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Mono + Chris Brokaw 13/09/2012 @ Il Motore, Montréal

Portrait de William
Mono + Chris Brokaw 13/09/2012 @ Il Motore, Montréal

Après le passage de Caspian la semaine dernière, nous avions déjà droit à une autre grosse pointure du genre post-rock, et cela se produisait encore une fois au fameux Il Motore. Le quatuor japonais Mono était de retour après une absence de plus de deux ans en sol montréalais. Leur dernier passage en 2010 avec le groupe écossais The Twilight Sad m'avait agréablement surpris au niveau de la puissance sonore et j'avais envie de vivre cette lourdeur à nouveau.

La soirée s'annonçait courte puisque la seule et unique première partie était assurée par une performance solo de Chris Brokaw, plutôt connu pour son travail dans les groupes Come et Codeine. Pour une raison mystérieuse, le concert débuta dès 21h00, alors je dois avouer avoir pratiquement raté la performance de ce musicien new-yorkais. J'ai tout de même réussi à capter les deux derniers morceaux, où plutôt segments, de cette prestation mixant drone, rock et une petite touche de folk. Le résultat me semblait plutôt banal, surtout lorsqu'on constate la surdose d'expérience qu'il doit avoir sous sa cravate. La performance était timide, inégale et manquait de cohésion entre les segments musicaux. Du moins, c'est ce que la quinzaine de minutes où j'ai pu l'apercevoir m'ont révélé. Vivement Mono…

Rien ne semblait avoir changé chez nos post-rockeurs japonais favoris, à l'exception de quelques rides supplémentaires sur les visages et une fatigue apparente. J'espérais qu'ils seraient dans une grande forme afin d'égaler la magnifique prestation d'il y a deux ans à la Sala Rossa. D'ores et déjà, les conditions douteuses qu'offre le Il Motore semblaient déteindre sur l'ambiance globale de la soirée. À l'exception des premières rangées, la scène plutôt basse ne permettait pas au public de voir les deux guitaristes jouant confortablement assis sur des bancs. Lors des premiers morceaux, le jeu de lumière miteux semblait empêcher les musiciens d'entrer totalement en communion avec leurs instruments, le batteur et la bassiste semblaient regarder le système d'éclairage avec désespoir.

Malgré tout, les premiers morceaux furent porteur d'une bonne nouvelle : le son du Il Motore était excellent. Contrairement à leur dernière prestation, où le son était beaucoup trop fort, la balance était parfaite dès le départ avec les titres Legend et Nostalgia, sortis tout droit du nouvel album For My Parents. La suite du concert fut fidèle à ce à quoi Mono nous a habitué, c'était planant, envoûtant et fracassant. Le groupe nous a offert une montagne russe de décibels asiatiques, l'originalité de composition des guitares me fait toujours sourire. Malgré cette divergence avec le post-rock habituel, je dois avouer ne plus prendre mon pied dans des concerts de ce genre. Vous serez sans doute du même avis que moi, mais rester debout pendant quatre-vingt-dix minutes à regarder des Japonais sur des chaises n'a rien de très excitant. J'essayais autant que possible de fermer les yeux pour planer d'avantage, mais le système d'air conditionné bidon de la salle me crachait son air au visage et je n'arrivais pas à me concentrer, ce ne fut définitivement pas aussi immersif qu'à la Sala Rossa.

Malgré tout, Mono a réussi son pari en nous transportant dans son univers musical très cinématographique. La foule semblait majoritairement conquise et satisfaite de la dose de beauté sonore à laquelle elle venait d'assister. De mon côté, je n'ai pas eu le temps de frôler le sommeil, ce qui est possible dans un concert comme celui-là, dans lequel la musique est magnifiquement douce et envoûtante. La fatigue n'aura finalement pas eu le dessus sur la troupe provenant du Japon, j'aurais été pour une deuxième fois enchanté par ces merveilleuses mélodies. Je ne crois pas avoir le désir de revoir Mono dans le futur, l'expérience n'évolue pas assez pour la revivre sans cesse, mais je la recommande fortement aux gens ne l'ayant pas encore expérimenté. Au final, ce fut une belle soirée qui se sera déroulée tout en douceur pour le bien de nos cerveaux surchargés de concerts en cette période folle de l'année.

Crédits photos : Renaud Sakelaris

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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