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Energy Flash: A Journey Through Rave Music and Dance Culture, Simon Reynolds (1998)
Depuis son berceau à Détroit, la musique électronique a grandi à travers le monde autant en tant que culture qu’en tant qu’assemblage de sons et de techniques. De la house jusqu’au hardcore en passant par la jungle, I’Intelligent Dance Music (I.D.M.) ou encore le trip-hop, toutes les déclinaisons historiques et les évènements majeurs de cette culture mondiale ont été assemblés et analysés par Simon Reynolds dans cet épais volume. Le chroniqueur et expert de talent qu’est Simon Reynolds (Retromania, Rip It Up and Start Again) n’est pas non plus là uniquement pour raconter en prenant de la distance. Acteur et participant, son point de vue de passionné se ressent à travers tout l’ouvrage.
Energy Flash ou Génération Ecstasy, les deux titres se valent car la drogue a aussi une part importante à jouer dans le récit de la musique électronique. Sans elle, la musique existerait tout de même, mais le développement de la culture associée aux raves party ne serait pas le même et n’aurait pas pris la direction fédératrice décrite dans ces pages.
L’analyse qu’il fait de l’évolution de la musique électronique dans sa globalité se place sous deux points de vue. Le premier est qu’à son avènement, un genre n’est jamais plus autant dynamique et inventif que quand il est conçu pour faire danser et partager. Une fois que l’on commence à s’éloigner de ce point de vue et que les compositions deviennent plus propices à l’introspection, le moteur de la créativité redémarre ailleurs et le sous-genre anciennement novateur perd de sa superbe pour ne plus plaire qu’à une sorte d’élite. Ainsi, bien que le travail de Reynolds ne soit pas aussi politisé que celui de Roland Barthes, éminent sémiologue toujours aux aguets de la culture dite bourgeoise, on ressent dans son point de vue une critique similaire.
Le second est, selon lui, que l’éclosion et le développement de chaque mouvement au sein de la musique électronique passe par des stades similaires. De son développement en tant que culture alternative faite pour animer les publics, elle touche un public de plus en plus large avant d’être récupérée et extraite de son territoire natal. La récupération du mouvement va alors occasionner un repli sur eux-mêmes des personnes à l’origine de cette même culture et orienter la musique vers des sonorités plus sombres. Ce mouvement va alors plonger le genre ainsi développé dans sa chute et ainsi amener les amateurs à se tourner vers un nouveau son, plus propice à la danse et ainsi faire de nouveau vivre la fête et le partage.
Publié en 1998 et mis à jour en 2008 par l’auteur, Energy flash n’est pas le récit d’une naissance et d’une fin. La porte est laissée ouverte à la fin de l’ouvrage pour une mise à jour en 2018 et continuer à raconter les évolutions de la décennie suivante. Toutefois, en tant qu’analyse de l’émergence et du développement de la culture électronique, Energy flash est un ouvrage essentiel pour quiconque cherche à comprendre les subtilités de la dernière révolution musicale en date. Une lecture dense et enrichissante qui donne envie de danser et d’écouter.
Publié chez Picador en 1998 et réédité en version augmentée en 2008
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale). |
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