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Radio Moscow + Black Bombaim + The Black Willows 04/06/2014 @ Glazart, Paris

Portrait de Julien
Radio Moscow + Black Bombaim + The Black Willows 04/06/2014 @ Glazart, Paris

Présenter les soirées Stoned Gatherings du Glazart, est-ce vraiment utile ? Vous fréquentez l'institution, vous savez. Vous ne connaissez pas encore ? C'est ligne 7, Porte de la Villette, sortie 4. Vous reconnaîtrez l'endroit à la bonne compagnie patientant devant. Poussez la porte. Vous y êtes.

Tout aussi inutile de classer les soirées par genre. La seule taxinomie prévalant ? Celle de l'ambiance. A titre personnel, j'ajouterai également la météo : pour les Stoned Gatherings in situ, rien ne vaut des températures élevées pour évoquer le cagnard poisseux du Deep South. A cet égard, juin est prometteur.

L'affiche de ce soir ? Une grosse côte avec les Américains de Radio Moscow. A peine entré, je suis surpris de l'affluence grands jours, alors que le premier groupe n'a pas encore terminé son set. Et c'est aux Suisses de The Black Willows que revient le privilège d'ouvrir la soirée. Que dire, sinon de constater objectivement, que leur set est raté ? Un guitariste est manquant, et le groupe tente de pallier cette absence sans grand succès. Le son est plombé, appauvri, sursaturé. C'est réellement dommage au regard du travail studio du groupe. J'espère pouvoir les revoir dans des conditions optimales, car cela faisait peine à voir. L'entracte vient à point nommé pour se rafraîchir les oreilles avec une grande bière.

Peu d'attente, et Black Bombaim enchaîne. Un long jam planant introduit leur set, et cela dure, dure... Longuet et monocorde. Aussi psyche soit ce morceau de bravoure, il manque un je ne sais quoi qui affriande les sens. Et  puis, sans qu'on sache exactement à quoi cela tient, nous sommes arrachés à cette pesanteur première et propulsés à toute blinde dans la troposphère. Ricardo donne le ton avec des riffs tour à tour furieux et lancinants. Derrière, la rythmique est irréprochable, conférant une ossature solide à cette musique baignée de soleil. Tout au long du set, la foule grossit telle une marée montante. Une réelle partie de plaisir. Black Bombaim est en mode purement instrumental, pas une parole n'aura été échangée avec le public, et pourtant l'interaction se sera avérée merveilleuse. A revoir sur une plage, vite.

Break un peu plus long en attendant Radio Moscow. Manifestation d'impatience du public ? Du tout. Celui-ci est conquis d'avance. Admirable présence du groupe, si celle-ci se vérifie déjà in absentia. Et la société du spectacle pouvant être compris par sa réciproque, rien n'empêche pendant ce temps d'observer le public lui-même. Métissage complet. Une part non négligeable de personnes ne se déplaçant que pour de l'événementiel, vêtues en conséquence pour l'occasion.

(NB 1 : Nous nous rappellerons une certaine blogueuse qui, à Rock en Seine 2013 déplorait que la musique parasitât son article sur la mode).

(NB 2 : Loin de moi de décerner le titre de spectateur modèle à qui que ce soit. Mais cette manie de passer un concert derrière son smartphone est chiante. Vivez vos concerts au lieu de les liveblogger sur les réseaux sociaux ! Et allez faire vivre la fosse au lieu de craindre pour vos boots à 500 boulons ! En revanche rien ne m'empêche de jeter l'anathème sur ces connards de hipsters à bonnet qui me gâchent la vue, tout le monde sachant pertinemment qu'un bon hipster est un hipster mort. J'ai fini de vomir ma haine, merci d'avoir pris le temps de m'écouter.)

Dès l'apparition des musiciens sur scène, dès les premières notes jouées, l'ovation est automatique. Automatique et creuse. C'est bien la peine de faire autant de bruit pour se montrer aussi sage, voire statique, 10 minutes plus tard. De fait l'ambiance sur scène s'en ressent. Radio Moscow, c'est très bien, mais en live ça ne semble pas si différent du studio. Il faut attendre que le pit s'endêve pour que le groupe passe la surmultipliée, amplis réglés à 11.

(NB 3 : Un grand merci aux habitués des Stoned Gatherings pour leur imprévisibilité et leur propension à la folie totale).

Dès lors, Radio Moscow s'emballe et nous avec. Parker Griggs nous gratifie d'un chant blues rocailleux à souhait, tirant de sa guitare des riffs que Hendrix n'aurait pas reniés, tandis que son bassiste habille les morceaux d'une rythmique groovy et/ou funky. Le pit répond en slammant généreusement, et l'énergie de chacun vient nourrir et entretenir la ferveur de l'autre. Radio Moscow, simple revival des 70s ? Non. Les années 70 sont évidemment brandies à bout de bras, mais il s'agit de leur rendre hommage. Ne nous attardons pas sur d'obscures questions de critiques génétiques. Griggs et ses acolytes se prennent beaucoup trop au sérieux pour ne pas nous convaincre du plaisir qu'ils prennent à jouer et à partager ce qu'ils aiment.

 

Crédits photos : CSAOH.com / Andrey Kalinovsky

J'aime les chats roux, les pandas roux, Josh Homme et Jessica Chastain.

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