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Cancer Bats + Red Fang + Indian Handcrafts + The Shrine 13/12/2013 @ Cabaret du Mile-End, Montréal

Portrait de William
Cancer Bats + Red Fang + Indian Handcrafts + The Shrine 13/12/2013 @ Cabaret du Mile-End, Montréal

Un froid sibérien envahissait Montréal à l’occasion de cette merveilleuse soirée de musique enivrante. L’endroit le plus chaud de la ville était vraisemblablement celui où je venais tout juste d’entrer. Le trop peu exploité Cabaret du Mile-End se préparait à subir une incontrôlable invasion d’alcooliques adulateurs de bruitage bien gras et viril. C’était l’événement de prédilection pour ma dernière chronique de l’année 2013, voyons voir si j’ai réussi à terminer la soirée sur mes deux pieds.

The Shrine

La température rigoureuse ou les célèbres douanes canadiennes semblaient être responsables du retard des énergiques Californiens de The Shrine. C’est avec près de 30 minutes de retard qu’ils firent enfin leur entrée en scène dans une salle pratiquement pleine. Le trio avait beaucoup à offrir aux Montréalais, des solos de guitare acharnés ainsi que des rythmiques de batterie et de basse saisissantes. The Shrine ne proposait assurément pas la musique la plus innovatrice, les musiciens misaient plutôt sur de bonnes vieilles influences thrash, punk et heavy métal. C’était en quelque sorte la jonction entre Black Flag et Black Sabbath avec un côté légèrement plus psychédélique. Leur plus récent album Primitive Blast, paru sur Tee Pee Records l’an dernier, vaut absolument le détour si vous prévoyez une soirée énergique et que vous avez envie de hocher de la tête continuellement. Il s’agissait d’une sympathique découverte et d’une excellente façon de débuter la soirée.

 

Indian Handcrafts

Le Canada était bien représenté sur cette tournée, la présence de ce merveilleux groupe de Barrie en Ontario me réjouissait au plus haut point. Indian Handcrafts est un duo extrêmement original qui vous offre un savoureux rock garage pimenté de segments fascinants de sludge, black et stoner. Les riffs de Daniel Brandon Allen sont dévastateurs, la complicité vocale des deux musiciens provoque des étincelles. Seuls des groupes comme Big Business et The Melvins peuvent prétendre avoir autant de charisme au niveau du chant. Ce n’est pas pour rien que le label Sargent House s’est rué vers eux pour la parution de leur deuxième album Civil Disobedience For Losers.

Rarement j’ai eu la chance de voir un groupe d’ouverture enflammer une salle comme Indian Handcrafts l’a fait lors de cette soirée. Même s’il y avait seulement deux membres sur la grande scène du Cabaret, la fougue et le dynamisme qui s’évaporaient des musiciens étaient contagieux avec le public. Chacun des recoins de la pièce était percuté par ce rock ’n’ roll sauvage, les âmes se chamaillaient violemment sur le parterre. C’était tellement bon que je craignais que la performance de Red Fang ne réussisse pas à égaliser la qualité de ce qui se produisait sous nos yeux. Il faut découvrir ce groupe sans plus attendre, il s’agit de la crème de la musique canadienne du moment.

 

Red Fang

La foule était plus assoiffée que jamais, le bar ne réussissait pas à rivaliser avec l’ambition de sa clientèle. Il y avait même un chevalier vêtu d’une armure faite de boîte de Pabst Blue Ribbon qui hurlait sur le parterre. Red Fang était vraisemblablement la vedette de la soirée, même si la tête d’affiche pour cette date était Cancer Bats. Les premiers morceaux de la prestation étaient issus du dernier album et ils ne rivalisaient définitivement pas avec l’intensité qu’offraient les deux premiers groupes, la simplicité des compositions ne parvenait pas à m’éblouir. Ce n’est que quelques titres plus tard et avec l’aide de quelques gorgées de bière supplémentaires que le son de Red Fang commençait enfin à couler dans mes veines.

Le quatuor prenait de l’aisance et la foule s’activait davantage, l’ambiance atteignait finalement des sommets intéressants. De vieux morceaux vinrent allumer la flamme d’une soirée réussie, les musiciens semblaient impressionnés par la folie émanant de la foule montréalaise. L’accessibilité de Red Fang peut déplaire à certains, mais l’importance de ce groupe dans la scène stoner mondiale est non négligeable. Il permet l’unification des puristes et des nouveaux venus dans ce style musical, le plaisir est mis en avant-plan. À chaque occasion, la fraternité s’installe dans la foule et il est impossible de passer un mauvais moment devant des musiciens aussi véritables et enjoués que ceux-ci. Ils n’auront jamais suscité mon attention comme certains autres l’ont fait au fil des ans, mais je ne peux pas être négatif lorsque j’écris sur ce groupe. Longue vie à Red Fang.

 

Cancer Bats

Nous avions droit à une présence canadienne en clôture de ce concert incroyable. Les Torontois de Cancer Bats s’apprêtaient à démolir ce qui restait de la salle. Les puissants riffs de Scott Middleton éclipsaient la lourdeur précédemment expérimentée lors de cette soirée. L’énergie et la tonalité du chanteur semblaient par conséquent repousser une grande quantité de spectateurs. La salle s’était légèrement vidée après Red Fang, la clientèle n’était visiblement pas la même. Cancer Bats puise beaucoup de ses admirateurs dans la scène hardcore, ce qui n’est pas tout à fait compatible avec les groupes du reste de la soirée. Il y a très certainement une ligne directrice qui est similaire, surtout au niveau des instruments, mais la coupure était suffisante pour repousser une bonne partie de la foule.

Ce n’était heureusement pas mon cas, les Canadiens livraient une performance haute en énergie et en intensité. Un parterre plus hargneux se dressait devant nous, la violence n’était évidemment pas aussi fraternelle. Ce n’était pas ce qui allait m’arrêter dans ma quête de décibels de qualité. Nous avions de purs musiciens devant nous, je connaissais très peu les morceaux de ce groupe, mais cela n’empêchait en rien ma tête de vouloir sortir de son socle. La salle ressemblait à un rassemblement de bobbleheads, les riffs accrocheurs étaient à l’honneur. À ma grande surprise, j’aurais cru que Cancer Bats s’essoufflerait sur la longueur, mais nous avons eu droit à une heure de pure destruction. Malgré la différence de style, je salue l’idée d’unir tous ces groupes sur une même affiche. La richesse musicale était décidément présente au Cabaret du Mile-End, nous avions notre dose d’alcool et de chaleur pour braver le froid polaire qui nous attendait à la sortie.

 

Crédits Photos : François-Carl Duguay / Laligneaharde.com

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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