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C H R I S T - Cinder (2017)
C H R I S T , le quatuor montréalais avec des membres au long pedigree ( Ire/Cobra Noir/The black Hand) est de retour avec un nouvel album, 2 ans après l'excellent Tower, et ils reprennent exactement là où ils nous ont laissé. 4 chansons, tout comme l'album précédent. Ca peut sembler court, mais dans le cas de C H R I S T, qui donnent dans le post rock épique et ambiant, 4 chansons c'est énormément de matériel. Considérant que 3 de ces chansons dépassent presque les 10 minutes (la dernière chanson est à elle seule de 19 minutes).
C'est riche en texture grâce au synthétiseur feutré, et les guitares, sombres et abrasives, donnent un élégant mélange du Pink Floyd du début des années 70 (Meddle, Atom Heart Mother, More, Obscured by Clouds), le Earth nouvelle mouture (Hex Or Printing In The Infernal Method ect.) avec un bon dosage de mélodies qui rappellent Ennio Morricone (le son et les lignes des guitares font énormément penser à ce que le compositeur italien a fait pour les spaghettis western de Leone).
L'album s'ouvre avec Wither et commence avec un synth lointain et une voix trafiquée par un ring modulator qui récite des composantes de ce qui semble un feu, pour ensuite laisser place à un long et langoureux feed-back de guitare qui fait monter la tension tels des ongles qui grincent sur un tableau. Une fois la tension bien installée, la batterie arrive avec un rythme robotique et qui sert à donner la mesure avec justesse et retenue. Les parties cycliques des guitares et synthé nous hypnotisent avec leurs répétions tout en prenant plus de poids à chaque passage. Et c'est là une des grandes forces de ce groupe, l'art de jouer peu tout en sonnant énorme. L'économie de notes est ici la marque de musiciens d'expérience qui savent prendre leur place et laisser la musique respirer. Pas de gaspillage semble être le mot d'ordre, et ils n'en mettent pas plus qu'il le faut pour servir leurs morceaux.
La chanson suivante Epoch, sert plutôt d'intermission pour les deux pièces qui suivent, et met la table pour la deuxième partie de l'album.
Horde arrive ensuite, avec ses pulsations rhythmiques à la batterie et une autre mélodie cyclique à la guitare, bien appuyée par les synthétiseurs qui encore une fois soumettent l'auditeur à l'hypnose jusque ce qu'on arrive au seul moment sur l'album où se font entendre des voix sous forme d'un mantra répété à l'unisson qui brise un peu l'hypnose de la partie précédente.
Et finalement la pièce maîtresse de ce disque, Tower, qui comme une tour, perchée du haut de ses 19 minutes, jette une ombre énorme sur le reste du disque. Encore une fois le groupe prend son temps pour bien installer la mélodie, à bâtir couches après couches cette " Tower" et ça paye, après un acte d'ouverture avec une batterie discrète, jouée sur les tambours avec des maillets, et encore des lignes de guitares et claviers qui nous soumettent pour une dernière fois à l'hypnose, on arrive à l'acte numéro deux, partie centrale de cette "Tower" un drone ambiant avec des percussions qui répliquent un cœur battant, auquel se joignent quelques notes de guitares discrètes ça et la, pour ensuite arriver à l'acte final de cette pièce, avec une cascade de distorsion à la guitare et la batterie, qui pour la première fois du disque ouvre la machine et donne la mesure avec conviction et passion.
Un magnifique voyage, que ce deuxième album de C H R I S T. Je l'attendais de pied ferme ayant adoré l'album précédent, et ils n'ont pas déçu du tout.
Définitivement un des gros albums de la cuvée "scène locale montréalaise 2017", et définitivement un groupe d'ici à suivre.
Batteur pour Nous Étions et Argument, bassiste pour Valeri Fabrikant et The Band Of Peace, père de famille, maniaque de musique en tout genre. |
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