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Festival Rrroooaaarrr 2015, Windhand + Thou + False + Show Of Bedlam + Nightwitches 30/07/2015 @ Sala Rossa, Montréal

Portrait de William
Festival Rrroooaaarrr 2015, Windhand + Thou + False + Show Of Bedlam + Nightwitches 30/07/2015 @ Sala Rossa, Montréal

La soirée d’ouverture de la troisième édition du festival Rrroooaaarrr avait beaucoup à offrir pour les fervents de musique lourde. Un programme double prenait place à La Vitrola et à la Sala Rossa, Bastard Noise et Pharmakon dirigeaient la première tandis que Windhand et Thou gouvernaient la deuxième. C’est finalement sur la seconde salle que notre coeur bascula afin d’expérimenter une magnifique soirée à thématique doom féminin, puisque quatre des cinq groupes comprenaient des musiciennes.

<--break->Nightwitches

Le duo montréalais Nightwitches grimpait sur scène en début de soirée. La formation proposait des influences doom, psychédélique et drone qui avaient tout pour plaire dans le cadre de ce spectacle. Malheureusement pour les deux musiciennes, le résultat était un peu trop timide pour se démarquer des autres groupes de renom qui forgeaient l’affiche. La tonalité de la guitare me semblait étrange et les compositions ne remplissaient pas assez d’espace sonore. Je donnerai certainement une deuxième chance à Nightwitches afin qu'elles fassent leurs preuves avec son propre matériel et non le backline fourni par le festival. Une plus petite salle devrait également permettre au duo d’acquérir une puissance sonore plus respectable en matière de doom. Si jamais vous êtes curieux de les revoir dans un contexte différent, sachez qu’elles seront en prestation le 16 août à la Casa Del Popolo avec Enormous Door et Darsombra. C’est votre chance.

 

Show Of Bedlam

C’est avec étonnement que la foule constatait la présence de deux guitaristes pour la performance des piliers locaux Show Of Bedlam. Habituellement, le groupe se présente sous forme d’un traditionnel quatuor, mais pour le Rrroooaaarrr nous avions droit à leur première prestation incluant un cinquième membre. Évidemment, le résultat était fascinant, même si le son du guitariste principal était légèrement différent puisqu’il n’avait pas son propre ampli: la lourdeur était oppressante. Le bassiste semblait encore plus puissant qu’à l’habitude et dominait largement dans la sonorité globale de la formation. Encore une fois, ce fut une superbe performance de la chanteuse Paulina qui dirige le doom expérimental de Show Of Bedlam vers des horizons toujours plus imprévisibles. Vivement le nouvel album, ma patience commence à faire défaut.

 

False

Le moment était enfin venu de faire place aux groupes étrangers, le mystérieux projet de black métal False entamait donc cette deuxième portion de la soirée. Originaires de Minneapolis, les cinq musiciens étaient les seuls à oeuvrer dans ce style. Le point commun principal avec les autres actes de l’événement était la présence d’une chanteuse. La musicienne était dominante, voire même intimidante, au-devant de la scène. Elle avait une rage intérieure palpable et ne nous donnait aucun répit, il n’y avait aucun chant clair. Elle était supportée par des musiciens incroyables, les deux guitaristes semblaient surhumains et le batteur était rapide comme un renard. J’ai rarement eu l’occasion d’assister à une performance black métal aussi homogène et massive. Nous étions aux pieds d’un mur de haine infranchissable tout en ayant un monolithe de négativité qui nous tombait sur la tête. False n’est pas l’un des groupes les plus prometteurs de la scène américaine sans raison, c’est tout simplement excellent.

 

Thou

Le retour aux influences doom fut très rapide puisque Thou grimpait sur scène peu de temps après le départ de False. Originaire de Baton Rouge en Louisiane, la terrifiante formation proposait une tangente sludge plutôt unique dans la soirée. Le chant très agressif de Bryan Funck contrastait avec tout le reste, il avait un regard perçant, son débit vocal ne laissait personne indifférent dans l’assistance. De l’efficacité à l’état brut, une dose de décibels qui s’ingérait difficilement, nous avions l’impression de manger une lame de rasoir. Thou ne se présente pas sur une scène pour vous faire sourire, il s’agit décidément de l’un des groupes les plus malsains de la scène. Les ayant raté quelques années plus tôt lors de leur passage en compagnie de Wolves In The Throne Room à la défunte Death Church, j’étais ravi de ne pas avoir fait la même erreur cette année. À elle seule, la reprise de Black Sabbath en fin de prestation valait le déplacement, ce fut très difficile pour ma nuque de s’en remettre.

 

Windhand

Avec son troisième album « Grief’s Infernal Flower » en approche, Windhand se hisse désormais parmi l’élite de la scène musicale doom. Offrant des compositions avec un chant plus mélodieux que celui des précédents groupes du festival, je craignais que la formation peine à atteindre le même degré de puissance que Thou et False. C’est avec énormément d’étonnement que je constatais la force dévastatrice des guitares de Windhand. Le son était exceptionnellement lourd, certains spectateurs avaient même du mal à apprécier le spectacle sans leurs bouchons. Une véritable leçon de fuzz de la part des deux guitaristes et du bassiste. Il y avait évidemment un petit bémol au niveau de la voix, puisque la chanteuse Dorthia Cottrell était littéralement ensevelie sous cette masse sonore démesurée.

Cette deuxième visite à Montréal pour Windhand était tout aussi réussie que la première, qui avait eu lieu l’an dernier au Petit Campus en compagnie des excellents All Them Witches. L’ambiance obscure de la Sala Rossa convenait d’avantage au style que préconise la formation, l’odeur d’encens et le faible éclairage complétaient à merveille les compositions du groupe. Je dois avouer avoir été surpris à nouveau par la force de frappe de Windhand. Leur succès est entièrement mérité malgré les nombreuses critiques à leur égard les accusant de faire du « doom à numéros ». J’aurais sans doute apprécié voir un peu plus d’enthousiasme de la part des musiciens à être sur scène, mais globalement le résultat était dévastateur. L’idée de les rapatrier dans un petit festival comme celui-ci était fantastique, vivement la prochaine édition du Rrroooaaarrr.

 

Crédits photos : François-Carl Duguay

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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