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Godstopper + Hammerhands + Rhino + Luther Higgs 21/02/2013 @ Piranha Bar, Montréal

Portrait de William
Godstopper + Hammerhands + Rhino + Luther Higgs 21/02/2013 @ Piranha Bar, Montréal

a vie nous réserve souvent des surprises et, croyez-moi, cette review en est une. Nous n'avions pas prévu de couvrir ce concert puisque l'impressionnante tournée d'Enslaved, Pallbearer, Royal Thunder et Ancient VVishdom était de passage à Montréal la veille. Malheureusement pour nous, Dieu changea drastiquement ses plans. Disons simplement qu'il fit quelques excès avec Mère Nature, ce qui empêcha les trois groupes de première partie d'atteindre Montréal. Seuls les braves vikings d'Enslaved ont eu l'idée folle de venir jouer malgré tout, ils sont arrivés à la salle à 23h15 et le concert a commencé à 1h25 du matin… Croyez-moi, j'étais déjà dans mon lit depuis longtemps.

Revenons au plus important, cette fameuse soirée toute canadienne que nous offrait le Piranha Bar en ce doux jeudi hivernal. Les jeunes musiciens de Luther Higgs revenaient à la charge avec leur habituelle recette à saveur de post-métal à la fois pesant et entrainant. Le quatuor instrumental progresse rapidement et les nouveaux morceaux sont de loin supérieurs à leurs prédécesseurs. Malgré quelques petites erreurs de synchronisation, ils livrèrent habilement la marchandise. Les structures sont complexes, mais le résultat demeure facile à apprécier. Disons simplement que le headbang devient rapidement de mise et impossible à contrôler. Les amateurs de musique instrumentale doivent absolument garder un oeil sur cette formation lors des prochaines années, ils ont un excellent potentiel.

Le nouveau mastodonte de la scène locale s'apprêtait à prendre la relève. Un nom viril et puissant comme Rhino ne vous laisse aucune surprise, la lourdeur et l'agressivité seront à l'avant-plan pour cette prestation. Étonnement, le premier morceau tardait à prendre son envol. La rythmique très lente rappelait un post-metal subtil à la Rosetta, où l'ambiance prend place très doucement et avec progression. Disons simplement que si je n'ai pas raffolé de ce premier titre, c'était simplement parce que j'avais envie d'en prendre plein la gueule. La situation se fixa rapidement avec la cadence plus rapide de la deuxième pièce. L'énergique chanteur défonçait le plafond avec son dangereux pied de micro et la lourdeur de la basse faisait trembler les rues avoisinantes. Sans être très original, Rhino s'avoue être une belle addition à notre scène locale qui manque véritablement de groupes du genre. Je suis certain qu'avec quelques mois ou années supplémentaires sous la cravate, ils nous sortiront des compositions fantastiques alliant émotion, lourdeur et expérimentation. Prenez quelques notes, la relève est à nos portes et elle sera de plus en plus puissante.

L'Ontario était désormais à l'honneur avec deux groupes surprenants. Le premier à prendre place à la suite d'une attente ridiculement longue fut Hammerhands. Les balances de son n'en finissaient plus et l'heure se faisait déjà tardive. Heureusement, les quatre musiciens réussirent à atteindre la lourdeur escomptée après une pause de près de 45 minutes. Je n'en croyais pas mes yeux, ou plutôt mes oreilles, il était étonnant de ressentir une telle puissance sonore dans un endroit comme le Piranha Bar. Le technicien sonore semblait furieux de l'excès de décibels du groupe canadien. Je n'étais certainement pas celui qui allait en rajouter, j'adore la musique lorsqu'elle est exploitée à ses limites et Hammerhands a su nous mettre K-O. Les terribles riffs défonçaient nos crânes et le chanteur asiatique était étonnement puissant. Malgré sa mince silhouette, il me faisait penser à un maître de Kung-Fu qui maîtrise à merveille son art. Ses cris perturbateurs et ses rythmiques agressives donnaient le ton à cette musique massive. Un doom furieux nous était offert par Hammerhands, un grand professionnalisme et une vaste expérience se dégageaient des musiciens. Parions que vous en entendrez parler à nouveau et que leur première apparition à Montréal sera le commencement d'une série de plusieurs excursions mémorables.

L'un des groupes les plus originaux du Canada avait la tâche de conclure cette longue soirée. Les Torontois de Godstopper ne rivalisaient définitivement pas avec la lourdeur de leurs camarades ontariens. Ce n'était sans doute pas leur objectif, ils oeuvrent plutôt dans un étrange mélange de doom, de noise et de rock. Le batteur fait un travail fantastique puisqu'il doit s'occuper du chant principal en même temps que de faire vibrer ses tambours. Les trois autres musiciens le secondaient par moment afin de lui permettre de respirer un peu. Leur tout récent album What Matters fait actuellement des ravages dans la scène, il sait étonnamment rallier les admirateurs de doom très puissant avec la folie que proposent des groupes comme les Melvins. Beaucoup de changements de directions imprévisibles et de chants inhabituels sont à prévoir. Mon cerveau était sans doute trop épuisé pour bien profiter de cette musique originale, mais j'ai apprécié la prestation davantage que lors de leur dernière prestation à Montréal avec The Great Sabatini. Les quelques problèmes techniques ne les ont pas empêchés de livrer une honnête prestation. Pour conclure, l'écoute de cet album s'impose si vous aimez sortir des sentiers battus et que vous tournez en rond dans vos découvertes musicales. Godstopper étonne par son imprévisibilité et la qualité de ses compositions. Faites-vous plaisir et ne les ratez pas la prochaine fois !

Crédits photos : François-Carl Duguay / Laligneaharde.com

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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