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Roadburn 2011 : Journal de bord jour 03 - La journée la plus lourde de l'histoire de la musique?

Portrait de William
Roadburn 2011 : Journal de bord jour 03 - La journée la plus lourde de l'histoire de la musique?

J'espère que je vous ai bien donné envie de continuer à lire nos folles aventures grâce aux deux premiers articles. Cela me fait un grand plaisir de vous raconter tout ça et d'essayer de vous donner envie d'y prendre part l'an prochain.

Passons aux choses sérieuses, le fameux jour 2 de ce Roadburn 2011. C'était la seule journée qui utilisait le principe de "Curator" durant le festival. Le concept est bien simple, Sunn O))) avait été choisi par les organisateurs comme tête d'affiche et ils devaient eux-mêmes concevoir la programmation de leur journée. C'est donc sans surprise que la grande majorité des artistes choisis provenait de leur maison de disques Southern Lord Records. La diversité de cette journée avait de quoi en faire baver plus d'un, mais au final je crois que ce fut la journée la moins palpitante au niveau des concerts.



Je n'ai rien contre la plupart des groupes, mais soyez d'accord que trop de musique expérimentale peut causer de sérieux dommages à un cerveau en une journée. La preuve a été faite avec Keiji Haino qui lançait le bal en même temps de Year Of No Light qui reproduisait la bande originale du film Vampyr. Mon léger retard fit en sorte que la salle était complète pour la prestation de YONL, alors j'ai dû me rendre au Main stage pour vivre l'expérience japonaise du fameux Keiji Haino. Cette dose d'expérimental fut absolument intolérable à cette heure de la journée, la salle se vidait rapidement et avec raison. Même Aaron Turner d'Isis fut incapable de terminer de regarder la prestation, quoique dans son cas c'est peut-être à cause de la prestation de Mamiffer qui avait lieu 30 minutes plus tard dans la Bat Cave.

Le groupe d'Aaron Turner et sa copine ne m'intéressait pas trop puisque nous pourrons les revoir au courant de l'été à la Casa Del Popolo pour le festival Suoni Der Il Popolo accompagné deThisquietarmy, Locrian et House Of Low Culture. De toute manière, Earth foulait les planches à la même heure que ce groupe. Le choix ne fut pas difficile puisque nous ne pourrons jamais voir Dylan Carlson au Canada à cause de son passé très obscur. À notre grande surprise, la camionnette de Earth s'était brisée en chemin et nous avions Circle avec Pharaoh Overlörd pour les remplacer. Earth allait finalement jouer à 20:30, juste avant Sunn O))), comme quoi le hasard fait souvent bien les choses!

Je n'avais rien contre les deux groupes qui avaient la tâche de remplacer Earth, sauf que les six guitaristes présents sur scène en même temps me donnaient un peu la nausée. Trop c'est comme pas assez… c'est ce que l'on dit au Québec. Alors, je me suis rabattu avec une grande joie sur Trap Them qui performait dans la Green Room. Le fameux groupe de hardcore est désormais signé chez Southern Lordet il avait la mission de défendre ses nouvelles compositions dans un festival qui généralement ne présente pas de groupe comme celui-ci. Personnellement, cela faisait bien mon affaire de voir une bonne dose d'énergie et de brutalité. D'ailleurs, ce fut le seul concert où un réel moshpit s'activa, comme quoi l'on peut voir de tout malgré le fait que ce soit l'un des festivals les plus tranquilles à travers le monde. Une heure était allouée à Trap Them, mais le groupe a eu l'intelligence de ne pas jouer plus de 30-40 minutes pour ne pas épuiser les gens. Il ne faut pas se faire de cachoteries, un concert de ce style devient vite redondant. Cependant, celui-là fut mené d’une main de maître par un groupe en pleine possession de ses moyens et qui vient de sortir un album fantastique. La journée venait véritablement de commencer et en tant que fan d’hardcore, j'étais satisfait d'avoir vu Trap Them et j'avais plus que hâte de voir The Secreten fin de soirée pour conclure cette journée extrêmement pesante. J'affectionne particulièrement ce groupe italien et je sais que je ne les verrai sans doute jamais en Amérique.

D'ici là, j'avais tout de même de quoi me divertir. Les légendaires Winter lançaient les hostilités sur le Main Stage, mais je ne connaissais strictement pas leur œuvre. Alors, je dois avouer que je n'étais pas très amusé par ce qui se passait devant moi. Je pris mes jambes à mon cou et j'allais pour la première fois en direction du MIDI theater pour capter un segment deSabbath Assembly et ensuite j'allais m'installer pour voir Earth prendre place dans cette salle. Croyez-moi, lorsque j'ai vu Dylan Carlson arriver sur la scène j'avais un peu du mal à le croire. Il fait partie de ses musiciens qui ont une présence et une aura impressionnante. Il est étrangement bien peigné, il affiche un magnifique sourire et il est très petit, malgré tout il est impressionnant à voir devant soi. Dès les premières notes, on comprend qu'il adore énormément ce qu'il fait et qu'il prend plaisir à nous le faire vivre. Lorsqu'il joue de sa guitare, il ferme les yeux et se laisse totalement transporter par sa musique et ses musiciennes. Bien oui, si vous n'aviez pas remarqué il est entouré de trois femmes pour recréer sa sublime musique minimaliste. Bien entendu, la présence d'une nouvelle violoncelliste fait en sorte que toutes les anciennes compositions doivent être réaménagées, mais le résultat était magnifique à chaque fois. Nous avons même eu droit à un vieux morceau de Pentastar et d'une magnifique Ouroboros Is Broken. Autre part, la majorité des morceaux provenait des deux derniers albums et nous avons aussi eu droit à une composition qui est à paraitre sur le volume deux de Angels Of Darkness, Demons Of Light. À mon avis, ce fut le moment le moins intéressant de la prestation, j'ai presque frôlé l'ennui sur ce morceau, mais je suis resté poli devant cette légende de la musique. En résumé, Earth propose une belle expérience musicale qui vous rend confortable, mais qui n'est pas très divertissante. Il faut le vivre les yeux fermés avec quelques verres dans le nez pour bien profiter du son et la profondeur de sa musique.

Je peux dire que je suis un homme comblé d'avoir vu Earth une fois dans ma vie. Cependant, je fais partie des gens les plus chanceux au monde puisque directement après Earth nous avions droit à une autre légende du drone, Sunn O))). C'est dans le Main Stage que la prestation que j'attendais le plus du festival allait avoir lieu. Le concert débuta avec le traditionnel mur de fumée qui jaillissait de la scène et les premières cordes furent percutées peu de temps après. Je vous assure qu'il a bien fallu attendre pratiquement 30 minutes avant de voir apparaitre une silhouette de l'un des musiciens sur scène. Greg Anderson et Stephen O'Malley étaient de chaque côté de la scène et le claviériste se trouvait au centre. Le mystérieux Keiji Haino vint ensuite rejoindre ses acolytes de Sunn O))) sur scène pour se livrer à une expérimentation vocale qui dura presque tout le concert. La lourdeur était indéniable, mais il manquait quelque chose et vous aurez deviné! Le fameux Attila qui vint rejoindre Keiji au chant après presque une heure de destruction massive. À ce moment, je me suis laissé tombé sur le sol et j'ai profité du reste de la prestation avec les yeux complètement fermés et le cerveau à "off". Ce fut un excellent moment et je crois que Sunn O))) avait la situation idéale pour offrir l'une de leurs meilleures performances à vie. Ils n'ont véritablement pas déçu, même si la salle s'était vidée quelque peu. Ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir endurer deux heures de drone extrêmement puissant. Je crois que c'est bien normal d'ailleurs de ne pas avoir cette faculté, et l'important c'est que les musiciens se soient bien amusés pour ce qui semble être leur dernier concert avant un très long moment. Ils ne se sont pas cachés pour bien picoler pendant le concert en terminant plusieurs bouteilles de vin et j'ai également remarqué les immenses accolades à la fin de leur performance qui en disaient long face à leur avenir incertain.

Sunn O))) semblait avoir achevé tout le monde dans le complexe du 013. Le moral était au plus bas sur les visages des festivaliers et c'est avec Scorn que le festival avait cru bon réveiller la foule. Cette idée était parfaite, puisque Scorn propose de la pure musique avec son dupstep / industriel bien carré. Même si la salle était loin d'être pleine, les gens présents étaient bien à fond dans le trip électronique puissant. Ce fut l'un des meilleurs moments de la journée, mais je ne me suis pas permis de rester durant toute la prestation parce que The Secret s'apprêtait à démolir la Bat Cave. Le soundcheck me prouvait déjà que j'avais fait le bon choix, je savais que cette dose de lourdeur dans une aussi petite salle allait être fatale. J'étais loin de me tromper, la salle était pleine à craquer et les quatre musiciens se sont littéralement donnés pour satisfaire les difficiles amateurs présents au Roadburn. Leur hardcore à saveur doom avait de quoi impressionner. Le chanteur se donnait des coups de microphones sur la tête avant chaque début de morceau et il avait une cadence vocale à couper le souffle. Des classiques comme War Desireou Double Slaughter ont eu l'effet d'une bombe nucléaire dans ma tête déjà trop amochée. Je n'en ai pas vraiment plus à dire sur eux, c'était tout ce que je voulais entendre pour finir cette journée et pour me donner l'énergie d'assister à la dernière du festival le lendemain. Si vous ne connaissez pas The Secretalors allez télécharger leur album Solve Et Coagula, c'est un ordre.

Pour la suite de ce carnage auditif, il faut lire la suite demain. Vous aurez droit à nos critiques de Weedeater, Swans, Shrinebuilder et beaucoup plus!

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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