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Adrien et Jessica, artistes au sein de Førtifem

Portrait de baktelraalis
Adrien et Jessica, artistes au sein de Førtifem

Que serait le son sans l'image ? Bien sûr nous voguons dans des univers musicaux d'une telle consistance par moments, que celle-ci ne peut sembler parfois qu'être une cerise sur le gâteau. Néanmoins, lorsque cela est effectué avec talent et cohérence, c'est une véritable osmose, voir une symbiose qui opère comme le prouve Førtifem. Évidemment proches de la mentalité DIY, Adrien et Jessica opèrent dans les méandres de l'esthétique des styles musicaux sombres et violents qui plaisent tant par ici. Plus de détails dans la suite avec notre entrevue fleuve...

Présentez-vous brièvement à nos lecteurs "internautes" : comment vous appellez-vous, d'où venez-vous et que faites-vous dans la vie ?

Nous sommes les deux moitiés de Førtifem, Adrien et Jessica. Nous sévissons tous les deux sur Paris et vivons ce qui s'apparente aux débuts d'une belle aventure. Tous deux graphistes et illustrateurs, on tâche de mettre notre savoir-faire et notre culture visuelle au service de groupes, de labels, de marques, et de faire sourire nos parents devant des pentagrammes.

 

On a tous un album, un mouvement musical, une personne qui a changé notre vision de la musique, quel est votre parcours personnel ?

A. : Sorti de mes premiers cd de rock alternatif et de musique baroque piqués dans la discothèque paternelle, que je ne comprenais d'ailleurs pas forcément, c'est sur ceux de mon demi-frère que je me suis rabattu, et j'ai fait chauffer mon walkman autoreverse, à copier ses Bérurier Noir et ses albums d'N.W.A. Et les cd singles de Haddaway à 32 francs. Ensuite, survolés les Nirvana auxquels je ne me suis jamais trop attaché, j'ai atterri sur les grandes heures du néo métal, autour de 98. La scène de l'époque était assez incroyable et l'émulation de mon cercle d'amis infinie. Sans compter les kilomètres pour aller, de mon Aube natale, avec mon meilleur pote, mater un concert de Black Bomb A, et rentrer en écoutant du Chopin ou de la musique d'entre deux guerres. Ensuite, l'escalade de la violence. Parti d'un autocollant Burzum sur une mobylette et d'un poster Marduk dans une caravane, je ne suis jamais ressorti de ces saletés là. True Black, Black, et puis Doom, Funeral Doom, Sludge beaucoup de Hardcore, une pincée de Stoner et de Beatdown, et toujours au fond une grosse amitié pour le hip-hop américain et le rap français.

J. : J'ai eu un parcours musical plutôt aléatoire, des amis avec des goûts musicaux très différents, je tendais l'oreille et prenait ce qui m'intéressait. Plein de petites périodes où je me mettais à fond dans un truc jusqu'à ce que j'ai envie de découvrir autre chose. En gros je suis passée de David Bowie au Visual Kei japonais, Marilyn Manson, Nine Inch Nails… grosse période New Wave puis plongée dans les musiques électroniques, avant d'atterrir dans les trucs sombres. Au final y a une certaine logique, je vais rarement écouter des trucs très joyeux mais bon, ça donne une bibliothèque Last.fm assez schizophrène.

 

Votre implication dans la musique? Le moment où vous avez franchi le pas? Celui où, si c'est le cas, cette activité est devenu votre métier?

Oh pas vraiment de grand pas à franchir, c'est arrivé assez logiquement. À force de trainer les baskets en concerts, on choppe un artwork à faire, et puis un tee-shirt à faire "un peu comme celui que t'avais fait là"et ainsi de suite. Aujourd'hui, ça n'est pas la colonne vertébrale de notre activité, mais c'est toujours une grosse respiration, et une source d'amusement inestimable, et sans pour autant exclure de s'y dédier un jour à cent pour cent.

 

Les principales difficultés que vous avez rencontrées? Celles que vous rencontrez encore?

On ne s'est pas encore heurté à beaucoup de difficultés, parce qu'on a la chance d'être sollicités par des gens qui savent ce qu'on sait faire, et veulent ce qu'on peut faire pour eux. Je dirais que le moment désagréable, c'est d'avoir parfois à justifier ses tarifs à par exemple des groupes de cinq mecs qui vont  au final avoir à casquer le prix d'une dizaine de pintes chacun pour un artwork, qui pourra en plus leur en rapporter. De notre côté, on aborde toujours ça comme une réelle collaboration avec le groupe, c'est peut-être pour ça qu'on est aussi réfractaires à une relation de simple prestataire.

 

Votre avis sur l'éthique du DIY? Votre propre définition?

On considère ça comme un truc primordial en tout cas dans notre culture, et j'ai pour ma part un profond respect pour les gens qui se battent pour faire quelque chose. Peu importe après s'ils font bien, ils font, ce qui est déjà énorme. On a la chance d'être entourés de gens qui font ça justement hyper bien, labels, sérigraphes, illustrateurs, donc c'est vraiment stimulant… En ce qui nous concerne, on tâche de mettre nos tripes dans ce qu'on fait, et d'essayer de tout faire de nous-mêmes, et besoin est, de ne collaborer qu'avec des artisans qui partagent au moins notre déontologie. C'est toujours un truc qui me rend fou, devoir aujourd'hui vendre des clés en main avec un "le nom de votre groupe ici". C'est con, mais justement, notre plus grande satisfaction je crois, c'est bien d'avoir une éthique avant tout. C'est dire, juste pour se créer une fanpage Facebook, on s'est demandés mille fois si ça ne faisait pas de nous des connards présomptueux.

 

Vos projets? Comment voyez-vous votre activité évoluer? Vos souhaits? Vos craintes?

Elle se met en place vraiment petit à petit. C'est pour tout dire assez récent, genre même pas un an. On essaye un peu de gagner nos gallons, d'enrichir notre portfolio, de nous améliorer et de faire des trucs qui rendent nos commanditaires aussi fiers que nous. On va avoir la chance aussi de se joindre à l'atelier de Metastazis qui lui est pluuuutôt bien en place dans le domaine musical. Donc au niveau souhaits, c'est assez simple, plus de rencontres, plus de projets, plus de dessins, avec pour seule crainte celle de mal s'y prendre. Déjà deux collabs avec le label extra Throatruiner, des groupes anglais ou canadiens, et une expo à venir, pourvu que ça dure !

 

Votre album ultime? Le concert auquel vous penserez toujours?

J. : L'album éponyme de Lurker Of Chalice, riche, fou et complexe est probablement mon album "ultime". Dans un autre genre, le "Pornography" de The Cure me collera toujours des frissons. Niveau concert, il est tout récent, c'est le passage de Darkspace au Hellfest 2012. Musique et attitude super frontale, sans compromis, très grosse claque.

A. : Pfiou. UN album c'est mégachaud. Peut être le Times of Grace de Neurosis, ou le Die Festung de Paysage d'Hiver. Quand la dose d'informations nerveuses est si massive qu'il ne te reste que des frissons et des "oh putain ou putain" à murmurer. Concert, c'étaient ces concerts bagnoles de mes dix sept ans, mais si je devais en retenir qu'un, Amenra et Gameness dans la salle minus du Rocher de Malakoff y a bien cinq ans. Concert passé entre deux futs de batteries et de bière, dans une atmosphère bestiale.

 

Votre instant musique de prédilection pour la ressentir au maximum ?

J. : En écouter au casque dans le métro aux heures de pointe peut vite prendre des proportions épiques, façon "je pars à la guerre". J'aime bien aussi m'endormir en en écoutant, pour que ça s'immisce dans mes rêves. Et puis les concerts évidemment, y a quand même difficilement mieux niveau interaction et ressenti.

A. : Dans ce que j'appelle les instants de peu. Ecouter une musique pour appuyer où et quand il faut appuyer. Sur la tête quand ça va mal ou au cul quand ça va mal depuis trop longtemps. Essayer de rechercher à se trouver dans une sorte de symbiose avec ce qui se passe.

 

Quel est votre rapport avec un instrument de musique ? Fascination, peur, frustration ?

J. : J'ai longtemps voulu faire de la batterie, ça a été une vraie obsession à un moment, j'en étais à me muscler les poignets avec des haltères, pour me "préparer". Mais je ne pense pas que j'aurais fait une très bonne musicienne, donc on ne peut pas dire que j'en sois frustrée. Plutôt fascinée, c'est sacrément plus complexe à manier qu'un crayon.

A. : Ahah généralement, je me contente, gêné, de répondre que j'aime trop la musique pour mal en faire. C'est un truc qui me travaille, forcément. A baigner dans un milieu où les trois quarts de tes amis ont un groupe, le sujet est bieeeen trop souvent abordé, et il va falloir céder à la tentation. Une belle occasion récemment ratée va en tous cas encore moins m'aider à me résigner.

 

Parmi les nombreux styles de musique autour desquels nous gravitons, lequel vous est le plus cher et pourquoi ?

J. : Le Black Metal. Je suis une mega rookie dans le domaine, c'est Adrien qui m'a fait découvrir il y a bientôt deux ans. Il fallait vraiment que ce soit quelqu'un avec qui j'ai beaucoup de passions et de goûts en commun qui me fasse écouter pour que je daigne être un peu attentive et mettre mes préjugés de côté. Et en fait j'ai découvert un style qui réunit toutes les sensations et émotions que je recherche dans la musique, sacrée surprise pour une fille qui faisait une fixette sur les musiques électroniques.

A. : Le Black aussi. Je vais pas enfoncer de portes ouvertes, mais c'est une musique qui bénéficie d'une aura incomparable, d'une histoire folle avec une variété et une quantité de productions ahurissante. Le potentiel de tous ces One-Man-Band est un truc qui me fascine complêtement. Le côté extrêmement cathartique, empirique et manichéen, limite burlesque du Black, ouais, ça me parle complètement.

 

Êtes-vous capables d'écouter des choses totalement différentes ? Si oui des exemples pour tenter de nous faire peur?

J. : Bah justement, avant de passer du côté obscur, j'étais surtout partagée entre Techno de Détroit et House de Chicago. Dopplereffekt, Drexciya, Larry Heard, Frankie Knuckles… ça traîne encore relativement souvent dans mes oreilles. Et mon gros plaisir coupable c'est le groupe hollandais Le Le, une espèce de machine à tubes catchy et farfelus entre rap et electro. Après si quelque chose me parle, je me fiche un peu de l'étiquette musicale qui lui est accolée.

A. : Absolument. Je n'écoute pas tout, mais un peu de tout, ouais. J'ai un amour tout particulier pour le Rap français, du moins ses grandes années. Je peux pousser le vice même jusqu'au Reggae, mais il faut me forcer. Pour moi tout genre musical, sous réserve d'intégrité, est potentiellement interessant.

 

Dans quoi mettez-vous le plus d'argent? Vinyles/CDs/Bandcamp, concerts, merchandising ?

J. : Je laisse Adrien se ruiner en vinyles et je raque en concerts et tee-shirts.

A. : J'ai le bigcartel et discogs facile, ouais.

 

Avez-vous une "consommation" similaire dans d'autres formes d'art?

J. : J'ai beaucoup de mal à dire non à un beau livre… et à des belles chaussures.

A. : Si les teeches sont des oeuvres, alors sans hésiter, on peut parler de réelle consommation.

 

Vos parents écoutaient quoi quand vous étiez enfants ?

J. : Ils étaient pas hyper passionnés de musique, c'est grâce à eux que j'ai découvert Gainsbourg et Bowie mais c'est à peu près tout ce qu'ils ont fait pour ma culture musicale.

A. : Mon papa organisait des concerts de classique, donc j'ai pas mal baigné là-dedans. Du baroque principalement. Et du Rock alternatif, pas mal, et de William Sheller à Madness, et du Jazz. Une beeeelle collec' de vinyles.

 

Le mot de la fin : il est à vous, dites ce que vous voulez.

Merci à Pelecanus pour le travail chanmé que vous faites, et un grand Merci à toutes les personnes qui ont déjà croisé notre bout de chemin. Vous êtes une motivation extraordinaire. Vénèrez Satan et les poptarts, soyez gentils, occupez-vous bien de votre chat, et continuez à faire des trucs dont vous pouvez être fiers.


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