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Spektr - The Art to Disappear (2016)

Portrait de Mathieu
Spektr - The Art to Disappear (2016)

L’homme connu sous le nom de Hth ou Haemoth est le chef d’orchestre derrière Spektr et le groupe du même nom que son second pseudonyme. Derrière ces deux projets, le musicien a produit certains des albums de black metal les plus terrifiants jamais sortis de France. Connu pour son black metal a grand concept, le pays qui a vu grandir Deathspell Omega et Blut Aus Nord a aussi nourri Spektr (groupe auparavant signé sur le label de Vindsval, maître à penser de Blut Aus Nord) ne déroge pas à la règle avec une musique qui a autant en commun avec le froid norvégien que les paysages déprimants et inhumains imaginsé par James Cameron dans Terminator 2.

Loin d’être une copie du prestigieux disque précédent, The art to disappear repousse les limites entre le black metal et la techno en embrassant encore plus un aspect répétitif afin de porter l’auditeur vers la transe.

Trois ans après Cypher - un album solide mais oubliable qui pâtit surtout de la comparaison avec son prédecesseur, le chef d’œuvre Near death experience, un album concept sur la vie dans un état comateux - le duo (Hth en tant que multi-instrumentaliste et kl.K en tant que batteur) a enfin enregistré un successeur digne de son nom en terme d’originalité et de créativité. Loin d’être une copie du prestigieux disque précédent, The art to disappear repousse les limites entre le black metal et la techno en embrassant encore plus un aspect répétitif afin de porter l’auditeur vers la transe.

From the terrifying to the fascinating agit ainsi comme une tornade, encerclant l’auditeur à l’aide d’un riff principal pour lui faire perdre tout point de repère. En revanche, That will definitely come débute avec un beat rap similaire à ceux de Godflesh sur Pure. Le rythme syncopé clashe avec la pulsation martiale avant de se transformer en une mélodie brûlante et distordue, attaquée continuellement par une rafale de double grosse caisse.

Malgré son absolue noirceur, The art to disappear brille par sa capacité à surprendre et à tordre les formules traditionnelles. Les apaisantes couches électroniques sont frappées de notes de piano sur The day will definitely come. Partout ailleurs, les lignes de guitare et de basse sont couvertes d’électricité, comme une armure métallique faite autant pour la défense que l’attaque. Des touches de jazz Blue note fantomatiques percent toujours à travers le raz-de marée (sur le titre de conclusion) pour souligner la versatilité de l’expérience humaine que Spektr déforme sans cesse. Il ne serait pas surprenant de voir le duo collaborer avec un artiste électronique obsédé par le black metal comme l’est Mondokpf, mais pour l’heure le cyborg du black metal nous rappelle à quel point il faut déborder d’inventivité pour être qualifié de futuristique.

 

Spektr - The Art to Disappear (2016)
Spektr
The Art to Disappear
Again
Through the Darkness of Future Past
Kill Again
From the Terrifying to the Fascinating
That Day Will Definitely Come
Soror Mystica
Your Flesh is a Relic
The Only One Here
The Art to Disappear
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale).

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