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Snow Shards - Blind (2014)
Dans mes rêves les plus fous, je me plais à croire que ma région natale, la Vendée, est la nouvelle Norvège. Un trop plein d’entropie engendre parfois en réaction des poussées fulgurantes d’énergies créatives, à l’image d’une éruption volcanique. Le spectacle est trop beau pour ne pas en profiter pleinement. On parle ici de diamants forgés dans les entrailles de la Terre.
Autrefois, nous nous flattions en Vendée de goûts musicaux bien affirmés ; certes pas tout le monde, il ne faudrait pas exagérer. Mais le Rock Festival de Fontenay-le-Comte aura reçu de grosses pointures (citons-là, entre autres The Young Gods, Sub Rosa, Jesus Lizard, The Melvins, Unsane…) assez représentatives de choix très éclairés. Soupe primitive d’inspiration on ne peut plus riche pour les générations à venir. Mais il ne s’est pas passé grand chose hélas. Jusqu’à maintenant. D’abord les Von Pariahs, bien partis pour se forger une très haute réputation. Mais il faut compter avec Snow Shards.
Je n’utiliserai pas l’adjectif « prometteur » pour qualifier ce one man band. Non, il ne faut pas 36 écoutes, pour se rendre compte objectivement que toutes les promesses sont tenues. Inutile également de parler d’un « coup d’essai », nous sommes en présence d’un Opus Magnum. Pas moins.
« Snow Shards is Jeremie Godet ». Cela vous rappelle quelque chose ? Les similitudes avec Trent Reznor sont effectivement grandes. Et s’il faut choisir une époque, c’est celle de Ghost, époque apaisée et mieux digérée où claviers, boites à rythme et guitares bâtissent un ambient grandiose. Même talent également pour une production hyper maitrisée (chose qui devient époustouflante quand on sait que Jérémie Godet a enregistré seul son album, dans sa cave).
La composition de l’album vaut que nous y attardions du fait de l’ambition : 3 instrumentaux entiers (Corrupted, Breathing Snow et Ruins) et 8 morceaux totalement affranchis des structures couplet/refrain mettant en avant sampling, spoken-words et chant. La gestion de la voix est parfaite, la vision on ne peut plus aboutie. Nombre de morceaux se distinguent par leur aspect progressif (citons ici Nous Nous réjouissons Des Longues Nuits) : introduction d’une douceur inouïe, acme de guitares et de chant et rupture brutale sur un clavier courant jusqu’à la fin.
« Musique noire de Vendée » L’atmosphère générale de Blind n’est pas seulement ténébreuse. Certes la noirceur y est bien présente, cependant, comme sur No One Lives Anymore, elle n’est pas dénuée de lumineuses plages contemplatives, autant d’aurores boréales qui ne se laissent pas seulement admirer et qui convoquent de manière irrésistible tous ceux qui voudront bien se laisser entraîner.
Parvenu à ce point, faîtes-vous votre idée en écoutant Blind. J’y vois pour ma part une proclamation sublime, le manifeste d’une musique hors-norme. Un artiste majeur vous parle.
J'aime les chats roux, les pandas roux, Josh Homme et Jessica Chastain. |
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