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Terra Tenebrosa + The Old Wind + Kongh + Coilguns 19/04/2014 @ La Maroquinerie, Paris

Portrait de DMDFC
Terra Tenebrosa + The Old Wind + Kongh + Coilguns 19/04/2014 @ La Maroquinerie, Paris

Ce samedi avait commencé de la même manière qu’il y a environ 52 semaines plus tôt, à savoir avec le disquaire day, ce magnifique moment où l’on fait croire à tout le monde que la consommation de musique va bien, que le marché est sur une bonne voie, tout en proposant des albums en vinyles réédités pour des sommes relativement modiques (rires) ou des inédits pressés dans l’urgence afin de proposer des objets rares et raisonnables comme ce superbe live de Mastodon pour seulement 50 de nos euros.

Concert en fin de journée donc, ingénieusement pensé pour se dérouler à la Maroquinerie, une des toutes meilleures salles parisiennes, faut-il le rappeler, qui place sur une même affiche Terra Tenebrosa et The Old Wind, soit deux formations issues des cendres encore fumantes de Breach.

Etait-il encore utile de présenter Breach, ce groupe incroyablement novateur, visionnaire, apte à redessiner le hardcore dans ses plus grandes tendances sans jamais faire de compromis et qui s’est illustré glorieusement jusqu’à son dernier souffle en 2007 pour un ultime concert où quelques chanceux voyageurs du monde entier étaient venus voir la messe finale ?

Absolument prenante, cette formation nommée Coilguns qui se positionne en seconde partie (j’ai raté Kongh) et qui exécute un hardcore global capable d’aller piocher dans des plans aussi bien proches du chaos core des grandes heures que d’un metal punk de routier assuré par un batteur audacieux, un guitariste au pedalboard totalement ahurissant et un chanteur/guitariste très At The Drive In-ien – mention spéciale à notre confrère Fred du groupe Aside From A Day qui est venu chantonner sur la fin du set.

Navrant, ceci dit, de voir que comme pour Old Man Gloom quelques jours plus tôt, la Maro n’est pas remplie, que seulement les deux-tiers de la salle, au mieux, sont occupés alors que l’affiche est tellement dense.

Mais la messe commence enfin avec la première phase, The Old Wind groupe né des envies de Tomas, chanteur de Breach, de remonter sur scène après avoir porté ses propres compos sur un album défendu l’an dernier dans ses pages. Il s’entoure donc de plusieurs collègues pour incarner ce disque, pour lui donner toute la vie nécessaire, mettre en scène cette lente progression, cette lente recherche et exploration du son et du thème; car The Old Wind joue une musique simple et qui pourrait s’apparenter à du cannibalisme de par sa répétitivité mais elle s’avère de fait un exutoire pour son architecte, un catalyseur sonore de luxe, un exercice de style où l’effet cathartique explose à chaque seconde, chaque note, chaque plan, comme une quête sonore menée par cette voix qui nous avait manqué, terriblement charismatique, passionnante, puissante.

Vaut mieux être prêt à encaisser le train The Old Wind, car pendant le set, c’est un long et lent coup de latte asséné avec assurance et mené par 3 guitares épaisses inondant totalement la Maroquinerie de ses ondes sombres.

Mieux encore, en terme d’ambiance, la suite : Terra Tenebrosa, anonymement conduit par d’autres anciens Breach (peut-être les mêmes ?) reprend aussi les grandes lignes de son propres héritage mais les pervertit en se dégageant de l’ambiance hardcore lourd pour aller se plonger dans les subtilités du metal nordique, noir et repoussant.

Être masqué semble être le choix du groupe quant à sa prestation scénique et pour préserver son anonymat.

Positif, Terra tenebrosa ne l’est pas, ils penchent vers cette maladie poisseuse, noire, qui gangrène les riffs de son aura pesante et qui s’illustre dans cette voix, trafiquée à l’extrême, impossible à discerner, mutante et mutée.

Dans son déploiement sonore, le quintet augmente progressivement le volume jusqu’à arriver à un point culminant redoutable, où le son déchire chaque centimètre de la Maroquinerie pour agresser les oreilles, emmené par une basse qui semble capable par sa seule puissance de couper du séquoia en bûchettes.

Ses musiciens, tous cagoulés ou masqués comme des touaregs (où des nazis dans une série B) arrivent à plonger dans une transe, une énergie contrastant avec la scénographie originale : du non-mouvement des premières notes (le chanteur reste planté tant qu’il ne chante pas) vient progressivement une hargne musicale qui s’illustre par un élan des cinq, en accord, presque surprenant vu le propos.

Propos sombres, repoussants, vils, Terra Tenebrosa est austère et agressif, son spectacle est effrayant.

NDLR : un effet de style se cache dans ce report. "What has been seen cannot be unseen"...

Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH

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