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Roadburn 2015 : jour 1 : décollage immédiat

Portrait de Vincent Duke
 Roadburn 2015 : jour 1 : décollage immédiat

Tilburg, here we go again. Comme chaque année, armé d’un sac seulement alourdi par du bourbon et du nécessaire carnet / stylos, j’ai pris la direction du plat pays. Du riff, encore du riff. Mais pas qu’un seul type de riff. Oh, non… Et juste histoire de me souhaiter bon voyage et de me faire encore plus apprécier le fait de quitter le pays, les Merveilleuses Forces de l’Ordre et de la Justice du chemin de fer vont me faire une petite blague. Quelques heures plus tard, j’ai rejoint une partie de l’équipe du Pélican et nous filons à vive allure – en-dessous des limitations de vitesse autorisées bien entendu… - à l’est. Encore une fois, la douce commune de Tilburg s’est parée de ses plus beaux attributs et la superbe affiche réalisée par Arik Roper se voit un peu partout. Je sais que cela ne vous concerne que peu mais pour un journaliste, le Roadburn, c’est le rêve. Dans le sens où nous sommes vraiment bien traités (ouais, nous, petites merdes de scribouillards sans âme) et considérés. Sachant que 90% d’entre nous sont absolument bénévoles, je peux vous garantir que ça fait une grosse différence.

Bref, comme le disait Dominique Paturel sur un douze pouces de La Guerre des Étoiles : « vous êtes prêts ?! Alors commençons… ».

Pass en poche, bière à la main, direction Minsk. La salle est déjà blindée mais qu’importe. Quand il faut y aller… Pas cinq minutes après être arrivé à l’intérieur du 013 et déjà se prendre une énorme gifle… Pour donner le ton sans doute. Le son est massif, puissant et anciens comme nouveaux morceaux me roulent dessus comme un rouleau compresseur. Cela faisait un moment que je voulais revoir ce groupe – pas arrivé depuis quelques années – et je vais m’en souvenir… Sachant que Salem’s Pot joue dans la « petite » Green Room, je pars avant la fin pour être en avance. Hors de question que je rate ce groupe qui est pour moi la meilleure chose arrivée aux amateurs de psyché / heavy / barré / Gloire à Satan depuis Uncle Acid. J’en attendais beaucoup. Je ne vais pas être déçu. Mais alors pas du tout. Ça joue, c’est complètement foutraque, evil inside et j’enquille les bières dans une salle complètement bourrée. Pas que la salle me direz-vous… Les « tubes » du groupe s’enchainent. Un nouveau titre… Putain de pute, que c’était bon. Sortir pour prendre l’air en terrasse d’un bar adjacent va s’avérer pas si facile que cela : la salle était bondée mais il y a du monde dans l’entrée et le chemin d’accès. Mon compagnon de route et moi-même devons jouer des coudes pour enfin nous retrouver à l’air libre. Le soleil brille, il fait bien 24°. Tilburg mon amour…

Spidergawd, c'est un peu comme si les Foo Fighters faisaient des bons albums.

Nous croisons nos estimés confrères de Metalorgie qui se dirigent vers Floor et un vieux débat sur le pourquoi du comment je ne mettrai pas un pied devant nous prend cinq minutes. Non, merci. Profitons plutôt du cadre idyllique pour faire un tour au merch. Vite fait, bien fait. Rien de méchant dans ce qui va suivre, je connais le cours du dollar face à l’euro, les difficultés des groupes, etc… Je suis et resterai le premier à répéter qu’il faut les soutenir et que la seule vraie manière d’écouter de la musique chez soi, c’est le vinyle. Mais 25 euros l’album, là, il faut juste pas pousser mémé dans les orties. Ce sera terrasse avant - je ne le sais pas encore – ce qui va être un des plus gros concerts de toute cette édition 2015 : Spidergawd au Patronaat. Leurs deux albums sont bons. Mais alors sur scène, la magie et la furie rock’n roll prennent une toute autre dimension. Ça ne sent pas, non, ça pue à deux kilomètres le Rock sauvage. La puissance et la hargne, le tout dans un écrin de sax en délire. Et ce truc dans la voix… Comme dans du hardcore suédois des 90s. Un pur délice et sans nul doute un groupe à suivre de très près. Pour résumer, Spidergawd, c'est un peu comme si les Foo Fighters faisaient des bons albums.

Andrey file voir Wovenhand. Je pars pour Molonord. Que dire sur ce groupe qui ne l’a pas déjà été ? C’est carré, doom à souhait. Ça joue. Il y a des concerts qui vous laissent une « impression physique » en plus des simples souvenirs. Là, c’était le cas. Un poids sur les épaules.

Temps de faire un break, de se mettre en condition pour le reste de la soirée. Eyehategod et Bongripper, les deux sur la Mainstage.

La Nouvelle Orléans… La boue, les marécages, l’oxy, l’alcool de contrebande, la furie, la dépravation, les amis, l’air à peine respirable, Eyehategod.

La Nouvelle Orléans… La boue, les marécages, l’oxy, l’alcool de contrebande, la furie, la dépravation, les amis, l’air à peine respirable, Eyehategod.  Ce 9 avril, à la moitié du set, je n’étais pas loin de tout ça. Juché au balcon, un océan de têtes qui ondulent en rythme à perte de vue. Mon œil vitreux qui se fixe sur une bière déjà bien trop vide. La voix de Mike Williams qui semble gueuler pour moi tout le bien que je pense de la société. Et ce son… Dantesque.

Je crois avoir fait une rapide escapade en terrasse avant d’enchainer sur Bongripper. Le groupe jouait son « Miserable » dans son intégralité.  Belle pirouette du Grand Tout, du moment où le groupe a commencé à jouer, la seule chose qui ne fut pas misère a été leur son approuvé par Cthulhu et les tsunamis de riffs. Devenu à moitié aveugle par la perte d’une lentille, j’ai fini le concert les yeux fermés, Bongripper me retournant le cortex, façon pilonnage d’artillerie. Même eu la surprise de devoir rentrer une bonne partie du chemin à pied, la merveilleuse base de loisirs ayant décidé cette année de fermer l’accès aux véhicules à partir de minuit. J’ai dodeliné tout le trajet comme si j’étais encore au concert et une source sûre m’a rapporté que, enfin arrivé, mon dernier mot avant de m’effondrer fut « Bongripper  ».

Journalist, radio speaker, PR guy, booker, crate digger, community manager, promoter. Je pourrais aussi l'écrire en français, il est vrai...

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