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Godflesh + Prurient + Pelvic Floor 18/09/2015 @ Le National, Montréal

Portrait de William
Godflesh + Prurient + Pelvic Floor 18/09/2015 @ Le National, Montréal

Une ambiance particulière régnait au centre-ville de la métropole, le festival Pop Montréal avait concocté une soirée parfaitement saturée. Cannibal Ox prenait d’assaut le Club Soda, pendant que Tim Hecker dévastait le Centre Phi, sans oublier Motörhead qui comblait ses nombreux admirateurs avec un concert entier à l’Olympia. C’est à quelques coins de rues de là que j’avais décidé d’investir mon temps et mon argent, puisque Godflesh nous rendait visite pour la première fois de leur longue carrière.

Pelvic Floor

Difficile d’imaginer un projet local plus approprié que Pelvic Floor pour ouvrir une telle soirée. La sonorité industrielle froide et violente du collectif montréalais frappait là où ça fait mal. Deux percussionnistes créaient des rythmes virulents pendant que trois autres musiciens s’occupaient de la trame de fond électronique prédominante. Le chanteur faisait déferler ses paroles avec hargne et vigueur, rappelant son autre projet de style power violence intitulé Vile Intent. Par moment, une percussionniste permutait avec le chanteur pour prendre les commandes des cris retentissants, les meilleurs segments de la prestation étaient définitivement lorsqu’elle s’exécutait à ce poste. Une parfaite sélection pour réchauffer l’assistance, le brouillard sonore des trois bruiteurs affichait des similarités avec l’art de Prurient et la lourdeur se rapprochait de celle que propose habituellement Godflesh.

 

Prurient

Pour plusieurs, la venue du musicien Dominick Fernow avec son principal projet Prurient était tout aussi impressionnante que la présence de Godflesh elle-même. J’avais terriblement hâte de voir à l’oeuvre l’un des plus influents musiciens de la scène noise américaine. Avec plus de quinze années d’expérience scénique, j’avais beaucoup d’attente face à cette performance. La vaste scène du National semblait vide, une seule table au beau milieu avec quelques appareils et un ordinateur portatif. Était-ce véritablement tout ce que Fernow avait concocté pour nous impressionner ? Le contraste était fort en comparaison avec Pelvic Floor, qui tirait avantage de la présence des six musiciens pour remplir l’espace.

Dans sa bulle, le musicien commence sans artifice sa prestation avec une trame sonore électro-ambiante. L’éclairage était omniprésent, la puissance sonore n’était pas percutante. Après plusieurs minutes, je me demandais sincèrement pourquoi je n’étais pas devant Tim Hecker au lieu de me faire servir quelque chose d’aussi générique. C’est lorsqu’il quitta tranquillement sa table en direction de l’amplificateur de Justin Broadrick que Prurient me fit changer d'avis. Il appuya sur le bouton magique et soudainement une dévastation sonore émanait de la tour d’amplis Marshall. Micro à la main, il décida ensuite de nous détruire avec un chant horriblement violent. Sa gestuelle agressive et frénétique n’avait rien de bien rassurant, il semblait combattre ses démons intérieurs au beau milieu de la scène. Nous faisions face à des émotions pures, ce n’était plus de la musique, mais bel et bien une lutte sonore que nous allions irrévocablement perdre. Jamais je n’aurais cru un tel revirement de situation, il s’agissait de l’une des performances les plus intenses que j’ai pu voir dans le style, de la pure démolition.

 

Godflesh

La formation britannique n’est certainement pas la plus énergétique ou charismatique sur scène, mais ce n’est toutefois pas une raison pour rater leur première venue à Montréal. C’est sous forme de traditionnel duo que Godflesh se présentait à nous, proposant notamment des morceaux de son plus récent album A World Lit Only By Fire. Une parution qui se veut très fidèle aux sonorités du début de carrière du groupe. Près de treize ans après avoir lancé l’album Hymns, il s’agit d’un véritable retour en force de la part des deux musiciens. Encore une fois, la scène était épurée, quelques amplis de chaque côté, une projection typiquement Godflesh en arrière-scène et un ordinateur pour la gestion des percussions.

Le premier titre demandait un certain ajustement chez le spectateur, qui venait d’en prendre plein la gueule avec Prurient. La guitare et les percussions électroniques ne semblaient pas résonner à la puissance désirée par Justin Broadrick. Ce n’est qu’après le deuxième morceau qu’une intervention s’avéra nécessaire. Une pédale semblait être la cause des problèmes techniques de la guitare, l’attente était longue, mais heureusement justifiée. Aussitôt rebranchée, la sonorité de la guitare était décuplé et la foule semblait ravie. C’est avec l’excellente Shut Me Down que l’interruption se terminait, le riff principal était bouleversant, l’une des compositions les plus efficaces de la carrière du groupe.

Ce n’est qu’au septième titre que nous avons enfin eu droit à un classique issu de Streetcleaner, l’excellent Christbait Rising a su métamorphoser le parterre du National en séance de saccage de nuque. À partir de cet instant, l’enchainement de quelques-unes des plus populaires compositions du groupe donna le coup de grâce à l’assistance qui semblait déjà comblée. L’expérience n’aurait évidemment pas été complète sans un rappel majestueux avec l’éternel classique Like Rats. Ce fut un concert froid, glauque, sombre, mais terriblement puissant, à l’image de Godflesh. Nous sommes tous sorties de la salle avec « You breeeeed, like raaaaats! » en tête, Mr. Broadrick peut donc dire mission accomplie.

  • New Dark Ages
  • Deadend
  • Shut Me Down
  • Life Giver Life Taker
  • Carrion
  • Towers Of Emptiness
  • Christbait Rising
  • Streetcleaner
  • Spite
  • Crush My Soul
  • ---
  • Like Rats
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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