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Matthias Jungbluth : gérant du label Throatruiner Records

Portrait de baktelraalis
Matthias Jungbluth : gérant du label Throatruiner Records

Avoir l'esprit d'auto-entreprise, faire les choses soi-même quand on considère qu'elles sont mal faites voir pas du tout, disons le tout de suite, ce n'est pas pour le commun des mortels, si l'on rajoute que je parle de la France, ce n'est vraiment pas le commun des mortels. À notre époque mondialisée, où tout se croise et se mélange, on peut aussi décider de garder le meilleurs de ce que l'on perçoit ailleurs, pour une fois, etThroatruiner Records en est l'incarnation parfaite. Quand la passion ne semble qu'être le bon moteur, on se jette corps et âme dans ce que l'on sait faire de mieux. Et il faut dire que Matthias se débrouille plutôt très bien. Portrait de Matthias Jungbluth, gérant de Throatruiner Records.

Présente-toi brièvement à nos lecteurs "internautes" : comment t'appelles-tu, d'où viens-tu et que fais-tu dans la vie ?

Alors en quelques mots je m'appelle Matthias Jungbluth, 24 printemps, actuellement migrant de St Brieuc à Rennes, voilà pour l'ASV. Je gère un label du nom de Throatruiner Records depuis un peu plus de deux ans, qui, pour faire simple est majoritairement axé musiques lourdes et intenses. À côté de ça je fais également office de distro pour les groupes & labels qui me tiennent à cœur, et je joue de la corde vocale dans un groupe qui s'appelle Calvaiire depuis un an.

 

On a tous un album, un mouvement musical, une personne qui a changé notre vision de la musique, quel est ton parcours personnel ?

Celui de pas mal de mes contemporains je pense, j'y ai mis un pied dedans avec le neo-metal au collège/lycée; après contrairement à d'autres, sans renier le truc, je ne garde pas spécialement de tendresse nostalgique de cette époque où on avait tous une coupe et une dégaine encore plus merdiques que les actuelles, moi le premier. Tout ça pour dire que j'ai eu la chance de m'intéresser à tout au moment où le truc commençait à avoir un pied dans la tombe. Du coup j'ai commencé assez rapidement à me sensibiliser à d'autres sous-genres via la presse musicale, papier ou web, un beau jour je suis tombé sur le clip de "Carpe Diem" de Will Haven, et tout était fini. Avec le recul, je me rends compte que c'était la transition idéale : c'est un groupe qui a toujours eu pas mal de liens avec la scène neo, musicalement j'y retrouvais la lourdeur gratuite et basique que j'aimais tant, sauf que niveau gouffre de noirceur ça enterrait tout ce que j'avais entendu auparavant. Et j'ai découvert que c'était ce type d'émotions là qui me parlaient vraiment. Après de fil en aiguille en cherchant des sensations similaires ça m'a ouvert des portes sur pas mal d'autres trucs; Converge, Neurosis, les premiers Envy, et par extension le sludge, le crust, le black, etc...

 

Ton implication dans la musique? Le moment où tu as franchi le pas ? Celui où, si c'est le cas, cette activité est devenu ton métier ?

Je sais pas, j'ai commencé le label à un moment où je ne voyais plus trop ce que je pouvais faire de ma vie. Ca faisait quelques années que je passais mon temps à commencer des études que je plantais super rapidement parce que les perspectives qu'elles m'offraient étaient totalement débandantes. C'est là que je me suis rendu compte que j'étais pas foutu de m'impliquer dans des projets qui ne me correspondaient pas à 100%, et quitte à en chier toute ma vie, autant que ce soit en faisant quelque chose qui me motive à me lever le matin. Alors monter un label, ça tombait pas sous le sens non plus parce que j'y connaissais strictement rien, mais je savais qu'il fallait que je fasse quelque chose de lié à la musique et j'étais motivé à apprendre de moi-même, à l'ancienne, sur le tas. Voir des groupes qui me tenaient à cœur en chier pour avancer a pas mal joué là dedans aussi. Et ça commence tout doucement à devenir ce qui me fait bouffer depuis peu, même si tout est relatif parce que j'aime quand même beaucoup les pâtes.

 

Les principales difficultés que tu as rencontrées ? Celles que tu rencontres encore?

Tu m'aurais posé la question il y a quelques temps, je t'aurais répondu quelque chose du genre "réussir à exister et à intéresser les gens". Pas qu'aujourd'hui ce soit plus le cas, même si c'est plus facile qu'avant, mais je me porte quand même beaucoup mieux depuis que je pars du principe que personne n'en a rien à battre de ce que je fais. Ça marche pas mal, et ça t'évite de passer pour ce mec un peu chiant qui passe son temps à pigner sur l'épaule des gens parce que personne le regarde. Donc des difficultés, il y en a eu, il y en a et il y en aura toujours, c'est souvent les mêmes, mais plutôt que de perdre mon temps à les considérer je préfère les ignorer et avancer tête baissée. Faut savoir être con, quoi.

 

Ton avis sur l'éthique du DIY ? Ta propre définition ?

Si tu parles du DIY dans le cadre de ce que je fais, j'en pense pas grand chose; ça paraîtra peut-être prétentieux mais je revendique pas vraiment d'état d'esprit, j'ai pas d'authenticité à faire cautionner auprès de mes pairs. Depuis le début je fais mon truc dans mon coin sans rien demander à personne, sans me demander si ça correspond à telle ou telle éthique sinon la mienne, pas besoin d’étiqueter ta manière de faire pour te sentir exister (ça marche aussi avec des étiquettes un peu répugnantes comme "indépendant" ou "alternatif", voire même "engagé"). Après si les gens se reconnaissent dans ma démarche, tant mieux, mais c'est pas le but premier. Pas besoin de dogmes ou de chercher l'approbation des autres pour se définir, encore plus dans un milieu censé être punk. J'avoue ne pas être hyper fan de ce DIY revendiqué haut et fort à qui veut l'entendre, sachant que c'est comme la bagatelle, c'est ceux qui en causent le plus qui en font/le sont le moins.

Après si tu veux vraiment ma définition, c'est simplement être le plus autonome possible, n'avoir de comptes à rendre à personne. C'est apprendre à se démerder autant que possible dans tous les aspects de sa passion, quelque soit ses compétences ou ses capacités à la base. C'est combler un manque soi-même plutôt que de s'en plaindre; et c'est censé t'enrichir personnellement, pas te servir d'excuse pour du taf au rabais.

 

Tes projets? Comment vois-tu ton activité évoluer ? Tes souhaits ? Tes craintes ?

Rien d'original; continuer à développer Throatruiner lentement mais sûrement, sans chercher à griller les étapes. Continuer à sortir des disques pour lesquels j'ai envie de me casser le cul. Après je vois que le label avance dans le bon sens, donc pas tellement de craintes à avoir.

 

Ton album ultime? Le concert auquel tu penseras toujours?

Je pense que les albums que je considère comme les plus marquants sont ceux qui m'ont servi de passerelles vers d'autres… Du coup chaud d'en isoler un, mais en quinté, je sais que je garde ceux-ci : Converge "Jane Doe" - Neurosis "Through Silver In Blood" - Deftones "Around The Fur" - Starkweather "Croatoan" - Will Haven "Carpe Diem". Et en termes de concert, Neurosis au Hellfest 2007 m'avait pas mal traumatisé. Ils passaient le dimanche soir vers minuit, les conditions météo avaient été horribles pendant 3 jours. Mais là, détrempé et grelottant, les pieds plantés dans 20 centimètres de boue au premier rang, avec des trombes d'eau qui te tombent sur la gueule pendant leur set, c'était parfait.

 

Ton instant musique de prédilection pour la ressentir au maximum ?

En première ligne aux concerts, les mains dans les poches, et avec une manière de remuer la nuque qui trahit une incapacité certaine à se caler sur un rythme.

 

Quel est ton rapport avec un instrument de musique ? Fascination, peur, frustration ?

Un peu de tout ça. Dans une autre vie je me serais forcé à m'y mettre plus jeune, mais dans celle-là je sais que j'en resterais aux raclements de gorge. Après au fond ça m'arrange, en groupe je peux pas tellement m'investir dans la composition mais ça me permet de vraiment pouvoir aller loin dans tout ce qui n'est pas directement "musical" (paroles, démarche, visuels…).

 

Parmi les nombreux styles de musique autour desquels nous gravitons, lequel t'es le plus cher et pourquoi ?

Pas sûr que j'arrive à vraiment mettre le doigt sur le truc, mais plus qu'un style en particulier, je garde une certaine tendresse pour cette période fin '90/début '00 où le hardcore a vraiment commencé à se bâtardiser avec d'autres sous-genres extrêmes; les grosses machines Hydrahead/Relapse de l'époque, ce temps où "metalcore" était pas vraiment une insulte, etc…

 

Es-tu capable d'écouter des choses totalement différentes ? Si oui des exemples pour tenter de nous faire peur?

Pas grand chose de croustillant malheureusement ! Je ne me tape pas que des trucs qui donnent envie de molester des gens à la batte hein, loin de là, mais j'ai pas grand chose de "léger" dans mes écoutes. C'est pas tellement voulu, je déplore même le fait d'être moins ouvert à ce niveau-là qu'il y a quelques années, mais quelque soit le style musical que j'aborde, je me focalise sur sa frange la moins festive. Donc rien qui ne me paraisse particulièrement embarrassant.

 

Dans quoi mets-tu le plus d'argent ? Vinyles/CDs/Bandcamp, concerts, merchandising?

Ça doit être à peu près équitable entre vinyles/concerts/shirts, même si ayant toujours des bornes à faire pour voir des trucs cools, mon premier poste de dépense, ça reste le pétrole.

 

As tu une "consommation" similaire dans d'autres formes d'art?

Malheureusement pas le moins du monde, je suis relativement inculte une fois sorti de ma zone de confort.

 

Tes parents écoutaient quoi quand tu étais enfant ?

Très honnêtement, rien qui ne puisse présager des genres désastreux dans lesquels leur fils serait impliqué quelques années plus tard. Mêmesi  je suis quasi sûr que la B.O d'Highlander a joué un rôle dans tout ça. (http://www.youtube.com/watch?v=yqjmTEh1xQc)

 

Le mot de la fin : il est à toi, dis ce que tu veux.

J'ai répondu vite hein?

 

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Baktelraalis
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