Vous êtes ici

Roadburn 2011 : Journal de bord jour 02 - Les rues n'ont jamais été aussi propres!

Portrait de William
Roadburn 2011 : Journal de bord jour 02 - Les rues n'ont jamais été aussi propres!

Pour cette deuxième partie de nos péripéties en Hollande, vous aurez droit à notre première journée de festival. Sans surprise, vous aurez compris ma référence à Godflesh dans le titre de cette portion de notre voyage. C'est impossible d'oublier une journée comme celle-ci, puisque c'était probablement la seule fois de l'histoire de la musique où leur chef-d'oeuvre Streetcleaner a été performé en version intégrale!

Cependant, cette première journée est loin d'avoir commencé au moment où Justin Broadrick montait sur scène avec sa guitare huit cordes. La fête commençait beaucoup plus tôt que cela au Roadburn. En réalité, la ville s'activait dès l'heure du midi parce qu'une horde de fans de musique lourde et expérimentale envahissait la ville. Tous arboraient fièrement des t-shirts noirs plus impressionnants les uns que les autres. Étonnement, le groupe le plus populaire parmi les fans duRoadburn était définitivement le groupe canadien Cursed, puisque des dizaines de personnes portaient fièrement le logo du groupe sur leurs poitrines.



En tant que touristes et amateurs de musique, nous n'avons pas chômé les préparatifs pour le premier concert qui débutait à 15:45 dans le magnifique 013 de Tilburg. Je crois que ma partie préférée du festival était l'ambiance pré-concert, lorsque nous avions une bière géante à la main ainsi qu'un hamburger spécial Roadburn sur l'une des nombreuses terrasses de la ville. Une deuxième et troisième bière remplaçaient souvent l'option « dessert », et ensuite nous étions prêts à affronter une sélection de groupe toujours plus folle les unes que les autres.

Voici une légende des endroits où les concerts prenaient part, cela sera bénéfique pour bien comprendre toutes mes sombres histoires et anecdotes :

Salle dans le complexe 013

Bat Cave : La plus petite salle du festival, proposant une capacité d'environ 150-200 places. Elle est bien cachée au deuxième étage de l’immeuble.

Green Room : Salle de grandeur moyenne, située au rez-de-chaussée du 013. Proposant même un petit balcon et environ 300 places.

Main Stage : Lieu où tous les grands noms se donnaient en prestation, elle possède plusieurs grands balcons et elle s'étend sur trois étages. Sa capacité est d'environ 1500 places et propose un jeu de lumière très complet ainsi qu'un écran géant en arrière-plan.

Salle à l'extérieur du 013

Midi Théatre : Située à 5 minutes de marche du 013, cette magnifique salle est la deuxième plus grande. Elle accueille jusqu'à 800-1000 places et propose également un grand balcon.

Mon Roadburn fut officiellement lancé lorsqu’Alcest joua sa première note dans la plus grande salle du festival. J'étais bien curieux de voir cette formation française en direct, mais malheureusement le début de leur prestation semblait un peu fade et Year Of No Light préparait déjà son premier concert dans la Green Room. Le choix ne fut pas très difficile, j'allais enfin pouvoir exprimer mon admiration pour Year Of No Light durant leur concert. Aussitôt le pied dans la salle, je comprenais déjà l'immense claque que nous allions nous prendre en pleine gueule. Les deux batteries étaient prêtes à nous démolir comme des mitrailleuses et les nombreux guitaristes également. Pratiquement tous les morceaux joués provenaient de leur deuxième album Ausserwelt et la lourdeur était véritablement amplifiée par rapport au disque, qui lui-même est déjà bien brutal. Le jeu de lumière fut sans aucun doute le meilleur de tout le festival et cela créait une ambiance phénoménale lorsque les lumières blanches scintillaient de tous les côtés. L'heure passée avec le groupe de France fut la meilleure façon possible de débuter ce Roadburn et croyez moi que Pelecanus fera tout pour que vous puissiez voir Year Of No Light en territoire montréalais dans les prochaines années! 

 Malheureusement, chaque bonne nouvelle en apporte une mauvaise. La performance de YONL était tellement bonne que ma petite voix intérieure avait oublié de me dire que Zoroaster commençait sa prestation dans la Bat Cave directement à la suite… Évidemment à mon arrivée la salle était déjà bondée et il était impossible de voir quoi que ce soit de ce groupe que j'affectionne beaucoup. Je pourrai sans doute les revoir sous peu à Montréal, ceci est ma mince consolation. C'est donc avec une dose d'amertume que je décidais de me placer devant Acid King qui performait sur le Main Stage. La musique était bien sympathique, ainsi que les vidéos psychédéliques affichant fièrement des motards sur leurs bécanes sillonnant des paysages paradisiaques.  Nous sommes donc restés dans la grande salle à la suite d'Acid King pour bien nous placer pourWovenhand. C'était l'un des concerts que j'attendais le plus parce que j'adore ce que produit David Eugene Edwards et je n'avais malheureusement pas pu assister à leur prestation au Il Motore l'an dernier àMontréal. Heureusement pour lui, la salle duRoadburn était archi-bondée pour un groupe qui propose à première vue une musique beaucoup plus tranquille que la majorité des groupes présents sur le festival. Le son semblait parfait et c'est alors que David Eugene fit son entrée sur scène avec une plume dans les cheveux et une attitude inspirée par le peuple autochtone. La fureur dans ses yeux me donnait des frissons, il terrorisait la foule avec son regard et la défiait avec des "Hey! Ha!" qui laissaient à chaque fois des silences dans l'assistance. Pour être franc, je crois que personne dans cette salle ne s'attendait à avoir pratiquement peur d'un groupe de Folk. La peur et l'inconfort étaient les deux sentiments que nous ressentions tous devant ce musicien aussi passionné que fou. Musicalement, je ne crois pas avoir été aussi impressionné de toute ma vie et le voyage au Roadburn valait son pesant d'or uniquement pour ce moment unique. Wovenhand ne se reproduira jamais dans une aussi bonne salle et dans un contexte aussi parfait. Quoique je lui souhaite de tout mon coeur, alors si vous ne le connaissez pas je vous ordonne de le découvrir dès maintenant!   Autant d'émotions en une heure me firent longuement réfléchir sur ce que j'avais envie de voir à la suite de ce moment magique. Le choix était malsain, Pentagram, Today Is The Day ou Cough… probablement un des meilleurs dilemmes de ma vie. Étonnement je désirais me perdre dans une dose de Doomextrêmement lourde que nos confrères américains de Cough nous proposaient. C'était mon premier concert à la Bat Cave et sans doute le meilleur que j'ai pu voir dans cette salle. L'ambiance était parfaite, sombre, exténuante et alcoolisée. La lourdeur était bien au rendez-vous, nous avions devant nous un groupe très intelligent qui proposait de longues compositions lancinantes et dommageables pour le cerveau. Le chant crié du bassiste se mélangeait à merveille avec le chant clair du guitariste, dans les deux cas c'était véritablement planant. Je n'ai rien de grandiose à vous raconter sur cette prestation, ce fut un concours de hochage de tête et une pesanteur démoniaque et paradisiaque à la fois. Bref, un doom qui est aussi satanique que divin!   Le moment était venu de voir notre première tête d'affiche, les plus ou moins défunts Godflesh. Personne ne sait vraiment ce qu’il advient de ce groupe et de leur réunion pour quelques concerts. Cependant, lorsqu'ils sont devant vous, il faut se contenter de profiter du moment et de savourer chaque minute qui passe. Ce ne sont certainement pas les plus énergiques ou les meilleurs musiciens, mais Godflesh restera toujoursGodflesh et croyez-moi le résultat pue la négativité à plein nez encore aujourd'hui. Les premières notes de Like Rats et son fameux "You BREED, Like Rats", c'est une sensation à vivre une fois dans une vie. Le son était extrêmement lourd et le Drum Machine utilisé par le groupe terriblement puissant. L'énergie de Justin Broadrick était agréable à contempler, par contre ce n'était pas vraiment le cas pour le bassiste qui semblait déjà s'imaginer dans son sofa en train d'écouter un bon match de sport. C'est la raison pour laquelle je me suis positionné directement en dessous de Justin en première rangée. Je pouvais sentir la folie du personnage et je crois que jouer cet album représentait un bon lot de mauvais souvenirs pour lui. Je crois malheureusement que la longueur et l'aspect répétitif de cet album a eu raison de ma motivation et aussi de la plupart des amateurs dans la pièce. Beaucoup moins de gens y étaient présents à la fin qu'au départ. Je suis quand même resté durant la prestation entière et j'ai reçu la setlist officielle du concert directement de la main de JustinBroadrick. Je n'oublierai jamais le sourire qu'il a fait quand il m'a vu escalader les gens près de moi pour obtenir la setlist. Disons que malgré un manque d'énergie et de visuel, Godflesh reste à voir une fois dans sa vie. Je vous le souhaite! Déjà la première journée tirait à sa fin et j'ai opté pour faire le va-et-vient entre les derniers groupes qui jouaient durant ce jour 1. Une bonne petite dose de Count Raven et de Soilent Green débuta la fin de soirée et j'ai terminé le tout avec une superbe prestation de Carlton Melton dans la Bat Cave. Ce fut du stoner à l'état pur, les musiciens de ce groupe sont totalement disjonctés et ils méritaient amplement leur place au Roadburn. Nous avons même eu droit à des apparitions surprises de la part du bassiste d'Acid King et d'un guitariste anonyme dans la foule. Tous ces musiciens nous firent un jam complètement improvisé qui conclu cette première journée en beauté. Notre virginité du Roadburn était alors derrière nous et nous pouvions aller de l'avant pour le reste du festival. 

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

Ajouter un commentaire