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Philippe Montagne : gérant de l'association Black Owl

Portrait de Vincent Duke
Philippe Montagne : gérant de l'association Black Owl

Le pire qui puisse arriver à quelqu'un comme moi, c'est d'habiter dans un coin sans concerts. Putain de pute, c'est une sorte de phobie qui peut se coupler à une souffrance sans nom. OK, je ne rechigne pas à enquiller 500 kms pour un concert mais je ne serai pas non plus hypocrite : c'est toujours agréable de pouvoir prendre sa dose de gras live à côté de chez soi. Après Paris et les Stoned Gatherings, Bordeaux et les Make It Sabbathy, Nice et Caught By The Fuzz, Nantes et Crumble Fight, c'est enfin au tour de ce qui fut pendant des années la capitale du Rock en France : Clermont-Ferrand. La ville Michelin a enfin ses concerts lourds pour les gens qui ne sucent pas que des glaçons grâce à Black Owl !

 

Présente-toi brièvement à nos lecteurs "internautes" : comment t'appelles-tu, d’où viens-tu et que fais-tu dans la vie ?

Je m’appelle Philippe Montagne, je suis originaire de l’Auvergne et je réside actuellement dans sa « capitale » : Clermont-Ferrand. Après 11 ans de bons et loyaux services dans le commerce en tant que responsable de magasin, j’ai décidé de sortir de mon « confort professionnel » pour tenter un virage à 180°.

 

On a tous un album, un mouvement musical, une personne qui a changé notre vision de la musique, quel est ton parcours personnel ?

Un parcours relativement classique mais éclectique. Je me suis longtemps cherché, passant de Beethoven à Assassin quand j’étais gamin, puis le rock est revenu sur le devant de la scène dans les années 90, j’ai commencé à trouver ma voie dans ce qui se faisait de « moderne » avant de m’intéresser réellement à leurs influences et là je suis tombé sur les vinyles de mon paternel (Black Sabbath, Hendrix, Creedance, The Doors, etc).

Clairement, le mouvement rock psychédélique de la fin des années 60’ et des 70’, l’ère « Hendrix-Sabbath », a alors changé ma vision de la musique.

 

Ton implication dans la musique? Le moment où tu as franchi le pas? Celui où, si c'est le cas, cette activité est devenue ton métier ?

Mon implication est bénévole mais j’essaye d’être le plus actif possible maintenant que j’ai un peu plus de temps libre pour m’y consacrer. J’avais franchi le pas une première fois en 2008 quand je vivais dans les Alpes avec un projet associatif nommé « Cerberella » avec lequel nous avions fait jouer The Fuzztones, The Lords of Altamont ou encore Radio Moscow. Cette activité reste totalement bénévole encore aujourd’hui avec Black Owl et ce n’est en aucun cas mon métier, mais je ne cache pas que j’aimerais me professionnaliser d’une manière ou d’une autre dans ce secteur.

 

Les principales difficultés que tu as rencontrées ? Celles que tu rencontres encore ?

La principale difficulté est d’avoir une « structure » stable sur du long terme. Ce n’est pas simple de fédérer une équipe constante autour d’un projet bénévole et surtout d’avoir la même vision en permanence quant à l’évolution du projet…

L’autre difficulté à laquelle je suis confronté est l’obtention de salles de concert car elles se font rares, je crois savoir que ce n’est pas un problème auvergnat mais bien national, et j’ai le sentiment que ça ne va pas aller en s’arrangeant …

 

Ton avis sur l'éthique du DIY ? Ta propre définition ?

Le DIY est la meilleure réponse possible à la frustration et l’immobilisme, quand j’ai constaté que tous les groupes que j’aimais tournaient autour de ma ville, pourtant parfaitement située géographiquement et de culture plutôt rock, sans s’y arrêter… je me suis dit : « bah fais-les jouer toi-même ». Ma définition est qu’il ne faut pas attendre que les autres fassent quelque chose, tu peux faire toi-même.

 

Tes projets ? Comment vois-tu ton activité évoluer ? Tes souhaits ? Tes craintes ?

Mon projet est de défendre le courant musical psychédélique, heavy psych, heavy blues, stoner, desert rock du mieux que je le peux. Apporter à ma ville un style quasi absent de la scène. J’aimerais voir évoluer mon activité vers une résidence ou un partenariat avec une salle, et mon souhait le plus cher : créer un festival et/ou des concerts en extérieur façon « dunajam/desert sessions ».

Ma plus grande crainte, si la situation n’évolue pas (peu de salles/entrées bloquées à 5/6€), est d’être très vite limité au niveau des cachets et donc des opportunités… je passe déjà à côté de groupes comme Dead Meadow ou Earthless pour cette raison.

 

Ton album ultime ? Le concert auquel tu penseras toujours ?

Difficile de répondre… toutes les semaines je change d’avis !

Passover des Black Angels m’a marqué au fer rouge. Plus récemment l’album éponyme de NAAM mais à chaque fois que je lance Black Sabbath, je le classe à nouveau album du siècle…

J’ai vu récemment les New Yorkais de Naam en concert, pour beaucoup de raisons personnelles, c’est le concert auquel je pense le plus en ce moment surtout qu’ils ont splitté une semaine après…

Mais mon live culte reste sans doute les Pink Floyd à Pompéi, même si je n’y étais pas !

 

Ton instant musique de prédilection pour la ressentir au maximum ?

Deux instants :

- en me couchant ! je suis incapable de m’endormir sans avoir de la musique à fond dans les oreilles, histoire de guider mon voyage nocturne.

- lors de mes balades ou road trip, rien de meilleur que d’être seul en haut d’un volcan pour ressentir au maximum la musique. Cliché mais tellement vrai.

 

Quel est ton rapport avec un instrument de musique ? Fascination, peur, frustration ?

Un rapport de frustration car je n’ai jamais pris le temps d’apprendre à jouer, je me suis essayé au chant dans plusieurs formations, ce n’était pas le choix « d’instrument » le plus facile ni ma plus grande réussite...

 

Parmi les nombreux styles de musique autour desquels nous gravitons, lequel t'es le plus cher et pourquoi ?

Celui que je défends parce qu’il est influencé par le courant qui a changé ma vision de la musique et parce qu’il est indépendant, assez loin des machinations commerciales.

 

Es-tu capable d'écouter des choses totalement différentes ? Si oui des exemples pour tenter de nous faire peur ?

Je ne crache pas sur des bonnes sessions hip hop bien underground et je reviens occasionnellement sur quelques bons albums de trip hop (Londinium d’Archive par exemple).

 

Dans quoi mets-tu le plus d'argent ? Vinyles/CDs/Bandcamp, concerts, merchandising ?

Dans les concerts car j’en fais énormément, je dirais une soixantaine en 2014. Et Bandcamp pour éviter de cramer mon budget dans les vinyles même si je reconnais que c’est une « hérésie » de favoriser le démat' plutôt que la vieille platine…

 

As-tu une "consommation" similaire dans d'autres formes d'art ?

Absolument pas, heu… enfin… si… dans le tatouage.

 

Tes parents écoutaient quoi quand tu étais enfant ?

Les groupes cités plus haut, les grands classiques : Black Sabbath, Hendrix, The Doors, Deep Purple, Led Zep'. Après comme la majorité des parents de cette génération : beaucoup de variété française et évidemment l’inévitable Jean Philippe Smet pour ne pas citer son nom de scène. C’est prohibé, il y a un verrouillage dans ma tête !

 

Le mot de la fin : il est à toi, dis ce que tu veux.

"You see, in this world there's two kinds of people, my friend: Those with loaded guns and those who dig. You dig."


Crédits photo : Antho Nie Photographie.

Philippe Montagne : gérant de l'association Black Owl
Journalist, radio speaker, PR guy, booker, crate digger, community manager, promoter. Je pourrais aussi l'écrire en français, il est vrai...

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