Vous êtes ici

Desertfest Londres 2014 : Jour 1 - Un week-end en famille

Portrait de Floriane
Desertfest Londres 2014 : Jour 1 - Un week-end en famille

Bienvenue dans l'un des rassemblements majeurs de la communauté stoner européenne, j'ai nommé le Desertfest ! Camden, quartier rock londonien par excellence, accueille pour la troisième fois une armée de vestes à patchs et autres tignasses en hoodie. Trois jours de son, quatre scènes, près de 50 groupes excités, perchés, sexy ou tout simplement inclassables, voilà ce qu'est le Desertfest. La famille underground était au rendez-vous, plus motivée que jamais pour applaudir des légendes vivantes comme Scott Weinrich ou Ed Mundell mais aussi les petits jeunes bien énervés de The Machine ou le rock séducteur de Zodiac. Plus qu'un fest, une expérience…

Le glamrock réinventé

Le Desertfest commence pour moi en fin d'après-midi. Histoire de compenser mon retard, je cours frénétiquement de la gare jusque Camden pour m'approcher d'une scène le plus rapidement possible. Sixty Watt Shaman et Zodiac sont déjà en piste. Je tente Zodiac au Black Heart, un bar avec une minuscule salle à l'étage. C'est petit, bondé et surchauffé mais quel plaisir de voir le drapeau du Desertfest trôner derrière la scène ! Dans la pénombre du repère heavy, une ligne féminine déchaînée squatte le premier rang. Et pour cause ! Même si le rock de Zodiac reste simple et en aucun cas novateur, les Allemands revisitent leurs classiques avec une sacrée dose de glamour, tant dans la compo que dans l'interprétation. Une sympathique mise en bouche dans un cadre cosy. L'occasion de se payer sa première mousse et de se détendre…

 

Premier voyage spatial du week-end

Mon tout premier concert du Desertfest dans la salle mythique de l'Electric Ballroom aura été celui de Ed Mundell's et de ses Ultra Electric Mega Galactic. Beaucoup d'autres suivront car une fois qu'on a pris goût au lieu il est bien difficile de s'en détacher, tant pour la qualité du son ou l'aménagement de l'espace, que pour sa programmation. Comme son nom l'indique, Ed Mundell et les Ultra Electric Mega Galactic est un groupe qui réussit à créer en très peu de temps une ambiance cosmique et planante. Ed Mundell, l'ex lead guitare de Monster Magnet et de The Atomic Bitchwax (rien que ça), est accompagné pour l'occasion de Collyn McCoy (Trash Titans, Otep) à la basse et de Rick Ferrante de Sasquatch à la batterie. Une collaboration plus que fructueuse. Impossible de départager la qualité de la prestation de chaque musicien car honnêtement ils ont tous donné dans le très haut niveau. Ce qui a comblé avec pertinence la quasi absence de chant. Un sans faute pour les bons élèves.

 

Une mécanique bien huilée

Initialement prévu à l'Underworld, The Machine joue finalement à l'Electric Ballroom. Trois mecs nonchalants déboulent alors sur scène. Le trio hollandais n'a peut-être pas le sens du style, à en juger par le survêtement Adidas du bassiste, mais ils ont administré une sévère fessée au public à grands coups de punk psyché lourd et brutal. Le set parfaitement calé récure profondément les oreilles (lesquelles bourdonneront longtemps après et ce malgré mes jolis bouchons oranges).

 

Spirit Caravan, le retour !

Ah la la... Un show ô combien émouvant ! Le trio de légende sur scène : Scott « Wino » Weinrich à la guitare, Henry Vasquez à la batterie et Dave Sherman à la basse. Le combo m'a semblé aussi heureux que son public de se retrouver à l'Electric Ballroom. Wino est apparu avec un impressionnant gilet en daim à franges et cette moue indéfinissable au visage. Henry Vasquez a montré au public qu'on pouvait à la fois donner un concert et déforester la planète. Sa frappe ultra violente à fait voler à maintess reprise plusieurs morceaux de baguettes dans le pitt, et cela uniquement avant la fin du troisième morceau. Je n'ose pas préciser ce qu'il en fut au bout du set... Le batteur, très impliqué, n'a pas hésité à quitter la scène en plein concert pour arranger son instrument au calme, laissant ses deux compères dans le plus grand désarroi.

Qu'à cela ne tienne, les papys du rock ne se laissent pas abattre (bien que légèrement irrités) et échafaudent un « smoke break ». Ils allument chacun un joint sous les applaudissements furibonds du public. Dans l'ignorance totale de ce qui est en train de se passer, Wino finit par perdre patience et quitte lui aussi la scène. Monsieur Dave Sherman, impassible, improvise un solo de basse devant une assemblée abasourdie. Puis tout revient subitement à la normale. Le trio remonte sur scène au grand complet et c'est reparti de plus belle, pas l'ombre d'une rancune. On n'a pas tout compris mais on s'en fout. Spirit Caravan est sur scène, point. Bassiste et frontman enchaînent les tubes (Dead Love / Jug Fulla Sun, Powertime, Dreamwheel, etc.) en échangeant de long regards sexy (si si!). De bon vieux classiques doom, dont une reprise de Saint Vitus, Ice Monkey, et de The Animals, Inside Looking Out, défilent menés par une rythmique sans faille. Un retour en grande pompe après plus de 20 ans d'absence. Peu auront été les fidèles à ne pas en ressortir abruti de béatitude…

Une première page de l'édition 2014 du Desertfest se referme. Du très bon, du très lourd, du très cosmique. Le job est plutôt bien fait. Il est encore tôt, direction le World's End, pour certains, un quelconque pub sombre qui sert de la bonne bière pour d'autres... En bref, un début plus que prometteur. Je reste très impatiente de voir ASG, Weedeater et Kvelertak. Suite au prochain épisode !

Crédits photos : Patrick Baleydier

À la mémoire de Lorène.

Journaliste - rédactrice, à l’affût des nouveautés rockailleuses venues du désert et d'ailleurs...

Ajouter un commentaire