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Barn Owl + Evangelista + Lori Schönberg live 17/11/11 @ Café de la Danse, Paris
Quoi de mieux qu'un bon concert de drone pour se détendre après une dure journée de boulot ? Toutes ces notes qui sonnent sans jamais se terminer, ce feedback qui remplit doucement nos oreilles... Bon, dit comme ça, ça ne donne peut-être pas très envie, mais je vous assure que ça peut être vraiment sympa et relaxant. Si, si.
Bref. Comme à mon habitude, j'arrive au show à l'heure indiquée sur le site pour être sûr d'être bien placé, égoïste que je suis, et me retrouve déjà avec quelque chose à quoi je ne m'attendais pas. En effet, ne connaissant pas du tout la salle (dont le personnel s'est avéré très sympathique), je n'ai pu être que surpris par la disposition de celle-ci: les sièges sont installés sur des gradins, et sont séparés de la scène, très basse, par un espace vide de quelques mètres sur lequel est déjà installé le premier artiste de la soirée, Lori Schönberg.
Pour le coup, même si j'imagine assez mal un concert de hardcore dans ce genre de salle (ressemblant finalement pas mal à un théâtre), c'est parfaitement adapté pour tout ce qui est noise/drone/ambient/autres genres plus ou moins obscurs qui n'impliquent pas de gens qui dansent ou font des moshpits. Sur cette réflexion, j'examine attentivement le matériel installé au pied de la scène. On peut y remarquer, dans un enchevêtrement de fils qui ferait pâlir de honte mon appartement (et pourtant je fais de l'élevage de câbles depuis des années) un grand nombre de bidules bien vintage, ressemblant pour la plupart à des radios ou des métronomes. On y remarquera aussi un dinosaure en plastique. Oui, il m'a paru très important de souligner ce détail.
La lumière finit par s'éteindre, et un homme s'installe devant tous ces appareils. Commence alors une performance que je trouverai beaucoup trop longue et monotone. Même si une partie rythmique est créée et maintenue par des nombreuses couches de synthés mis en boucle (il parait que pour être in, il faut appeler ça des "textures"), je ne trouve pas que le set progresse ou va quelque part. Le musicien passe son temps à jongler entre ses machines; il tourne les potards, fait glisser les sliders, active des interrupteurs, approche un micro de son dinosaure (détail très important là encore), mais au final, la plupart du temps, le fond, quasi-identique depuis le début, se voit juste affublé de petits sons aigus qui disparaissent aussitôt. Même si je ne doute pas que l'artiste ait longuement préparé son set, il donne quand même une impression non négligeable de découvrir les possibilités de ses appareils en même temps que les spectateurs, en bidouillant chaque machine pendant quelques minutes avant de passer à la suivante. Ça en deviendra pénible et presque douloureux quand le musicien décidera d'enclencher un métronome extrêmement fort qui battra la demi-seconde pendant une bonne vingtaine de minutes.
Au final, même si le public semble plutôt conquis, pour ma part je serai soulagé de voir cette performance (bien évidemment continue, les morceaux c'est trop mainstream) se terminer, laissant place à Barn Owl, le groupe pour lequel j'étais là ce soir.
Ici, exit les synthés, bonjour les guitares. En effet les deux membres du groupe sont guitaristes, et jouent donc un drone à mon goût plus proche d'un Earth, assistés dans cette tâche par un nombre de pédales plus qu'impressionnant.
Les deux musiciens s'installent donc sur scène, et commencent leur set. Là encore, j'ai beau avoir écouté leurs efforts studio plus d'une fois, il m'est totalement impossible de reconnaître les différents morceaux, tant les mélodies s'enchaînent en empiétant les unes sur les autres; tout au plus quelques mélodies me seront familières. Cependant, la sauce prend bien mieux que pour l'artiste précédent, et je me retrouve vite enveloppé dans les couches de reverbes. Pour accentuer l'ambiance, des images plutôt abstraites mais très colorées sont projetées derrière les musiciens, à même le mur en briques, ce qui leur donne par ailleurs un aspect plus brut et ajoute une petite touche post-apocalyptique, collant à merveille à la musique.
Le point culminant de cette performance se trouvera pour moi vers le milieu, alors que, après s'être échangé un regard, les deux américains se lancent dans un passage sans rappeler les grands Sunn O))), tout en fuzz et en basses fréquences à en faire vibrer la salle. Par la suite, la musique se calmera, et le groupe finira par se retirer, sous un flot d'applaudissements.
La tête d'affiche de la soirée commence alors à s'installer: il s'agit d'Evangelista. On remarque tout de suite une rupture avec les deux groupes précédents: ici, pas moins de quatre personnes se trouvent sur scène, dont une bassiste et un percussionniste qui joue aussi de l'alto (quand je vous disais que tous les batteurs savent jouer du violon en cachette). Cependant, même si musicalement Evangelista nous délivre une sorte de mélange de folk et de blues, l'ambiance générale ne tranche pas non plus radicalement avec les artistes en première partie, puisque cette musique, certes plus douce, est quand même teintée de couleurs sombres et parsemée d'effets drone et de reverbes.
N'ayant entendu que quelques morceaux de la demoiselle avant ce concert, je me retrouve totalement captivé et envoûté par cette ambiance, et lorsque la chanteuse, très communicatrice, nous demande de nous approcher car elle ne voit pas le public, je n'hésite pas longtemps avant de m'avancer et de m'asseoir au pied de la scène. Le groupe enchaîne par la suite des morceaux du dernier et de l'avant-dernier albums, entrecoupés de dialogues avec le public ("This song is dedicated to John Talbot, and he's... well, a dead guy"). C'est un succès total, l'audience est totalement conquise, et le groupe lui-même semble surpris de la réaction des spectateurs. Je ne vois pas le temps passer, et suis presque surpris lorsque le claviériste indique aux autres musiciens qu'il ne leur reste plus que cinq minutes. Ils jouent donc une version raccourcie du dernier morceau et disparaissent, en mettant ainsi un point à cette soirée, à première vue pas indispensable (sauf si votre garde-robe est composée de robes de druide et que votre appartement sent bon les amplis à lampes), mais au final très agréable et relaxante.
J'aime les ours, le whisky et les internets. |
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