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Jean-Christophe Faye, dirigeant de Unit Musics School et professeur de musique

Portrait de baktelraalis
Jean-Christophe Faye, dirigeant de Unit Musics School et professeur de musique

La vie est bizarre, à bien des égards. Enfin, la mienne pour sûr. Le plus souvent pour le pire, mais parfois, aussi pour le meilleur. Il y a seize ans, je réalisais ma toute première entrevue et, aujourd'hui, je me retrouve devant la même personne. Pas de doute : la musique, et particulièrement le Hard, rend immortel. Nous sommes toujours aussi beau, peut-être encore plus, qu'à l'époque. Entretien avec Jean-Christophe Faye : un vrai, un pur, un dur. Un "lifer".

Présente-toi brièvement à nos lecteurs "internautes" : comment t'appelles-tu, d'où viens-tu et que fais-tu dans la vie ?

Jean-Christophe Faye. Né à Clermont-Ferrant. Musicien et prof de batterie dans ma propre école de musique : Unit Musics School.

 

On a tous un album, un mouvement musical, une personne qui a changé notre vision de la musique, quel est ton parcours personnel ?

Après avoir été bassiste à partir de 17 ans dans divers groupes (dont 8nop8), je suis devenu batteur dansCrankset en novembre 2001. Après 2 mois de répètes, on est parti sur la route, alors que je ne savais rien de la batterie... C'est marrant avec le recul! Les groupes qui m'ont donné envie de faire de la musique, sans ordre de préférence car c'est impossible, sont principalement les suivants :

Faith No More, NIN, Botch, Rage Against The Machine, Deftones, Cypress Hill, Sepultura, Archive,Fugazi, etc... Je suis aussi un grand fan de la "Black Music", et de ce qui groove à la base! Certains noms restent incontournables pour moi : Trent Reznor, Mike Patton, Abe Cunningham et Jello Biaffra. Aujourd'hui, je découvre des univers musicaux totalement différents... On verra bien où cela me mènera...

 

Ton implication dans la musique ? Le moment où tu as franchi le pas ? Celui où, si c'est le cas, cette activité est devenu ton métier ?

Mon implication dans la musique vient d'un élan collectif... Un pote voulait monter une association pour organiser des concerts et m'a dit : "ça te botte de venir me donner un coup de main? Ça peut être cool de faire des concerts!". C'était en 1997, on était finalement 4 à créer l'association Rockwave. Et dès ce jour, j'ai traîné mes guêtres autour de concerts rock, hardcore, metal, punk, que nous ou d'autres organisaient... Comme j'avais un groupe à l'époque, je jouais aussi. Puis je me suis débrouillé pour bosser dans l'asso, en montant un emploi-jeune (contrat de l'époque) et j'ai commencé à faire tourner les groupes du collectif. On faisait des échanges de dates entre divers collectifs français (Coriace à Marseille, Antistatic à Toulouse, ou encore Dirty8 à Strasbourg, ...).

A partir de ce moment-là, j'ai compris que je ne voulais pas quitter le monde de la zik, et que je ferais tout ce que je pouvais pour en vivre, sans pour autant me perdre moi-même. En sachant que j'écoutais pas mal de groupes comme Sick Of It All, Fugazi ou Nostromo à l'époque, je me motivais en m'inspirant des textes, comme de l'existence (ailleurs) d'autres personnes qui avaient les mêmes envies...

Le business musical m'ayant vraiment dégoûté, j'ai finalement trouvé le meilleur moyen de ne pas être dégoûté de la musique tout en étant dedans : l'enseignement. Donc, avec un pote avec qui j'avais joué dans deux groupes au moins, on a monté une école de musique privée, avec une pédagogie simple : jouer, c'est apprendre. Donc un format loin de celui des conservatoires français... Le slogan de notre école étant : "Playing is Learning"! L'école existe depuis 2006.


Les principales difficultés que tu as rencontrées ? Celles que tu rencontres encore ?

De vivre décemment de la musique. Il faut se battre tous les jours pour faire vivre son métier, et en vivre décemment (je gagne encore un peu moins que le salaire minimum français).


Ton avis sur l'éthique du DIY ? Ta propre définition ?

Le DIY, c'est une bonne base. Il faut faire ce qu'on a envie de faire dans la vie. Se poser les bonnes questions, et arpenter le chemin, coûte que coûte. Après, je n'aime pas le côté un peu arrogant que certains peuvent diffuser à travers le DIY... Faire les choses, c'est tout. Ensuite, tant que ça existe, finalement, à quoi bon le revendiquer. C'est là, c'est tout.

 

Tes projets ? Comment vois-tu ton activité évoluer ? Tes souhaits ? Tes craintes ?

Notre école est récemment devenue Organisme de Formation. On a envie de se rapprocher de l'insertion sociale et de développer des "chantiers d'insertion" tels que faire organiser un concert par des jeunes un peu déconnectés de la réalité. Le but est de montrer à ces gens qu'il n'est pas si difficile de faire des choses, même si tu te crèves à les faire. Si on peut donner envie ne serait-ce qu'à une personne de vivre là-dedans en partageant notre passion, ce sera déjà bien.

Pour ma part, j'ai divers projets, dont un qui serait de faire jouer un morceau de musique par des sourds, composé par leur soin. Je travaille avec une collègue dessus. On verra quand cela prendra vie. Mes craintes... Le contexte social en France qui s'effrite...

 

Ton album ultime ? Le concert auquel tu penseras toujours ?

L'album ultime... Il y en a au moins 10... Mais je dirais "The Downward Spiral" de NIN. Le concert auquel je penserai toujours : Portishead aux arènes de Nîmes l'an dernier. LA CLAQUE.

 

Ton instant musique de prédilection pour la ressentir au maximum ?

Quand je passe derrière ma batterie.

 

Quel est ton rapport avec un instrument de musique ? Fascination, peur, frustration ?

C'est à la base un rapport un peu comme un art martial. L'engagement, la confrontation à soi. Apprendre qui l'on est à travers l'instrument. Il en va de tous les sentiments. Mais je cultive un rapport un peu comme si Maître Yoda était toujours à côté de moi me disant : "Sens la force !". C'est drôle, mais c'est vrai.

 

Parmi les nombreux styles de musique autour desquels nous gravitons lequel t'es le plus cher et pourquoi ?

C'est une question difficile, car je me sens plus proche de groupes que de styles musicaux. Tant que la musique me fait vibrer, je l'aime. Ces temps-ci, j'écoute peu de musique à grosses guitares... Mais le Hardcore Noise est un style que j'aimerai toujours je pense.

 

Es-tu capable d'écouter des choses totalement différentes ? Si oui des exemples pour tenter de nous faire peur ?

Oui, complètement. Je peux écouter du Deftones, et juste derrière me mettre un album d'Avishaï Cohen. Ou alors passer de Napalm Death à Jedi Mind Tricks...

 

Dans quoi mets-tu le plus d'argent ? Vinyles/CDs/Bandcamp, concerts,merchandising ?

Ces temps-ci ma maison... (rire) Mais sinon, des vinyles. En France, c'est trop cher de voir de bons concerts, donc forcément, tu choisis.


As-tu une "consommation" similaire dans d'autres formes d'art ?

Pas sûr... Je me sers plus d'internet pour découvrir. J'adore le cinéma, mais vu le prix d'un siège pour 1h30 à 2h...


Tes parents écoutaient quoi quand tu étais enfant ?

Jean-Jacques Goldman, Dick Rivers, ...


Le mot de la fin : il est à toi, dis ce que tu veux.

J'aimerais bien voir le monde évoluer un peu. Si on pouvait mettre un Conseil des Jedis en place, histoire que certaines choses se passent autrement, je trouverais ça bien. Au moins, on saurait pourquoi certains fermeraient leur gueule.

Site : Unit Musics School
22, place d'Espagne
63000 Clermont Ferrand
Tél : 04 73 91 40 62

Jean-Christophe Faye, dirigeant de Unit Musics School et professeur de musique
Baktelraalis
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