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Grails + Lilacs & Champagne + Wrekmeister Harmonies 17/09/2013 @ Il Motore, Montréal

Portrait de William
Grails + Lilacs & Champagne + Wrekmeister Harmonies 17/09/2013 @ Il Motore, Montréal

C'est étrangement deux ans après la sortie de son plus récent album, Deep Politics, que Grails participe enfin à une tournée visant à le promouvoir. Chacune de leur visite se déguste jusqu'au dernier instant, les chanceux qui auront eu l’opportunité de les voir à Montréal dans le passé ne voulaient certainement pas rater ce retour pratiquement inespéré. Les circonstances actuelles semblaient toutefois moins magiques, le Il Motore allait vraisemblablement être trop vaste pour la popularité de Grails et ce n'est jamais plaisant de sortir un lundi soir. Malgré tout, voyons ce que cette soirée nous réservait.

Wrekmeister Harmonies

Fidèles à leurs habitudes, les membres de Grails se sont entourés d'un musicien solo pour ouvrir le spectacle. Le talentueux musicien originaire de Chicago, JR Robinson, était installé au beau milieu de la scène avec sa chaise, sa guitare, ses ordinateurs, sa barbe et son chapeau de cowboy. Cet artiste sonore et visuel est réputé pour ses créations sombres et immersives. Wrekmeister Harmonies est son pseudonyme musical, un majestueux album intitulé You've Always Meant So Much To Me vient d’ailleurs de voir le jour sur le label Thrill Jockey. Des collaborateurs de renom se sont greffés à l'enregistrement de cette oeuvre, notamment Jef Whitehead (Leviathan), Bruce Lamont (Yakuza) et Sandford Parker (Minsk). Son rôle pour la tournée de Grails est toutefois plus personnel et introspectif puisqu'il se retrouve seul sur scène avec sa guitare.

Sa prestance sur scène se compare à celle de David Eugene Edwards (Wovenhand).

Au premier contact, JR Robinson nous plonge dans un folk instrumental lent et brumeux, la foule assise par terre contemplait ses habiles mélodies. Une trame de fond ambiante ajoutait une profondeur non négligeable à la prestation, mais le moment le plus surprenant fut lorsqu'il nous fit découvrir son admirable voix. La noirceur de la salle agencée à l'ombre de son chapeau nous empêchait d'apercevoir ses yeux, nous faisions face à un être énigmatique et ténébreux. Les compositions migrèrent rapidement vers un drone expérimental épouvantablement émotif et puissant. Les moments de folie et de tristesse se ressentaient dans les quatre coins de la salle, il alla même jusqu'à pleurer sur un titre en particulier. Nous étions tous figés, éblouis et captivés par l'intensité impressionnante de ce musicien. Sa prestance sur scène se compare à celle de David Eugene Edwards (Wovenhand), avec davantage d’affinités avec Satan que Dieu par conséquent. Faites-vous votre propre image, mais ne perdez pas une seconde de plus, ce projet est fascinant.

 

Lilacs & Champagne

Nous avions déjà droit à la présence du batteur de Grails, Emil Amos, pour la performance de Lilacs & Champagne. Ce projet secondaire du musicien était parfait pour une tournée comme celle-ci, mais à notre grand désarroi, nous n'avons pas eu une véritable prestation puisque le groupe s'était fait cambrioler quelques jours auparavant à Boston. Pratiquement tous les musiciens de Grails sauf le bassiste et le guitariste principal formaient Lilacs & Champagne, nous avions l'impression de faire face à une répétition du groupe principal et non à une réelle prestation de son projet secondaire. Le résultat tenait très bien la route malgré tout, les divertissantes projections d’extraits cinématographiques à l'arrière de la scène captaient l'attention du public. Par conséquent, il était très difficile de reconnaitre des morceaux qui se retrouvent sur leurs deux albums studio. Les percussions électroniques souvent utilisées par le groupe ne pouvaient pas prendre forme en raison du vol des instruments. Considérons-nous chanceux d'avoir vu deux fois Grails plutôt qu'une lors de cette soirée. Espérons les revoir dans des circonstances plus fidèles à la réalité lors de leur prochaine visite.

 

Grails

À plusieurs reprises, le batteur et les guitaristes changeront de postes pour permettre d'exploiter tout le talent détenu dans Grails.

Le concert tardait à se mettre en branle, certains des musiciens avaient perdu leurs passeports dans le malheureux événement de Boston. N'ayant récupéré leurs nouveaux papiers qu'à 16h00, la troupe était arrivée en retard à la salle. Il était déjà 23h30 et Grails avait à peine joué ses premières notes. Quelques verres de tequila se rendirent jusqu'à la scène à la demande du batteur, qui semblait en avoir marre de cette soirée éprouvante. Après en avoir ingurgité un rapidement et lancé son citron dans les airs, le concert pouvait enfin voir le jour. Les seules véritables modifications que nous apercevions étaient le changement de bassiste et l'ajout de Zak Riles, le guitariste principal. L'excellent morceau I Led Three Lives permit au public de se dégourdir les jambes et les tympans. La qualité des compositions était au rendez-vous, mais nous étions loin de l'ambiance que j'avais dans mes souvenirs. Le jeu de lumière totalement absent, la foule tranquille, la froideur des musiciens et le degré de fatigue de certains d'entre eux rendaient le résultat très machinal.

Il est toutefois impossible de s'ennuyer lorsque ce genre de formation se retrouve devant vous, les rythmiques orientales et la douceur que nous sommes habitués d'entendre sur album se décuplent d'une manière impressionnante. La puissance sonore et la polyvalence des musiciens sont particulièrement admirables. À plusieurs reprises, le batteur et les guitaristes changeront de postes pour permettre d'exploiter tout le talent détenu dans Grails. Le batteur Emil Amos est toujours aussi fatal, il domine ses tambours avec un style bien à lui. Les admirateurs de son autre groupe Om auront eu leur dose puisqu'il se permet des choses qu'il ne pourrait pas exécuter aux côtés d'Al Cisneros. Son jeu était parfait, malgré un son déficient et un moniteur qui semblait avoir rendu l'âme. Il n'appréciait définitivement pas la soirée à ce niveau, mais semblait être très heureux de revenir à Montréal avec ce projet. C'est avec la classique pièce Silk Rd que Grails mit le clou dans le cercueil, un autre titre était inscrit sur la setlist, mais le claviériste vint rapidement clore les espoirs de rappel vu la journée chargée qu'ils avaient eu. Dommage de les avoir vu dans des conditions semblables, espérons un retour plus agréable pour eux et prions pour que ce ne soit pas au Il Motore.

Setlist

  • I Led Three Lives
  • Comanche
  • Back To The Monastery
  • All The Colors Of The Dark
  • Immediate Mate
  • Almost Grew My Hair
  • Wake Up Drill II
  • Predestination Blues
  • Silk Rd

 Crédits photos : Renaud Sakelaris

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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