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Roadburn 2012 : journal de bord jour 03 - Dieu existe et il ne porte pas de t-shirt

Portrait de William
Roadburn 2012 : journal de bord jour 03 - Dieu existe et il ne porte pas de t-shirt

14 avril: cette troisième journée avait des allures similaires aux deux premières : nous avions droit à quelques concerts acoustiques et aux listening party du nouvel album de Saint-Vitus. C'était evil à souhait! Malgré tout, je préférai me diriger vers la petite salle où Mike Scheidt, le guitariste et chanteur de Yob, présentait sont matériel solo.

La salle était terriblement pleine et je dus me résigner à écouter tout cela du fin fond de la pièce. Je pouvais à peine apercevoir ce qui se tramait sur la scène, mais la musique me plaisait beaucoup. Sa voix était fantastique, elle glace le sang et les rythmiques de sa guitare acoustique éclipsaient littéralement tout ce que nous avions eu en matière de folk jusqu'à présent au Festival. Il semblait malgré tout encore amoché de la veille, quelques fausses notes traînant ici et là, mais c'est très compréhensible lorsque vous devez jouer un concert acoustique en solo à 15h00. Une très bonne prestation malgré les minuscules accrochages, jetez-vous sur son album solo tout récent.

Dark Buddha Rising étaient les prochains sur ma liste, mais une entrevue avec Pelican s’est finalement officialisée et devait avoir lieu en même temps que cette prestation. Nous avons alors raté ce magnifique groupe de doom finlandais pour discuter avec le très sympathique Trevor, guitariste principal du groupe. Après une trentaine de minutes de discussion, nous sommes allés prendre place devant Church Of Misery. J'avais terriblement hâte de voir pour la première fois ce groupe culte japonais. Après avoir vu tous les Boris, Mono, Acid Mother Temple de ce monde à Montréal, ce groupe manquait encore à ma collection japonaise. Ce fut purement délirant, du rock à la puissance maximale avec une présence magnifique du chanteur et du guitariste. La scène principale leur convenait à merveille puisque ce sont des habitués du festival, et la foule répond positivement à chaque fois. Malheureusement, deux têtes d'amplificateur de basse sont mortes durant la prestation et nous avons eu une pause d'une dizaine de minutes en première moitié de concert. Cela avait refroidi la foule, mais les riffs démoniaques du groupe nous ont vite redonné le sourire. Tous les grands classiques y passèrent, de Sick Of Living à Filth Bitch Boogie, en passant par Killfornia. Vivement leur passage en Amérique du Nord !

Pelican prenait la suite. La dernière fois que je me suis retrouvé devant cle groupe remontait à un sacré bout de temps. En réalité, c'était lors de leur dernier passage à Montréal avec Isis et Tombs en 2009. Je devais m'attendre à une prestation très différente puisqu’un album et deux EP étaient parus entre temps. Ce fut à des années-lumière de leur prestation montréalaise, l'énergie était débordante et le guitariste qui remplaçait Laurent était tout feu tout flamme. La setlist avait énormément de sens, nous avons pu entendre Last Day Of Winter, Ephemeral, The Creeper, Dead Between The Walls, etc. De plus, deux nouveaux morceaux de leur EP Ataraxia/Taraxis furent joués et ils étaient totalement réussis. Pelican ne déçoit jamais vraiment malgré son changement d'orientation constant. Ce fut l'une des prestations les plus agréables et entraînantes du festival, avec beaucoup de headbangs sur leurs riffs toujours trop accrocheurs. Ne les ratez pas sur le reste de la tournée européenne et procurez-vous le nouvel EP qui est plutôt sympathique.

L'attente d'avant Sleep commençait à se faire sentir chez les festivaliers, heureusement nous avions encore quelques bons trucs à nous mettre sous la dent avant d'assister à ce moment historique. Notamment, les légendaires The Obsessed qui revenaient des entrailles de l'enfer pour nous présenter un concert totalement irréaliste. Qui aurait cru que Scott "Wino" Weinrich ressusciterait le groupe pour le festival? Malgré l'opportunité qui se présentait à moi de voir cette formation, je préférai aller voir le groupe français Mars Red Sky jouer dans la Green Room. Leur style de musique me plaisait définitivement plus que celui de The Obsessed. Désolé papa Satan si je ne suis pas assez doom pour vous… Je n'allais tout de même pas manquer le passage de Mars Red Sky, ce fameux groupe qui fait sensation actuellement avec sa sonorité stoner extrêmement raffinée. Que du bon, la guitare était fidèle à l'album avec un son unique et recherché. La voix de Julien Pras est tout aussi étrange et envoûtante en prestation, elle coule de façon magistrale à travers les compositions raffinées du trio français. Le seul défaut semblait être la perfection du résultat, nous avions l'impression d'écouter l'album, mais à une puissance maximale. Disons-le, ce n'est pas ce qui est le plus dramatique. Jetez-vous sur ce groupe, c'est un conseil d'ami.

Trente minutes avant Sleep et j'avais Necro Deathmort pour me divertir, quoi de mieux? N'importe quoi finalement, puisque le résultat était plutôt faible. C'était un espèce de Godflesh des pauvres, rien de mauvais, mais rien de comparable avec leur matériel studio. Ils semblaient avoir été pressés par le temps pour s'installer et les musiciens étaient en colère. Ils avaient beaucoup de filage et le tout semblait très complexe, mais le Roadburn aime quand tout roule rapidement. Ils commencèrent à l'heure malgré tout et les premiers morceaux furent plutôt étranges, une cacophonie électro-industrielle des plus ennuyeuses. Le premier morceau que j'ai reconnu fut l'excellent Temple Of Juno, mais l'appel de Sleep se faisait entendre et je me devais de trouver une bonne place pour cette prestation. Désolé Necro Deathmort, meilleure chance la prochaine fois.

Aussitôt arrivé dans la salle principale du 013, je sentais que le moment allait être tout à fait particulier. Sleep s'apprêtait à jouer. Matt Pike effectuait les tests de son nécessaires pour que le son de sa guitare soit digne d'Holy Mountain et de Dopesmoker. C'est dans ces moments-là que nous voyons qui sont les vrais groupes, pourquoi avoir un technicien quand on peut seulement venir sur la scène et le faire soi-même ? De toute manière, je ne vois pas qui aurait pu toucher aux six amplis de Matt Pike ou aux quatre d'Al Cisneros. Dix amplificateurs pour deux musiciens, c'est presque autant que Slayer. Par contre, ceux-ci n'était pas en carton.

Comment bien commencer un concert? Avec trente minutes de Dopesmoker! Ce fut une palpitante introduction lente et constamment plus lourde. Jamais je n'ai entendu un tel trio, c'était définitivement trop fort. Mais bon, pourquoi s'en plaindre? Il y avait même une compétition entre deux membres, le bassiste regardait sans cesse la force à laquelle le guitariste jouait et il ajustait son ampli pour être plus fort… et vice-versa. Ce fut un furieux périple vers la puissance maximale à laquelle un concert peut aller. Les morceaux de l'album Holy Mountain furent presque joués en totalité, le poil se dressait sur nos bras dès les premières notes de guitare sur des titres comme Dragonaut. La basse était tranchante, une sonorité encore plus violente et massive que sur les morceaux de son autre projet, Om. Matt Pike le guitariste semblait dans un état physique minable, mais il sait manier la guitare comme personne d'autre. C'était beau (ou pas) de le voir dans autre chose que High On Fire. Le concert de Sleep fut, à mon humble avis, excellent. Nous avions droit à tous nos morceaux favoris, en quinze fois plus fort qu'à l'habitude. Bien sûr, si vous vous attendiez à avoir un concert énergique vous avez été déçu. Les musiciens sont sérieux et dans leur propre univers, il n'y a rien de mal là-dedans. D'ailleurs, je crois que fermer les yeux était la chose à faire durant cette prestation. Se laisser transporter par la lourdeur et les mélodies légendaires en voyageant dans son propre univers mental était la meilleure des idées. Ce fut deux heures de bonheur total, si Sleep passe dans votre coin de pays, ne réfléchissez pas allez-y et planez comme de purs connards!

Après Sleep? Il n'y avait qu'une seule possibilité, Bongripper! Combattre la lourdeur par la lourdeur, voici ma philosophie. Ce fut la meilleure idée possible, cette prestation fut monstrueuse, une énergie malveillante planait au-dessus de nos têtes. Du doom surpuissant exécuté par quatre jeunes hommes aux apparences saines. Ne vous détrompez pas, la marchandise fut livrée avec vigueur et hargne. Énormément de fougue se dégageait de la scène du Het Patronaat, des nouveaux morceaux comme Sex Tape furent exécutés de façon létale. Des rythmes retentissants s'apparentaient à des coups de marteau violents sur la tête. Ce fut un concert époustouflant, j'étais bouche bée devant la prestance de ses jeunes musiciens prolifiques. Du doom invraisemblablement lourd, quoique très classique dans la forme, mais compensant par une énergie fabuleuse. J'étais déjà excité à l'idée de les revoir le lendemain jouer l'album Satan Worshipping Doom en intégralité. Comment ne pas en avoir envie? Catharsis de Yob et Satan Worshipping Doom de Bongripper, oh oui c'est ce qui vous attend dans la dernière partie de ce compte-rendu !

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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