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This Will Destroy You + Peter Kernel + Road To Fiasco 01/04/12 @ Point Ephémère , Paris

Portrait de Andrey
This Will Destroy You + Peter Kernel + Road To Fiasco 01/04/12 @ Point Ephémère , Paris

Au lieu de vous parler une énième fois de ces groupes-qu'ils-sont-corrects-mais-sans-plus-en-studio-mais-qui-ont-l'air-pas-mal-en-live, je vais faire bref (du moins aussi bref que c'est possible au vu du début de cette phrase): pour moi, This Will Destroy You en fait partie. J'ai beau avoir écouté les deux opus du groupe, je n'ai jamais accroché plus que ça. Même une dernière écoute de Tunnel Blanket juste avant le show n'a pas réussi à me soutirer autre chose qu'un "oui, mais encore ?". Et cependant, après avoir vu quelques vidéos de leurs concerts, je n'ai pas hésité longuement en voyant cette date apparaître dans les méandres d'Internet. Le nom du groupe prendrait-il alors tout son sens en live ?

Me voici donc devant les portes du Point Éphémère, qui s'ouvriront à 20 heures en laissant au public une petite demi-heure pour se bousculer en toute cordialité dans une salle qui se remplit à une vitesse plutôt inhabituelle. Et c'est le groupe français au nom si encourageant qu'est Road to Fiasco qui entamera les hostilités, avec leur rock assez énergique. C'est bien nerveux, bourré de petits riffs assez ingénieux et de breaks inattendus, et en somme plutôt sympathique. Tout au plus regretterai-je une voix un peu trop répétitive d'un morceau à l'autre, mais elle restera toutefois à l'aise dans son élément, ce ne sera donc pas d'une grande gène à mon goût. L'ensemble de la prestation exécutée par ces musiciens très souriants a par ailleurs un son très propre, et remplit finalement très bien son rôle de première partie, en plongeant dans l'ambiance cette salle d'ores et déjà bien remplie.

Le deuxième groupe à monter sur scène ce soir fût Peter Kernel, et malgré ce qu'on pourrait croire au vu du nom, il s'agit ici non pas d'une seule mais bien de trois personnes qui représentent donc, si l'on en croit leur site officiel, du "art-punk suisso-canadien". Oui, rien que ça. 

N'ayant jamais entendu une note de l'oeuvre de ce groupe (non pas par flemme, mais plutôt pour découvrir le groupe d'une oreille vierge), je dois avouer que je fus plutôt surpris par le son adopté par cette formation internationale. En effet, si dans l'absolu la recette n'est pas très différente du premier groupe, elle sera ici poussée encore plus loin, avec encore plus de riffs étranges, encore plus des breaks à des moments encore plus inattendus, et une voix féminine... encore plus répétitive, puisque les seules paroles prononcées par la chanteuse/bassiste seront des courtes phrases criées à un rythme haché. Cependant, la demoiselle blonde n'est pas la seule à chanter dans ce trio, et la monotonie sera donc diminuée par la voix du guitariste, contribuant à transformer les chansons en une sorte de dialogue. Et je n'ai pas choisi le mot "dialogue" par hasard, car si les musiciens semblent avoir d'excellents rapports amicaux, à en déduire des anecdotes racontées entre les morceaux (on appréciera l'effort de parler français !), cette amitié se déverse aussi dans la musique. Ainsi la bassiste et le guitariste se lanceront des regards d'un bout à l'autre de la scène quasiment à chaque phrase, et iront même se faire une grosse étreinte au milieu d'un long passage légèrement psychédélique. Bref, là encore, sans être parfait, ce set correspond bien à ce qu'on attend d'une première partie.

Et il est enfin temps pour le groupe vedette de la soirée de prendre place sur scène. Les musiciens s’accaparent tout de suite l'espace à leur façon, ainsi l'un des guitaristes est assis sur un tabouret (et n'en bougera que très peu) sur la gauche de la scène, alors que l'autre m'est à peine visible derrière les stands de claviers/machines (dont un magnifique Fender Rhodes), placé en plein milieu de la scène, devant un bassiste au look très redneck. Le batteur est quant lui caché tout au fond de la scène, et il aura beau asséner des coups d'une rare violence à son instrument, on ne le verra que peu derrière les autres musiciens, à mon regret bien trop statiques. 

Le groupe commencera son set tranquillement, par une intro qui sent le post-rock à plein nez, le tout baigné dans des lumières aveuglantes pointées directement dans le public, remplacées par la suite par des tons bleutés. Ambiance plus froide, tu meurs. Mais, alors que le public commence à s'habituer à cette petite ballade, le morceau fait un virage à 180 degrés, nous plongeant sans prévenir dans un mur sonore d'une rare intensité. Tout comme d'autres passages les plus "violents" de ce set, j'en serai même incapable d'identifier la provenance exacte d'un tel déluge de saturation, mais dans tous les cas, c'est plutôt efficace, et l'impression de puissance se dégageant de ses passages justifie effectivement le nom du groupe. 

Je dois en revanche avouer que, les passages les plus calmes (intercoupant régulièrement ces délicieux murs sonores) me ramèneront inévitablement aux enregistrements du groupe et me rappelleront sans cesse pourquoi je n'en écoute que très rarement; si ce n'est pas ennuyeux à proprement parler, c'est juste... classique. De plus, l'attitude des musiciens est aux antipodes des deux premiers groupes (et aux derniers concerts que j'ai fait récemment), pas un seul mot ne sera dit en direction du public; tout au plus aura-t-on droit à un signe de main à la fin. Non pas que ça soit étonnant dans ce genre de musique (encore que, j'aimerais bien savoir d'où vient ce cliché de post-rockeux muets), mais à mon goût c'est toujours un peu dommage de créer une distance supplémentaire entre le public et le groupe. Fort heureusement, le nombre de montées est plutôt conséquent, celles-ci me garderont donc en haleine tout au long de ce set, à priori tiré un peu de partout dans la discographie du groupe. Vous l'aurez deviné, c'est donc un concert que tout fan du groupe devrait (en théorie) apprécier, mais qui ne sera pas non plus désagréable aux oreilles d'un écouteur occasionnel.

J'aime les ours, le whisky et les internets.

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