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Caspian + Jean Jean 12/02/2014 @ Le Petit Bain, Paris

Portrait de Sandra
Caspian + Jean Jean 12/02/2014 @ Le Petit Bain, Paris

Les amoureux de post-rock avaient de bonnes raisons de venir trainer leurs oreilles au Petit Bain ce soir là. Pour les amateurs ou les curieux du genre, un concert de Caspian ça ne se rate pas et d’après les fidèles, ça promet une belle claque…

Jean Jean

Si Jean Jean a l’énergie et la folie des jeunes premiers, les membres savent aussi nettement ce qu’ils font.

En première partie, c’est Jean Jean qui s’est chargé de chauffer le public. Avec son joyeux mélange math rock teinté de pop, le trio fait pas mal parler de lui depuis quelques mois. Après un premier EP et déjà une centaine de dates en Europe à son compteur, le premier album du groupe, Symmetry, est paru en septembre dernier.

Déjà croisé à Lyon à l’époque, j’étais curieuse de revoir le groupe à l’œuvre, car si Jean Jean a l’énergie et la folie des jeunes premiers, les membres savent aussi nettement ce qu’ils font. On sent le plaisir que prennent les trois copains à faire headbanger et à surprendre le public (sauf peut-être leur bande de potes). Malgré les quelques soucis d’accordage qui ont ponctué la prestation, le set spontané aura confirmé que le groupe mérite qu’on continue de garder un œil sur lui.

 

Caspian

Sobriété et subtilité sont les maîtres mots.

Déjà cultes pour les uns, encore relégués au rang de « groupe de première partie » pour les autres (Defeater, Him, etc.), ce qui est sûr c’est que leur dernier album en date Weaking Season les a clairement placés dans la catégorie des groupes qui comptent. Car oui, Caspian est parvenu à se démarquer et à évoluer au sein d’un genre qui peine à se renouveler. Si l’on peut encore en douter sur album, leur aisance scénique vient confirmer que ces cinq Américains ont quelque chose en plus.

Cinquième passage du groupe à Paris, cette soirée est aussi la dernière d’une tournée européennes de 28 dates (dont un seul jour « off », ça en dit long sur leur énergie !c).

Le frontman du groupe Philip Jamieson ne manque d’ailleurs pas de le rappeler et d’ajouter que pour l’occasion, ils comptent bien tout donner ce soir-là !

Dès le départ, on sent qu’on n’a pas affaire à des débutants. L’ambiance lumineuse glaciale et le sample introductif donnent le ton, sobriété et subtilité sont les maîtres mots. Quelques riffs plus tard, on sent l’atmosphère s’emplir d’une force invisible, qui s’élève, gagne en épaisseur. L’intensité est déjà au sommet. Et tout au long du set, on a beau connaître d’avance la recette, on se laisse quand même porter.

On commence avec la manière douce, par quelques notes de guitares ou un sample ambient, puis les autres instruments prennent leur place au fur et à mesure. Le tempo s’accélère, on pourrait presque croire que la montée est imminente mais il n’en est rien. Car juste après il y a ces moments de calme qui annoncent la tempête.

Ces instants d’anticipation et d’excitation qui laissent le public sans voix (même les adolescents hystériques !), où le son se fait plus doux, l’atmosphère plus paisible. Le rythme est lent, presque pesant, la tension bien palpable…

Et c’est au plus profond de cette quiétude que Caspian va puiser sa puissance fulgurante. Soutenues par une épaisse ligne de basse et une rythmique crescendo qui accompagnent l’envolée, les 3 guitares amorcent alors un riff commun avant de se dissocier progressivement en une superposition de nappes mélodiques. Les 5 musiciens ne sont plus qu’une seule et même force, ils peuvent enfin nous offrir l’explosion sonore attendue.

La formule est classique mais plutôt efficace. Tout bon groupe de post-rock la suit à sa manière. Si on peut rester hermétique à ces montées/descentes dégoulinantes de mélodies, on ne peut malgré tout pas nier que Caspian excelle dans cet assemblage minutieux de strates instrumentales. Car là où le groupe sort du lot, c’est dans la variété d’intensités et de textures sonores qu’il assemble (samples vocaux et electro, sons de piano, guitares tour à tour claires puis saturées) pour ensuite déployer une très large gamme d’émotions en live.

Au fil du concert, on sent nettement la cohérence et la structure très travaillée des morceaux. De « Gone In Bloom And Bough » à « Malacoda », l’alliance entre la pureté des mélodies aériennes et la lourdeur des murs de guitares massifs est maîtrisée. Ici une rage fougueuse et ascendante se fait sentir, plus loin elle laisse place à une accalmie mélancolique… Bref, tous les contrastes caractéristiques du genre sont là.

Le tout accompagné du jeu de scène habité des 5 musiciens, marqué par la vague perpétuelle de leur corps voûté au rythme de la musique.

Ce qui frappe aussi, c’est le professionnalisme du groupe qui transpire d’un bout à l’autre du concert. De la qualité remarquable du son à la construction d’un set varié qui fait la part belle à chacun des albums et EP du groupe, jusque dans les transitions entre les morceaux et les quelques mots chaleureux en français, tout est là. Le bon vieux perfectionnisme à l’américaine. Ça peut agacer mais le résultat est là : les mecs sont venus pour faire leur job, et ils l’ont fait jusqu’au bout !

De mémoire des fans présents, jamais il n’y aura eu autant de morceaux du groupe interprétés sur une même scène. Une densité qui aura alimenté un set d’1h20 conclu par ce final retentissant devenu coutume sur « Sycamore », où tous les musiciens quittent un à un leur instrument pour aller frapper de toute leur force les toms rassemblés autour du batteur. Grande classe !

Crédits photos : Rémy Ogez

Je voulais travailler dans la culture mais ça marchait pas, alors pour tromper l'ennui j'allais voir des concerts puis j’écrivais des trucs. J'ai fini par trouver du boulot, mais j'ai continué à écrire.

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