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Walter Hoeijmakers : organisateur du Roadburn Festival

Portrait de Vincent Duke
Walter Hoeijmakers : organisateur du Roadburn Festival

Depuis le temps que nous suivons, couvrons, allons au Roadburn Festival, il fallait bien que ça arrive et nous n'en sommes pas peu fiers. Walter, le directeur du Roadburn, a eu la gentillesse de se prêter à notre exercice du portrait. Ça n’arrive pas souvent mais je crois nécessaire d’insister sur ce point : en passant la moitié de ma vie dans le monde de la musique, j’ai rarement rencontré quelqu’un comme Walter. Ce n’est pas un ami, ce n’est pas une personne que je vois en dehors mais c’est sans nul doute une des rencontres les plus incroyables de toute ma vie. Walter est le genre de personne pour qui il est impossible d’avoir autre chose que le plus grand et profond respect. Pour son œuvre, sa culture musicale et la façon dont il fait les choses.

Il y a quelques années, une nouvelle taxe sur les billets de concerts a été votée aux Pays-Bas. Au lieu de faire comme pas mal de gens (j’attendrai la fin de ma « carrière » pour balancer les noms), Walter a pris la décision - et le risque – de ne pas rentrer dans le jeu des sponsors et a diffusé une lettre destinée à tous les festivaliers sur le site web du Roadburn.

Il y expliquait qu’il refusait de voir ses groupes préférés sur une scène Microsoft ou Coca Cola (avec les dérives que cela implique… ) et préférait prendre le risque d’augmenter le prix du billet et de faire confiance aux personnes qui se déplacent pour son festival.

Le monde de la musique étant ce qu’il est (si par malheur, vous avez le moindre doute à ce sujet, vous feriez mieux de les perdre bien vite… Avant de vouloir y travailler par exemple), je n’ai pu que saluer sa démarche. Et je n’ai pas été le seul. Le Roadburn continue de plus belle, chaque année avec une nouvelle programmation de fou, sans jamais rentrer dans la course au gigantisme et au pognon. En restant vrai.

L’essence même du Roadburn, la clef de sa réussite, c’est qu’il est le résultat du travail d’un amoureux de musiques pour des amoureux de musiques.

 

Présente-toi brièvement à nos lecteurs "internautes" : comment t'appelles-tu, d'où viens-tu et que fais-tu dans la vie ?

 

Je m’appelle Walter et je vis aux Pays-Bas. Je suis le directeur artistique du Roadburn Festival. Et contrairement à la rumeur, le Roadburn est un hobby qui est devenu hors de contrôle. Hahhaha…

 

On a tous un album, un mouvement musical, une personne qui a changé notre vision de la musique, quel est ton parcours personnel ?

 

Motorhead a changé ma vie à jamais. J’avais 15 ans quand je l’ai écouté à la radio et c’était tellement puissant, attirant ; je suis immédiatement devenu un fan de (hard) rock et de métal. Grâce à Motorhead, j’ai découvert Iron Maiden, Saxon, Judas Priest, Black Sabbath etc… Le temps passant, j’ai aussi découvert le psychédélique, le blues rock et… les chanteuses des 60s et 70s comme Dusty Springfield.

 

Ton implication dans la musique? Le moment où tu as franchi le pas? Celui où, si c'est le cas, cette activité est devenu ton métier ?

 

À l’origine, j’étais un travailleur social et je faisais aussi un peu de journalisme musical à côté. Puis je ne suis devenu que journaliste, ça s’est fait naturellement. Quand le magazine s’est arrêté, je suis devenu manager chez un gigantesque disquaire mais c’était un vrai cauchemar puisqu’il ne s’agissait que de vendre. Rien à voir avce la musique elle-même. Je suis tombé malade et j’avais besoin de changement dans ma vie. Par chance, j’ai rencontré des gens formidables qui m’ont aidé à bien des niveaux. Tout cela m’a conduit jusqu’au Roadburn dont je m’occupe encore aujourd’hui. Je ne vis pas grâce au festival, je ne travaille que quelques heures par semaine au 013 (ndr : salle de Tilburg où se déroule en partie le Roadburn).

 

Les principales difficultés que tu as rencontrées ? Celles que tu rencontres encore ?

 

L’industrie de la musique est un monde cruel, et tu n’y as que très peu d’amis, je veux dire de vrais amis dans cette industrie. Une leçon que j’ai apprise à la dure. Toute l’industrie du disque, et spécialement l’underground, va très mal dernièrement, et tout le monde essaye désespérément d’y gagner sa vie alors que c’est quasiment impossible. Cela rend les choses encore plus difficiles, et vicieuses également !

J’essaye de rester honnête envers moi-même, car c’est la chose la plus importante à mes yeux. J’aurai 49 ans cette année et ma vision de la vie a beaucoup changé. Je suis très fier de ce que j’ai pu faire au court des années et, à un moment, je ferai autre chose dans ma vie que le Roadburn. Ça rend les choses plus faciles.

 

Ton avis sur l'éthique du DIY ? Ta propre définition ?

 

Pour moi, DIY, c’est – comme je l’ai dit précédemment – rester fidèle à soi-même, à ce en quoi tu crois artistiquement parlant et faire les choses que tu aimes vraiment : mettre ton cœur et ton âme dans la musique que tu aimes, les personnes que tu aimes, et essayer de faire la différence. Peu importe ce que tu fais. Ça résume le DIY à mes yeux.

 

Tes projets ?

 

En dehors du Roadburn, je suis un collectionneur de vinyle. J’aime écouter de la musique, et lire à son sujet. Un projet sans fin…

 

Ton album ultime ? Le concert auquel tu penseras toujours ?

 

En dernier recours, je pense que ce serait « Are You Experienced » de Jimi Hendrix Experience. J’adorerai cet album jusqu’à la mort.

Je n’oublierai jamais Monster Magnet en 1991 et 1992, ces concerts étaient extraordinaires ; c’était sûrement quelque chose lié à une drogue satanique, et que je le comprenne ou pas, je ne les ai jamais vus aussi diaboliques depuis (même si j’ai fait énormément de concerts fabuleux de Wyndorf & co depuis).

 

Ton instant musique de prédilection pour la ressentir au maximum ?

 

J’aime écouter de la musique tard le soir, spécialement quand il fait déjà nuit et que c’est calme. Ensuite, j’éteins la lumière, je fais chauffer les tubes (je suis un homme analogique, j’aime les amplis à lampe vintage). J’adore écouter du blues rock 60s et 70s tard. Également beaucoup de psychédélique. C’est une telle expérience (bon, il faut bien faire quelque chose quand on est sobre depuis 22 ans).

 

Quel est ton rapport avec un instrument de musique ? Fascination, peur, frustration ?

 

Je suis l’archétype du musicien frustré. Je ne peux jouer d’aucun instrument, je suis nul à la guitare, la batterie ou le piano. À la place, je suis devenu DJ et organisateur de concerts, comme je voulais faire partie de la famille. Toute plaisanterie mise à part, je veux simplement partager ma vision de la musique et ma créativité à un autre niveau, organiser des concerts, un festival en me plaçant du point de vue des musiciens.

 

Parmi les nombreux styles de musique autour desquels nous gravitons, lequel t'es le plus cher et pourquoi ?

 

J’aime beaucoup le doom, le sludge, le psychédélique, etc… Dernièrement, j’écoute beaucoup de musique psychédélique. Il se passe vraiment quelque chose dans cette scène. Il suffit de regarder le Austin Psych Fest ou le Liverpool Psych Fest. Deux festivals inspirants, avec des groupes qui les sont tout autant.

 

Es-tu capable d'écouter des choses totalement différentes ? Si oui des exemples pour tenter de nous faire peur ?

 

Je peux très facilement passer de Slayer à Duffy, de Neurosis à Antony Hegarty, et de Bathory à George Michael. Et je ne plaisante vraiment pas.

 

Dans quoi mets-tu le plus d'argent ? Vinyles/CDs/Bandcamp, concerts, merchandising ?

 

Comme je l’ai dit, je suis un collectionneur avide de vinyles et tout mon argent passe dans l’achat de vinyles, où que je sois. C’est une maladie qui semble ne pas avoir de traitement. Ou peut-être suis-je juste un accro ?

 

As tu une "consommation" similaire dans d'autres formes d'art ?

 

J’adore absolument la photographie et les peintres classiques, cela m’inspire beaucoup quand je travaille sur le Roadburn. Je peux aussi être touché par la danse et les ballets contemporains. J’aime aussi le cinéma ! Mais pour les films, j’apprécie principalement le film typique de collège US, un peu stupide.

 

Tes parents écoutaient quoi quand tu étais enfant ?

 

Mes parents et ma sœur écoutaient du classique. J’admire ces musiciens mais je n’aime pas du tout le classique. Pour être honnête, je ne supporte pas. Je pense qu’un psychiatre aurait des explications, le fait de se rebeller, etc, mais ce n’est pas grave.

 

Le mot de la fin : il est à toi, dis ce que tu veux.

 

J’espère vraiment que le Roadburn 2014 sera bon. Nous en sommes aux derniers préparatifs et je ne suis pas loin de devenir fou. Je suis nerveux par nature et les deux dernières semaines avant le festival, c’est bien trop pour moi. Mais d’un autre côté, quand les portes s’ouvrent, que je vois tous ces gens du monde entier et tous ces groupes, je suis le plus heureux des hommes.

 

Introduce yourself to our audience: whats your name, where do you come from and what do you do for a living?


I'm Walter/Roadburn, and I'm living in The Netherlands. I'm the artistic director of the Roadburn Festival. Despite the international acclaim , Roadburn's a hobby that spiraled out of control. Hahahaha...

 

Everyone has an album, a style of music, or a person that changed the way he considers music, what's your personal background?

Motörhead changed my life forever. I was 15 years old when I heard them on the radio, and they had such a strong appeal; I instantly turned into a (hard) rock and metal freak. Through Motörhead, I discovered Iron Maiden, Saxon, Judas Priest, Black Sabbath etc, but throughout the years, I also got heavily into psychedelica, bluesrock, and... 60s and 70s female singers like Dusty Springfield.

 

What's your involvement in music? When did you decide to leave your job to work in the "music industry"?

Originally, I'm a social worker, and did some music journalism on the side. One day, I ended up as a professional music journalist, it just happened naturally. When the magazine called it quits, I started to work as a floor manager in a huge recordstore, but that was a real nightmare, as it was only about shifting units, and not about the music itself. I became really ill, and needed to make some considerable changes in my life - luckily, I'm met great people that helped me out on many levels. This eventually led to Roadburn, and that's what I'm still doing. However, I don't earn a living from the festival, I work only a couple of hours a week at the 013 venue.

 

What are the main difficulties you had to face?

That the music industry is a cruel world, and that you only a have a very few friends, and I mean really good friends, in this business - I learned this the very hard way.

 

What are the ones you still have to face?

The entire music industry, and especially the underground, is suffering really bad lately, and everyone is trying desperately to earning a living, while it's almost impossible. It makes things a lot harder, and vicious, too!

I'm trying to be true to myself, coz that's all what matters to me. I'm turning 49 this year, and my outlook on life has changed a lot; I'm extremely pround of what I have achieved over the years, and there will be a moment that I'll do other things in my life than Roadburn. It makes things easier.

 

What's your opinion on the DIY philosophy? What's your definition of DIY?

For me, DIY, is - as I said above - is being true to yourself, and your artistic believes, and doing the things you really like; put your heart and soul into the music you cherish, the people you like, and try to make a difference. No matter what you do. That sums up DIY for me!

 

What are your projects?

Besides Roadburn, I'm an avid vinyl collector. I just love listening to music, and read about, too! It’s a never ending project….

 

If you had to mention just one album, the album, which one would it be? And what is the show you'll never forget?


If push comes to shove, I think it will be Are you Experienced by the Jimi Hendrix Experience. I really love that album til death.

I’ll never forget seeing Monster Magnet back in 1991 and 1992, those shows were utterly amazing; it was a satanic drug thing for sure, and whether I did understand or not, I have never seen them so diabolical ever since (and I have seen tons of amazing shows by Wyndorf & co).

 

What is your favorite moment of the day to listen to music?

I love to listen to music late at night, especially when it’s dark and quiet outside. Then I’ll turn off the light, and heat up the tubes (I’m an analogue man, and love vintage tube amps). I love to listen to 60s and 70s blues rock late at night. Plus, a wide array of psychedelica as well. It’s such a trip (well, you have to do something when you’re sober for 22 years).

 

How do you feel in front of a musical instrument? Fascinated, afraid, frustrated?

I’m the archetype of a frustrated musician; I can’t play any instrument as I simple suck at playing guitar, drums or piano. Thus I became a DJ and a promoter instead, as wanted to be one of the boys. All kidding aside, I just want to share my artistic believes, and my creativity on another level - i.e. setting up shows, and organizing a festival from a musicians point of view.

 

Among all the styles of music we speak about on our website, which one do you prefer and why?

Though one, as I like doom, sludge, psychedelica etc so much, but as of lately, I listen to a lot of psychedelic music -that scene has really something going on. Look at Austin Psych Fest or Liverpool Psych Fest. Inspiring festivals, and equally inspiring bands.

 

Are you able to listen to really, really different stuff and styles in terms of music? If yes, give us some examples to try to scare us.

I can easily switch from Slayer to Duffy, from Neurosis to Antony Hegarty, and from Bathory to George Michael. And I’m not kidding you!

 

What do you pay the most for? Vinyls/CDs/Bandcamp, shows, merch?

As I said, I’m an avid vinyl collector, and all my money goes to buying vinyl wherever I go. It’s a disease, and there’s no cure, it seems. Or maybe, I’m just addicted, a fiend?

 

Do you consume another form of art?

I absolutely love photography and the classical painters, it inspires me a lot while I’m working on Roadburn. I can be very moved by contemporary ballet and dance as well. I love movies, too! But as far as movies go, I love the typical high-school movies, stupid stuff, mainly.

 

What did your parents use to listen to when you were a child?

My parents and my sister listened to classical music. I admire those musicians, but I don’t like classical music at all. Can’t stand it, to be honest. I think a psychiatrist will have some explanation about being rebellious etc, but I don’t mind.

 

This is the end of the interview. The last words are yours, tell us what you want.

I really hope Roadburn 2014 to be good. We’re in the final stages of the production, and I’m about to lose my sanity, I think. I’m a nervous guy by nature, and the last two weeks before the festival are always too much for me. However, when the doors open, and I see all these people from the world over, and all those bands, I’m the happiest guy alive.

Walter Hoeijmakers : organisateur du Roadburn Festival
Journalist, radio speaker, PR guy, booker, crate digger, community manager, promoter. Je pourrais aussi l'écrire en français, il est vrai...

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