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Horisont + Satan's Satyrs + The Shrine + Kadavar 17/11/2015 @ Le Trabendo, Paris

Portrait de Floriane
Horisont + Satan's Satyrs + The Shrine + Kadavar 17/11/2015 @ Le Trabendo, Paris

A quelques jours seulement des attentats de Paris, je me glisse à nouveau dans l'ambiance d'une salle de concert, accompagnée d'une poignée de téméraires. Cette soirée musicale est pour moi la première dans ce contexte tendu. La décision de venir s'est prise sur le tard, entre doute et incompréhension. Je remercie Fabian Belleville, le photographe de l'article, de s'être proposé spontanément.

Comme beaucoup, j'ai passé cet horrible week-end à rassurer mes proches, à répondre aux interminables "ça va ?", mélange de gentillesse et de la maladresse. Qui oserait répondre "non je suis effondrée, j'ai envie de m'enterrer dans un trou" ? C'est ainsi que le "on fait aller" l'emporte, et aide à s'auto-convaincre qu'on n'est pas si mal finalement. Puis vient le "ce sont des proches que tu as perdu ? ". Ah mais oui, c'est vrai, il est très important de classifier. De mettre dans des boîtes. Des "toutes petites boîtes, très étroites", comme le disait si bien Greame Allwright. Un joli rangement qui a pour but de définir une sorte d'échelle de la douleur, mais qui ne soulage en rien la peine. Bien au contraire. Il est difficile ce soir de se focaliser sur un quelconque divertissement, de s'amuser et de continuer à vivre. Lorsque la tristesse, égoïste et écrasante, fait place à la peur, il ne reste plus que l'amour de la musique et les amis qui se tiennent là, dans la fosse, devant Horisont, Satan's Satyrs, The Shrine et Kadavar.

Timidement mais sûrement, le Trabendo se remplit. Les caméras affluent, les gens rient, pleurent, boivent, cherchent une consolation, ou tout simplement un repère. La fouille à l'entrée apaise certains, en inquiète d'autres. Les sourires s'esquissent sur les visages malgré les yeux tristes. Qu'importe le groupe sur scène, l'important est d'avoir une grosse dose de décibels dans les oreilles, un picotement familier qui chatouille sa passion pour la musique.

Quelques notes de La Marseillaise amplifiée retentissent, puis postée devant le bassiste-chanteur de Satan's Satyrs, avec son faux air de Mick Jagger et son t-shirt trop petit, je commence à me sensibiliser au concert. Les applaudissement, les cris, les slams, ce public assoiffé de Rock'N'Roll font si chaud au cœur !

The Shrine nous gratifie d'un guest, Beb des Soggy, pour interpréter « Waiting For The War », une cover des Soggy justement. Il y a quelque chose dans l'air qu'on partage tous. L'échange est très fort, il soulage. Le "long life Rock'N'Roll", lancé par Simon "Dragon" Bouteloup, le bassiste de Kadavar avant leur show, est synonyme d'espoir. Tout comme leur set qui, à l'instar de tous les concerts de Kadavar que j'ai pu voir, est brillant ! Après  « Lord Of The Sky », « Thousand Miles Away From Home », « Last Living Dinosaur », « Into The Night" et bien d'autres, c'est « Come Back Life » qui clôt en beauté le spectacle. Le public monte sur scène pour embrasser et remercier le groupe. Émotion… C'est le cœur un peu moins lourd que je regagne mes pénates, emplie de cette intensité bienfaitrice.

 

Crédits photos : Fabian Belleville

Journaliste - rédactrice, à l’affût des nouveautés rockailleuses venues du désert et d'ailleurs...

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