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Dark Circles + Rhino + Goetia + Flicker State 23/05/2015 @ Hémisphère Gauche, Montréal

Portrait de William
Dark Circles + Rhino + Goetia + Flicker State 23/05/2015 @ Hémisphère Gauche, Montréal

Depuis plus d’un an, un nouveau visage commence à faire sentir sa présence dans la métropole québécoise. En effet, la nouvelle agence d’organisation de concerts Broken Chord fait vibrer la scène locale à un rythme étonnant. Deuxième d’un total de trois événements au mois de mai, la soirée faisant l’objet de cette chronique était certainement la plus violente de la jeune existence de cette maison de production. Le post métal hurlant de Goetia et Rhino allait croiser le fer avec la décharge de haine de Dark Circles, qui lançait par ailleurs la version vinyle de son plus récent album, MMXIV.

Flicker State

Avant d’assimiler cette surdose de lourdeur, l’organisateur nous avait préparé une petite surprise. Le projet solo du montréalais Mikael Tobias intitulé Flicker State avait la mission de réchauffer les tympans des nombreux spectateurs présents en début de soirée à l’Hémisphère Gauche. C’est sans éclat que sa musique prit finalement forme, il me fallut quelques minutes pour réaliser que la prestation était entamée puisque j’étais situé à l’autre extrémité du bar. Une fois bien en place sur le parterre, le rock mystérieux du musicien me percuta davantage.

L’excellente trame de fond alliant musique électronique et ambiante n’était pas sans rappeler certains projets de Justin Broadrick comme JK Flesh ou Jesu. Les rythmiques de sa guitare venaient se fondre efficacement sur les sonorités qui émanaient de son ordinateur portable. Une influence évidente de la scène post-rock et math venait toutefois redonner une personnalité différente à ses compositions, son chandail de Gift From Enola en est la preuve irréfutable. En outre, un léger manque de puissance sonore plana sur l’ensemble de sa performance, mais ce fut une ravissante première expérience en compagnie de Flicker State.

 

Goetia

Les vétérans de la scène post-métal québécoise étaient de retour à Montréal après une absence de plus d’un an. Même si le quatuor originaire de la région de Gatineau n’a rien sorti depuis son excellent album, Le Vide, il est toujours agréable de se prendre un bon classique issu de ce disque en pleine gueule. Après un début d’année achalandé avec une signature sur Deathbound Records et plusieurs concerts en compagnie de Solstafir, Biipiigwan, Northumbria, Milanku et Quiet Lakes, les musiciens prendront une pause durant l’été pour composer du nouveau matériel.

Entre temps, leur prestation à l’Hémisphère Gauche était d’une noirceur déstabilisante. L’éclairage était faible et effacé, ce qui faisait grandement contraste avec la première partie, la fumée jaillissait en grande quantité de l’arrière-scène. Les silhouettes des deux guitaristes se déhanchaient rapidement lorsque le volume atteignait son paroxysme. Goetia sait très habilement condenser ses compositions lorsqu’ils offrent une prestation, adieu les segments tranquilles, l’efficacité et la puissance sont de mise. Le parterre de la salle tremblait littéralement sous les hurlements du chanteur Benoit, qui offre un chant très violent pour un groupe de post-métal. C’était une parfaite, presque trop courte, performance de la part du groupe qui semble prendre une direction plus qu’intéressante depuis la parution de son premier disque, ils ne cessent de s’améliorer et de prendre de l’expérience. 

 

Rhino

Suite à l’extraordinaire performance de Goetia, j’avais du mal à imaginer le groupe montréalais Rhino monter sur scène et livrer la marchandise. C’est généralement dans ce genre de conditions que nous sommes le plus agréablement surpris. Les ayant vus à plusieurs reprises dans la dernière année, je ne croyais pas que les cinq musiciens seraient capables de nous faire oublier une prestation comme celle de ses prédécesseurs. Le post-métal du groupe, qui oscille davantage vers le hardcore en raison du chant de l’énergique vocaliste Simon, a su nous entrainer efficacement dans son univers. Les deux guitares crachaient plus lourdement que jamais leurs riffs entrainants et la basse résonnait à travers chacune des molécules de la salle.

L’éclairage sombre était propice à la noirceur des compositions et le jeu exceptionnel du batteur est toujours un plaisir à vivre en direct. Une finale frôlant la perfection avec leur plus efficace titre Fading Inn a complètement déchiré ce qui restait de l’Hémisphère Gauche. Le cratère était grand ouvert pour la venue de la tête d’affiche. Je lève mon chapeau à Rhino, qui ne cesse de surprendre malgré un style qui semble s’effacer des radars doucement. Le groupe réussit à maintenir les gens captivés par sa musique et à continuer de faire ce dont il a envie.

 

Dark Circles

Une seule lumière jaillissait sur la scène, la tension montait dans l’assistance à la vue des quatre musiciens qui se préparaient à entrer en action. Dark Circles allait balayer du revers de la main tout ce que les groupes précédents avaient construit. Après mure réflexion, ce groupe devrait toujours faire office de tête d’affiche, la violence est si percutante que nous n’avons plus envie de quoi que ce soit après la prestation. Il n’y a aucun espace à l’intérieur des compositions de la formation montréalaise, la pression était sans relâche sur notre corps. Les guitares martelaient des riffs dévastateurs et le chant retentissait sans répits à l’intérieur de ce corridor de négativité. Aucun moment n’était laissé à l’auditeur pour qu'il prenne une bouffée d’air frais.

Heureusement, les morceaux de Dark Circles sont courts et nous pouvions profiter des quelques secondes entre ceux-ci pour respirer brièvement. L’efficacité était si grande que j’avais l’impression d’assister à un concert de Celeste où les musiciens auraient pris une bonne dose de speed. La prestation était une pure décharge d’adrénaline corrosive, les murs suintaient la mort. Vingt minutes après la première note, la fin arrivait déjà. À quoi bon jouer plus longtemps, nous avions déjà eu le temps d’être décapité à plusieurs reprises. Aucun rappel n’était possible, c’était tout ce que le groupe avait à faire pour nous mettre dans sa poche. Je me suis ensuite rué vers la table de marchandise pour prendre le vinyle et je suis rentré à la maison pour faire des cauchemars bien mérités.

 

Crédits photos : Renaud Sakelaris

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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