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Esmerine 12/11/2015 @ La Sala Rossa, Montréal

Portrait de Rémy
Esmerine 12/11/2015 @ La Sala Rossa, Montréal

C’est à l’occasion de la sortie de Lost Voices, leur cinquième album, que le collectif montréalais signé sur Constellation Records a invité ses fans et amis à la Sala Rossa. Esmerine est une formation troublante d’attraction. Leur gracieuse musique se questionne alors sur scène, à l’heure où cet album se targue d’être le plus viscéral qu’ils aient produit. 

Après une première partie assez insipide, et alors que le public nombreux est déjà assis sur les chaises qui remplissent la salle, le décor de la Sala Rossa semble parfait pour concrétiser une atmosphère de spectacle simple et hors du temps. Le collectif se présente en arc de cercle, à l’image de Godspeed You! Black Emperor ou Thee Silver Mt. Zion Orchestra, du même label. Et les instruments sur scène en imposent par leur diversité et leur nombre : xylophones, violoncelle, contrebasse, basse, guitares, batterie, trompettes, violon, et sûrement d’autres. 

Il faut dire avant tout que leurs compositions résonnent à merveille dans cette salle. Toute la grâce, la préciosité de la musique d’Esmerine y trouve son chemin auditif. Cette musique de chambre aux accents rock et expérimentaux nécessite une précision et une maîtrise complète. C’est peut-être d’ailleurs là que cette performance dévoilera son unique défaut. Comme si cette nécessaire technicité musicale, cette rigueur indispensable rendait l’ensemble hermétique, voire froid. A ce titre, les promesses d’un son plus viscéral et rock découvert sur Lost Voices sont freinées dans leurs élans : il manque sûrement un quelque chose de plus brut, de l’incontrôlable, du lâcher-prise. 

Il n’est pourtant pas déplaisant de se laisser emporter par le jeu de maîtrise du collectif montréalais. La beauté auditive a ce quelque chose de reposant, de souriant, de fascinant. Et voir ces musiciens accomplis faire naviguer jusqu’à nous ce que leurs instruments peuvent offrir de plus beau est d’une élégance remarquable. Comme un temps suspendu, lorsque nos yeux se posent sur ces cordes vibrantes sous les archets, ou sur les lames de bois de xylophones heurtées avec tact par le percusionniste. A cet égard, il s’agit là d’une performance magnifique. 

La setlist fait la part belle aux nouveaux morceaux. On retiendra notamment les deux pièces d’ouverture de Lost Voices : « The Neighbourhood Rise »  et « A River Runs Through This City ». L’accueil du public a la chaleur de l’amitié et de la complicité. Jouer dans sa ville doit avoir une saveur particulière pour un groupe. Et c’est précisément ce qui se dégage lorsque vient le moment de demander un rappel, puis d’accompagner, debout, la sortie de scène.  

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