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Mogwai 31/01/2017 @ Théâtre St Denis, Montreal

Portrait de Max Cayer
Mogwai 31/01/2017 @ Théâtre St Denis, Montreal

La musique des Ecossais de Mogwai a toujours eu cet aspect cinématographique, et ce, même sans images pour si prêter. C'est le cas de la plupart des groupes issus du mouvement post-rock, dans sa genèse, le style est une musique d'introspection, qui invite à se perdre dans ses pensées, et de s'imaginer son propre film dans sa tête. Mogwai, eux sont des vétérans des trames sonores, puisque Atomic est leur quatrième sur cinq collaborations avec le 7ieme art (la cinquième étant la récente Beyond The Flood) suivant leurs collaborations sur la série française "Les Revenants ", le film de science-fiction " The Fountain" avec Clint Mansell et Kronos Quartet, et le documentaire sportif " Zidane : A 21 century portrait ". 

Étant un fan de la première heure, ce depuis Young Team, j'ai toujours aimé le Mogwai plus tranquille, introspectif, délicat, épuré, fragile, triste. J'ai une plus grosse affinité pour le Mogwai qui bidouille sur les synthétiseurs, les boîtes à rythmes, qui manipule les ambiances et qui s'inspire du krautrock, même si j'adore et vénère aussi le Mogwai féroce, destructeur, abrasif, qui noie tout de distorsion et enveloppe avec le volume.Cependant, je trouve toujours une plus grande beauté dans leurs pièces plus tranquilles, avec des lignes de piano épurées et simples, mais mélodieuses, qui restent en tête, les guitares ambiantes, le son feutré des synthétiseurs, la carrure de la rythmique et bidouillages sonores. Ils sont capables d'évoquer en moi de plus grandes émotions, une plus riche palette de sentiments, et ce n'est pas surprenant que ce soit cette facette du groupe qui se prête le mieux au côté cinématographique de la musique du quintette de Glasgow. 

Déjà sans avoir même vu le film qui accompagne Atomic j'adorais l'album, et ce depuis sa sortie en avril, l'an passé, tout comme j'avais adoré " Les revenants " pour les mêmes raisons : des pièces courtes, plus honnêtes, qui n'ont pas peur d'être delicates, belles, sobres et porteuses d'espoir mais aussi capables d'être sombres et menaçantes, qui servent à grossir les émotions provoqué par des images. 

Le film, lourd dans son sujet, est un magnifique montage d'images d'archives à propos de 70 ans d'histoire entre l'homme et le nucléaire.

J'étais bien déçu d'avoir manqué l'an passé l'occasion de voir une projection spéciale du film Atomic à la Vitrola, mais je me doutais (ou j'espérais) que nous aurions sûrement l'occasion de les voir nous la jouer en concert avec une projection et un son adéquat. Quelle ne fut pas ma surprise quand j'ai vu s'annoncer une soirée avec Mogwai qui performent Atomic avec une projection du film au magnifique Théâtre St-Denis pour débuter 2017. 

La salle se remplissait lentement hier, et vers 8h15, les lumières se sont fermées et le générique du film commençait à dérouler sous nos yeux alors que le quintette de Glasgow prenait place sur scène. Tous assis, l'interaction était minimale, puisque la musique et les images prenaient toute la place. Le film, lourd dans son sujet, est un magnifique montage d'images d'archives à propos de 70 ans d'histoire entre l'homme et le nucléaire ( je m'attendais à rien de moins de la part de la BBC qui fait selon moi certains des meilleurs documentaires que j'ai vus). Passant d'Hiroshima à Tchernobyl, de 3 Mile Point à la catastrophe plus récente au  Japon, des bienfaits et des moins "biens faits" de cette  invention humaine, qui a la possibilité de tous nous éradiquer, mais une technologie qui est aussi responsable de grandes avancées en médecine moderne. Je dois vous avouer qu'à quelques reprise, j'ai du m'essuyer les yeux devant l'horreur et la destruction que causent les bombes atomiques. 

N'étant pas nécessairement un grand émotif, la vue des corps d'enfants morts dans les débris d'Hiroshima, les familles des pauvres hommes et femmes morts à Tchernobyl et la partie où des parents parlent de leur fille décédée d'un cancer mais qui grâce à la technologie médicale nucléaire a au moins pu avoir une chance d'être (en vain) adéquatement soignée ont été particulièrement durs sur mon cœur de parent. 

La musique elle, était sublime, évoquant bien les émotions qui était amenées par le sujet,  le son excellent et fort et un Mogwai en très grande forme, Montréal  étant la dernière date de cette tournée nord américaine, le spectacle était rôdé au quart de tour et le groupe parfaitement synchronisé avec les images. Le seul défaut que j'ai pu trouver à cette soirée, c'est la courte durée du spectacle, un peu plus d'une heure, mais en même temps comme le groupe lui-même l'a très bien dit, "on se verrait mal venir jouer "Haunted by a freak" ou "Mogwai fears Satan" après avoir joué Atomic. Donc pour les classiques, on remettra ça à une autre fois".  

Les moments forts furent abondants, puisque comme je l'ai mentionné plus haut, l'album Atomic est excellent, un de mes favoris du plus récent catalogue du groupe, particulièrement les pièces Ether, Scram, Are You A Dancer ?, Tsar et une Fat Man exceptionnellement puissante avec une finale toute en feed-back, digne du Mogwai Ravageur que l'on connaît bien. 

En somme une soirée extraordinaire, un film, quoique lourd dans le sujet, exceptionnel, triste, très bien monté, qui nous fait songer à ce que l'homme s'acharne à faire et nous demander pourquoi nous avons construit une arme d'une telle force de destruction.

Merci Mogwai et Mark Cousins. 

Batteur pour Nous Étions et Argument, bassiste pour Valeri Fabrikant et The Band Of Peace, père de famille, maniaque de musique en tout genre.

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