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Windhand + All Them Witches + The Great Sabatini + Mountain Dust 17/09/2014 @ Petit Campus, Montréal

Portrait de William
Windhand + All Them Witches + The Great Sabatini + Mountain Dust 17/09/2014 @ Petit Campus, Montréal

Le festival Pop Montréal s’entamait solidement cette année avec un duo de concerts impressionnants qui prenait place au centre-ville de Montréal. Le choix était déchirant entre les légendaires Crowbar qui prenaient d’assaut les Foufounes Électriques et les étoiles montantes du doom américain Windhand qui se produisaient au Petit Campus. Les deux événements étaient organisés par Extensive Entreprise, qui semble prendre un penchant vers la scène stoner doom depuis près d’un an. Nous avons enfin un promoteur de qualité pour ce style trop souvent laissé aux oubliettes par les autres agences de booking montréalaises. Au final, les groupes d’ouverture de la seconde option me plaisaient davantage, alors c’est par le fuzz délirant de Windhand que j’allais me laisser bercer en cette première journée de festival.

Mountain Dust

La première formation à s’exécuter était le quatuor local Mountain Dust. Malgré un changement de personnel important durant la dernière année, le guitariste et chanteur principal s’étant exilé dans l’Ouest canadien, le groupe a su rester en vie tout en évoluant vers une sonorité plus recherchée. Le secret de leur récent succès provient de la décision de ne pas embaucher à nouveau un guitariste, mais plutôt un claviériste qui manipule également une guitare de type «Lap-steel», sur laquelle il joue à l’horizontale. Cette sage décision procure une originalité et une profondeur à leur stoner rock montagneux qui peinait auparavant à sortir des standards du style.

Ce projet est en quelques sortes un ‘’supergroup’’ local puisqu’il est formé de musiciens ayant participé à plusieurs groupes phares de la scène locale, par exemple Eagles Tears, Barn Burner, Trigger Effect ou encore Endast. Malgré différents problèmes techniques au niveau du clavier et de la guitare, Mountain Dust a relevé le défi de réchauffer la foule avec brio. Le groupe semblait être le choix de prédilection pour ouvrir une soirée comme celle-ci, puisqu’ils avaient plusieurs aspects similaires au stoner aux influences blues d’All Them Witches. Ce fut une excellente dose de riffs accrocheurs supportés par une voix prédominante, un savoureux croisement de style entre la scène musicale désertique de la Californie et le psyché envoûtant qui émane du Texas. Il faudra les avoir à l’oeil dans les prochaines années, puisqu’ils s’améliorent à une vitesse étonnante.


 

The Great Sabatini

Un changement de registre majeur allait avoir lieu grâce à l’entrée en scène des très agressifs locaux de The Great Sabatini. Les mélodies de Mountain Dust s’apprêtaient à être balayées du revers de la main par la cacophonie calculée des quatre musiciens extrêmement énergiques. Première date d’une tournée de vingt concerts à travers le Canada et les États-Unis, il n’était pas étonnant de voir le quatuor aussi fougueux. La cadence était beaucoup plus élevée et offensive que celle de tous les autres groupes présents sur ce spectacle. Heureusement, la foule semblait très réceptive au style particulier de la formation, les fidèles spectateurs ont su rester dans leurs zones de confort grâce à la principale qualité de Sabatini, sa lourdeur décapante.

En dépit d’un nouvel album aux influences plus rapides et énergiques, ils savent bien paramétrer leur sélection de morceaux en fonction du concert sur lequel ils se retrouvent. C’est d’ailleurs avec une composition beaucoup plus lente et envoûtante qu’ils ont terminé leur prestation. La somptueuse Life During Wartime est devenue en quelques mois à peine un hymne à la musique lourde montréalaise, j’étais sidéré d’avoir la chance de l’entendre en prestation avec d’aussi bonnes conditions sonores. Il faudrait être fou pour ne pas se procurer leur plus récent album Dog Years, la magnifique pochette à elle seule en vaut l’achat.



 

All Them Witches

Le groupe mystère de la soirée faisait son entrée en scène, je n’avais pas encore eu l’opportunité d’entendre ce qu’All Them Witches avait à offrir. La fébrilité semblait généralisée dans l’assistance, nous avions tous hâte de voir cette formation originaire de Nashville nous enflammer avec son stoner rock typique de leur région des États-Unis. Dès les premières notes, l’influence des styles blues et country nous sautait au visage. La merveilleuse voix du chanteur, également bassiste, était l’une des plus belles que j’avais eu la chance d’expérimenter dans les dernières années. La sincérité émanait de leurs compositions, le son massif complétait à merveille leur musique légèrement plus lente que celle de ses prédécesseurs. Après un ou deux titres, la transition choquante entre eux et The Great Sabatini semblait être déjà chose du passé.

La présence d’un claviériste utilisant un magnifique piano Fender Rhodes rappelait sans contredit le groupe d’ouverture, mais le style était suffisamment différent afin d’éviter les comparaisons. La mélancolie du chant, le son dévastateur de la basse et le talent indéniable du batteur représentaient les trois aspects les plus solides d’All Them Witches. Les points en commun avec Windhand étaient pratiquement inexistants, mais une tournée affichant des groupes au style trop similaire n’est jamais la meilleure idée. L’originalité de cette troisième formation fut celle qui étonna le plus la foule québécoise, parions que cette situation s’est produite à plusieurs reprises durant la tournée puisqu’ils étaient à court de marchandise, ayant vendu les derniers éléments quelques jours plus tôt à Toronto. Il faudra alors attendre le second passage de ces cowboys du stoner pour pouvoir mettre la main sur un chandail ou un magnifique vinyle. Vous pourriez aussi le faire par internet, mais la satisfaction ne serait pas totale. De toute manière, pourquoi oseriez-vous manquer la prochaine visite d’un groupe comme celui-ci ? C’est inconcevable.



 

Windhand

C’est sans éclat que Windhand montait sur la scène du Petit Campus, quelques bâtons d’encens brulaient ici et là et un mur d’amplis habillait le fond de la scène. Les deux guitaristes se préparaient à nous en mettre plein les oreilles avec un fuzz titanesque, qui allait confirmer les rumeurs sonores qui tournaient autour du groupe. Le bourdonnement des guitares était d’une telle puissance que nous avions l’impression de ne plus toucher au sol, une réelle lévitation. La simplicité des compositions était camouflée par cette puissance dévastatrice, qui permettait tout de même à la chanteuse de se faire entendre du public. Le chant divin qui se retrouve sur les albums était presque impossible à reproduire, mais la musicienne se débrouillait plutôt bien vocalement. Quelques passages semblaient un peu trop s’écarter du rythme d’origine des versions studio, mais ce n’était rien de dramatique.

Ce qui posait un problème était le manque de dynamisme de la part des musiciens, la fin de tournée se faisait sentir et la motivation ne semblait pas être à son summum. Ce genre de situation est compréhensible, mais Windhand n’affichait vraisemblablement pas le charisme escompté. Cet élément n’enlevait en rien la puissance que des titres comme Orchard, Woodbine et Winter Sun dégageaient. Ces compositions édifiantes ne peuvent faire autrement que de vous accrocher un sourire malicieux au visage. Même si c’était un mercredi soir et que l’ambiance n’était peut-être pas à son comble, cette soirée restera dans nos mémoires. Espérons tout simplement un peu plus de supports visuels pour épauler leur musique lors de leurs futurs arrêts à Montréal. L’occasion de les voir en tête d’affiche aussi rapidement dans leur carrière était déjà bien suffisante pour cette première expérience en leur compagnie.

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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