nomme First et le deuxième Second, que leur premier LP se nomme Red et le second Blue, je n'étais pas vraiment surpris de voir le prochain porter le nom d'autres couleurs. Serait-ce de la paresse (allusion trop souvent faite à Load et Reload de Metallica) ou encore un concept (tels leur contemporain Mastodon et leurs albums « éléments ») ou simplement un hommage aux traditions de n’importe quel groupe prog ? C’est sans importance, la réelle surprise est qu'ils sortent un album double! Ce qui vient justifier le délai entre cet album et le précédent. Yellow and Green paraîtra chez Relapse Records en juillet prochain. Allez faire un tour sur le site de Relapse si vous voulez voir les options de précommande très alléchantes...  Encore une fois la couverture est à couper le souffle et est signée par Baizley. J'avoue être un peu jaloux de Baizley, il y a des gens qui heureusement pour eux, maîtrisent plusieurs talents. Non seulement il fait partie d'un groupe qui ne cesse de recevoir des critiques très favorables mais il est aussi un artiste illustrateur de grands talents et est très sollicité. Si l'on croit les critiques des chanceux qui ont écouté Yellow and Green, on aurait affaire au chef d'oeuvre du quatuor géorgien, quoique possiblement, le moins "métal"...

Car si Baroness se fait reprocher quelque chose, c’est leur accessibilité et est quelquefois même dénigré en tant qu’un genre « Hipster Metal ». Si l’on peut noter d’importants changements dans les compositions, c’est la présence plus en plus importante du chant. J’ai moi-même critiqué le Blue Album de manquer d’agressivité plus présente sur First et Second. Ayant écouté le nouveau morceau Take My Bones Away,  je serais tenté de dire, de mon humble opinion (d’hipster), qu’il s’agit de la « pire » performance vocale de Baizley. La plus variée et la plus dynamique jusqu'à présent ? Peut-être. La plus nonchalante ? Sûrement. À la première écoute, j’ai cru que le refrain chanté presque sans émotion était : Take my balls away… Par contre, la composition est du pur Baroness. Bref, j’avais bien hâte de l’entendre en live, à savoir si le ton serait plus agressif.

Mes attentes étaient peut-être mal préparées, car dès l’introduction, Baroness semble vouloir instaurer une atmosphère bien plus ambiante qu’agressive surtout en comparaison avec l’opener Decapitated et leur death metal. Ogeechee Hymnal, servira d’entrée dans le matériel du Blue Album avec le single A Horse Called Golgotha. Même la salle sera plongée dans le bleu de par ses lumières. Dès lors, je suis impatient que le groupe explose, ce qu’il fera aux premières notes du single. Je cours à gauche et à droite de la scène essayant de prendre les meilleurs clichés possibles. Baroness est très confortable sur scène et reproduit adéquatement les compositions comme mes oreilles se sont habituées à les entendre. La plus grande différence étant la voix, mais bon, nous ne sommes pas à l’opéra. Selon les différentes setlists présentes sur le web, Baroness joue un nouveau morceau A March To the Sea, j’avoue que ce titre m’est complètement sorti de l’esprit, peut-être étais-je trop concentré à prendre des photos ou ma mémoire ne l’a simplement pris en compte du fait qu’elle ne le reconnaissait pas. Ils entament alors un réarrangement d’une autre pièce du Blue Album, Steel That Sleeps The Eye.

Je dois m’avouer un peu agacé par ces morceaux que je nommerais tels que « filler », je désire plus de rock! Toutefois, comme pour Ogeechee Hymnal et A Horse Called Golgotha, les intros desservent les titres qui suivent, comme ce fut le cas pour Swollen and Hallo.

C’est à ce moment que la sécurité m’avise que je dois quitter le pit, les 3 (ou peut-être bien 4) morceaux terminés. C’est la tradition pour les photographes de sortir après les 3 premières chansons, je trouve injuste d’avoir dû compter les morceaux « intro »! Me dirigeant vers la foule, une connaissance m’interpelle et me propose de le suivre vers un groupe d’amis au balcon. J’aurai préféré rester au parterre, mais sur le coup, je l’ai suivi. Je m’assois alors au centre du balcon, très bien situé en fait, pour le reste du spectacle. Baroness semble s’être un peu plus réveillé, une fois mon appareil photo rangé. Sur scène Baizley et compagnie détruisent à cœur joie, tout en étant très précis dans leurs exécutions. On ressent une sorte de camaraderie entre les joueurs, Adams se déplace parfois vers Blickle, Baizley vers Adams, Maggioni vers Baizley. Adams est le seul à avoir des cheveux, ce qui lui permet de headbanger ses boucles. Baizley hoche de la tête agressivement et délivre ses coups de strumming avec force. Le nouveau venu à la bass est dans mes souvenirs le plus tranquille, quoique j’oubliais souvent de lui prêter mon attention. Mon regard est constamment rivé sur le côté gauche de la scène, entre Adams, Blickle et Baizley. Il y a une véritable communion sur scène et la foule semble être très réceptive, même s’il est très clair que la majorité des gens sont présents pour le métal unique de Meshuggah. À vrai dire Baroness semble être un drôle d’oiseau en comparaison à Decaptitated et Meshuggah, mais la foule est attentive aux mélodies proposées par Baroness. Ai-je déjà mentionné que Baroness était accessible?

Suite au titre presque instrumental de The Gnashing, ils entament alors Take My Bones Away. La composition, aussi énorme qu’elle puisse être, est selon mes goûts un peu trop répétitive vers la fin et est compromise par le chant de Baizley, que je me risque à dire trop présent. Néanmoins, mes mains font de l’air guitar et je me tortille sur mon banc : TAKE - MY - BALLS AWAY!

Une slide et c’est reparti avec un autre titre du Blue Album, cette fois-ci avec The Sweetest Curse, qui se prend bien étant un peu plus agressive. Baizley et Adams s’échangent les cris monotones, qui permettent au titre de bien se distinguer du précédent. Encore une fois, mes doigts courent sur un manche de guitare invisible et mon corps réagit à chaque note du solo de guitare que j’ai écouté tant de fois, comme il s’agit du titre d’ouverture de son album. Le batteur a un kit modeste en comparaison des autres vues ce soir-là, mais il frappe fort et précis avec un style bien à lui sur le rythme de la composition qui lui permet de déferler sur ses tambours et cymbales.

Finalement, le dernier morceau de la soirée en fut un du Red Album et le seul. Le titre Isak se construit en hypnotisant la foule pour se terminer par une montée intense qui me laisse insatisfait, j’en veux encore! La foule, elle, semble satisfaite et sous peu, se soulèvera en grande force sous le carnage de Meshuggah.

Photographe argentique + (Auto)-éditeur + amateur de bon café

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