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Neurosis + Amenra live 23/07/11 @ Machine du Moulin Rouge, Paris

Portrait de Andrey
Neurosis + Amenra live 23/07/11 @ Machine du Moulin Rouge, Paris

Bien décidé à mourir écrasé par des murs de son, seulement 24 heures après m'être pris une claque par Swans, j'enchaine sur Neurosis, épaulés par Amenra. Je pense qu'il est inutile de présenter ces deux groupes, considérés comme incontournables du genre. En revanche, il est intéressant de noter que Neurosis n'a pas mis les pieds à Paris depuis plus d'une dizaine d'années, ce qui explique certainement la vitesse à laquelle sont parties les places. Pour leur part, AmenRa (qui était d'ailleurs, à mon goût, le meilleur choix possible pour cette première partie) avait sa signature chez Neurot Recordings à fêter, cette soirée promettait donc d'être mémorable. Fan de Neurosis depuis des années, et m'étant déjà fait écraser par la puissance d'AmenRa il y a un an, à Nantes, dire que mes attentes pour ce concert étaient élevées serait un euphémisme on ne peut plus doux. En fait, je trépignais littéralement d'impatience...

Est-il vraiment utile de garder le suspense quant à la qualité de ce concert ? Je doute, surtout vues les reviews des précédentes prestations de ces géants. Ainsi, pour faire court: c'était immense. Puissant. Apocalyptique.

Tout a commencé vers 19 h, lorsque, accompagné de mes amis, je suis arrivé devant la Machine. Il y avait déjà quelques personnes dans la file d'attente, et nous nous sommes vite rendu compte que venir aussi tôt était une très bonne idée. En effet, la file s'est vite allongée pour déborder partout sur le trottoir (le contraste avec le public de la file d'attente pour le Moulin Rouge, juste à côté, était par ailleurs plutôt amusant). Tout en discutant, on entendait des bouts de soundcheck: des guitares au son irréprochable et ces voix éraillées et si puissantes. Ca promettait.

Les portes ne se sont ouvertes que vers 20 h 15, et l'attente me parut interminable avant que les lumières s'éteignent et que les belges de AmenRa entrent sur scène. BLAM ! D'entrée, ça attaque fort, le son est parfait, la musique toujours aussi lourde et puissante, la voix toujours aussi enragée (et le chanteur toujours tourné le dos au public). Rien n'a changé en un an, et c'est très bien comme ça. Le groupe joue donc son set quasiment dans le noir, uniquement éclairé par quelques néons trainant par terre, et des projections en noir et blanc. Enfer pour les photos, mais ambiance collant à merveille à cette musique remplie de noirceur. J'ai également beaucoup apprécié la setlist, car après un premier morceau que j'ai du mal à identifier de mémoire (peut-être The Pain is Shapeless ?), nous avons droit à Razoreater, au cours de laquelle j'entends pour la première fois en live la voix claire de Colin, qui s'en sort extrêmement bien. S'en suivent Am Kreuz (je suis aux anges) et Aorte, pour finir sur la très efficace Silver Needle, Golden Nail, avec son final toujours aussi inattendu. Comme la dernière fois, le groupe finit sur un riff inachevé, dépose ses instruments, et disparait de la scène avant que le public ait le temps de comprendre ce qui s'est passé.

Après cette prestation qui donne l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur, l'attente semble encore plus longue, et lorsque le rideau s'ouvre enfin pour la deuxième fois, un soupir de soulagement retentit dans toute la salle. Ca attaque tout aussi fort, avec un classique Locust Star. Le son est nickel (certains trouveront la basse trop brouillonne, je ne partage pas leur avis), le groupe en forme, et les musiciens affichent d'ailleurs un air renfrogné ponctué de grimaces bien menaçantes. Ici, on ne rigole pas, ici on se tait et on prend notre claque. Et claque il y a. Si au deuxième morceau (Given to the Rising, wouhou !), quelques personnes dans le public essayent encore de pogoter, ces pulsions se calment d'elles-mêmes une fois arrivé à End of the Harvest, car lorsqu'une telle vague de puissance se déverse de la scène, on ne peut rien faire d'autre que d'écouter. Et de faire des headbangs, accessoirement.

L'ambiance se pose au quatrième morceau, A Season in the Sky, qui provoque quelques cris de joie dans le public.

Ensuite on a droit à un nouveau morceau, At the Well (d'après la setlist affichée à droite de la scène), et ça repart pour une bonne dose de testostérone, avec Water is Not Enough, qui enchaine sur Belief, At the end of the Road et un autre nouveau morceau, Killing Elm. Rien de particulier à ajouter sur ces morceaux-là, si ce n'est que tout est magnifiquement bien exécuté.

Vient finalement l'heure du dernier morceau. Les roadies ramènent sur scène des fûts additionnels, et les fans hardcore (ainsi que ceux qui ont vu la setlist) se réjouissent déjà, car c'est bien évidemment Through Silver in Blood. C'est du lourd, du massif, du puissant, les voix s'enchainent très bien, et c'est là que commence l'apocalypse. Alors que Scott Kelly s'explose l'arcade contre son micro en faisant des headbangs (ce qui ne l'empêchera pas de continuer à taper dedans), Noah Landis démonte une partie de son clavier et fait valser les restes. De son côté Steve Von Till s'empare du micro qu'il enroule autour de sa guitare et s'amuse à en faire sortir des larsens en le collant contre les retours et en le frottant sur sa guitare. Au bout d'un moment les deux guitaristes se tournent vers les futs installés par les roadies (qu'ils ont entre-temps relevé plusieurs fois, suite à des collisions avec les membres du groupe), sortent des baguettes et accompagnent la batterie en frappant de toutes leurs forces, menant ainsi à un final absolument renversant.

Ainsi se conclut ce qui fut mon meilleur concert de l'année jusque-là, et l'un des meilleurs qu'il m'ait été donné de voir. La seule chose que je pourrais reprocher est le jeu de lumière, totalement absent, Neurosis jouant éclairé en permanence par des spots jaunes et des projections sur un écran au fond. Mais même si on aurait pu espérer des éclairages plus variés, ce détail reste de moindre importance, et ne gâchera en rien cette soirée. En un seul mot: mindblowing.

J'aime les ours, le whisky et les internets.

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