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Quand j'étais métalleux : des samplers et des hommes

Portrait de Théo
Quand j'étais métalleux : des samplers et des hommes

Tu as beau décliner la particule post devant tout ce que tu écoutes, tu n'en as pas moins commencé comme tout le monde : en écoutant les CDs gratuits que tu trouvais dans les magazines que tu achetais. Si aujourd'hui elles résonnent comme une sorte de Hit Machine metal de vos années lycée, rappelons-nous ensemble l'émotion que nous procurait l'écoute de ces mixs dans notre discman sur le chemin de l'école.

Faire du vide avant un déménagement me prend un temps fou. Notamment à cause des quantités de souvenirs tous plus merdiques les uns que les autres – et donc indispensables – que j'accumule. Comme ces samplers Hard'N'Heavy, témoins de mon adoubement de métalleux dès le début des années 2000. Tiens. Un exemple. Comment jeter, au hasard, le blaster 73 du Hard'N'Heavy 108 ?

Allez, on se l'écoute.

Février 2005, les enfants. À une époque où le metalcore rentre par la porte dérobée en France, c'estSoilwork qui tient le haut du pavé. Stabbing The Drama était ce qui se faisait de mieux à une époque où le metal à la suédoise commençait à s'enticher des breaks et des refrains catchy du Hardcore. Nuclear Blast lorgnait sur le succès de Roadrunner Records, The Haunted sortait rEVOLVEr un an avant et je n'avais encore jamais entendu le mot deathcore. C'était le bon temps.

Mais non. Ce n'était pas tellement le bon temps, en fait.

À bien y réfléchir, ta petite copine gothique (aïe) écoutait Apocalyptica et Tristania (aïe aïe aïe). Soit les deux pistes suivantes - que tu n'as jamais écoutées jusqu'à la fin - de la compilation. Suivies par une chanson de Masterplan. Masterplan, quoi. Du power metal allemand fondé par deux anciens Helloween. Tout en cavalcades guitaristiques sur tapis de double pédale. Le genre de trucs que seuls des geeks de terminale S peuvent écouter pour illustrer leurs parties de Donjons & Dragons. Ouaip. Le power-metal, c'est la chienlit. Ca se reproduit vite, cette saloperie. Et Hard'N'Heavy t'avait habitué à mieux. Mais que veux-tu, il faut bien manger et aujourd'hui encore, des gens portent ouvertement des t-shirts Stratovarius dans la rue. Sad but true.

La séquence relou passée, la galette promo se fait plus intéressante. Cette année-là, Primordial quittaitHammerheart pour le gros label allemand Metal Blade avant de sortir The Gathering Wilderness. La chanson éponyme, présente sur cette compilation, foutait une grande claque dans la gueule de tout le monde. Et que ce soit bien clair : je ne supporte toujours pas ces conneries de folk metal celtique où tout est prétexte à jouer d'un instrument ridicule (flûtiau de merde/viole de gambe de merde/tambour de merde) ou à se déguiser en personnage médiéval ambiance "pécore celtique". Non. Primordial disait son amour pour l'Irlande mieux que quiconque avec sa musique électrique et plombée comme un ciel d'orage au-dessus d'un cairn millénaire. Un must-have les jours de pluie.

Puis c'est la guerre. Time As Ideology faisait découvrir le postcore abrasif et mélodique de Buried Insideà tes oreilles encore si chastes, finalement. Time As Ideology, c'était trois minutes quatorze de mélancolie et de colère pures version screamo. On réalise que Relapse ne sortait décidément pas que de la violence sous forme de grind ou de death metal : déjà en 1996 sortait Through Silver In Blood de Neurosis sur le légendaire label. Time As Ideology est ce genre de chanson que tu écoutais après que ta petite copine gothique t'ait larguée pour un terminale S fan de Sonata Arctica. Aujourd'hui Buried Inside s'est séparé mais tu pourras les remercier d'avoir mis au monde Chronoclast et Spoils Of Failure. Et d'avoir orienté tes goûts en matière de gonzesses.

Relapse Records, justement, a récemment signé les grindeurs de Rotten Sound. Et en 2005 sortait leur excellent album Exit chez Spinefarm. Belle occasion de faire découvrir Western Cancer aux lecteurs deHard'N'Heavy, une tempête (1 min 23 s) de grindcore ultra-violent qui résume assez bien l'univers du groupe. Radical et sans merci.

Puis c'est l'irritant et pompeux Killswitch Engage, qui joue ici son metalcore à l'américaine comme on pointe à l'usine. Insupportable, déjà en 2005. Curieux de noter que si la formation de chez Roadrunner est aujourd'hui considérée comme une institution par les true fans de metalcore (si si, ça existe), leur popularité a mis quelques années à décoller en France. D'où, probablement, la place médiocre - et méritée - accordée sur cette compilation.

On passe sur quelques groupes pas franchement indispensables pour se focaliser sur une piste bien particulière en fin de disque : celle des cinq psychopathes nantais de GTI, soit Grotesque Through Incoherence. Bienvenue dans un monde où l'ultra-violence musicale côtoie les mélodies pour enfants et où les blast-beats copulent avec de l'auto-tune. De la musique parfaite pour illustrer une cuite adolescente : débridée, urgente et sans but aucun. Un genre de Carnival In Coal version grindcore, ouais. Mais le public n'était pas prêt. Après leur deuxième album sorti en 2006, la formation a splitté. Reste l'excellentOne Thousand Blasting Words, sorti en 2006, que tout le monde a malheureusement oublié.

Bon. Le disque est terminé et décidément tout n'était pas mieux avant. Mais quand même.

Theo.

Quand j'étais métalleux : des samplers et des hommes
Affreux vilain metalhead incurable et rédac'chef

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