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Corrosion of Conformity + Torche + Black Cobra + Gaza 06/22/12 @ Foufounes Électriques, Montréal

Portrait de William
Corrosion of Conformity + Torche + Black Cobra + Gaza 06/22/12 @ Foufounes Électriques, Montréal

Avec autant de concerts derrière la cravate depuis les dernières années, je dois avouer que l'excitation ne s'empare pas très fréquemment de moi à l'approche d'une soirée musicale. Les seuls moments où je frissonne encore sont lorsque des pionniers comme YOB ou encore The Melvins font une halte dans notre jolie ville. Étonnement, les astres se sont alignés cet été en Amérique du Nord afin de nous rapatrier quatre groupes fantastiques sur une tournée infernale. Les ultimes vétérans de Corrosion Of Conformity nous présentaient les fabuleux Torche, Black Cobra et Gaza en première partie… Holy wow!

Mes amis les plus proches savent tous que Gaza est l'une de mes faiblesses musicales, il suffit de mentionner ce nom et je commence à divaguer tout seul comme un idiot sur « He Is Never Coming Back ». L'automne dernier j'avais même fait le voyage jusqu'à Toronto pour capter leur passage au Canada, ce fut un grand moment musical, quel concert dément. J'étais attristé de ne pas les voir à Montréal lors de cette dernière visite en sol canadien. De toute manière, l'attente était révolue puisque Gaza se hissait devant moi sur la très haute scène des Foufounes Électriques. Le chanteur qui mesure déjà près de deux mètres n'avait aucunement besoin de cela pour nous impressionner. Après un seul morceau ultra-puissant, il décida que cette scène merdique ne lui convenait pas et il fit le saut sur le parterre. C'est à ce moment que le riff intemporel de leur morceau culte commença et que je m'époumonai en chœur avec les quelques fans présents « HE IS NEVER COMING BACK! ». Ça y est, j'aurai pu quitter la salle et être heureux, la principale motivation de ma présence à ce concert était déjà révolue en dix minutes. Gaza continua sa débauche sonore, mixant des riffs terriblement lents, lourds et apocalyptiques. Le batteur secouait ses baguettes avec une précision dramatique, les blasts beat laissaient place aux roulements de tambour et aux fracas chirurgicaux des cymbales. Gaza nous a hypnotisé pendant près de trente minutes avec sa noirceur et sa haine, ce fut une véritable extermination musicale, un camp de concentration pour les cellules auditives. Le chanteur agité prit le temps de remercier sincèrement l'assistance et la prestation était déjà terminée après cinq ou six morceaux, dont quelques nouveaux qui frappaient là où ça fait mal. Vivement leur prochain album produit par Kurt Ballou!

La prochaine étape et non la moindre, l'incomparable duo Black Cobra. Vous savez très probablement de qui je parle, sinon vous êtes à la bonne place pour sortir de votre ignorance. Je décrirais Black Cobra comme une usine à riffs accompagné par un batteur extrêmement énergique et précis. Ils vous proposent une prestation qui vous plonge directement au volant d'un muscle car américain en pleine poursuite avec des centaines de policiers affamés. C'est dans ce genre d'imagerie que vous plonge le duo lors de leur concert, votre corps se sent transporté par le vent, vous semblez entraîné dans un corridor sonore qui file à toute vitesse. Les riffs vous écrasent comme un chewing-gum sous une roue de semi-remorque, vos poils se raidissent et votre cerveau fige. Cet état d'esprit se prolonge pendant toute la prestation, une claque soutenue pendant trente minutes, une fatale dose d'énergie. Dès les premières notes de « Chronosphere » mon corps était emprisonné par leur talent musical, la formule est très simple, mais l'efficacité est sans précédent. Le duo californien nous en a mis plein les oreilles avec son sludge/doom à couper le souffle. La seule note négative les concernant fut la surpuissance sonore que nous vivions lorsque nous étions trop proches de la scène. Les amplis faisaient jaillir le son tellement fort que nous n'entendions qu'un simple «BAbababtagagagagagaagagaga ». Il suffisait de faire quelques pas vers l'arrière pour replacer la situation, mais les deux musiciens se demandaient pourquoi les gens n'approchaient pas plus de la scène. Baissez vos amplis messieurs et nous serons présents en plus grand nombre pour vous lécher les bottes.

Bonne nouvelle, puisque les prochains en liste était... Torche! J'adore ce groupe et je n'ai jamais eu la chance de le voir en prestation, je savais alors que ce moment allait être magique et rempli de nostalgie. L'album que j'ai écouté le plus dans ma vie est sans doute leur grand succès Meanderthal, soyons franc, comment ne peut-on pas apprécier ce disque? La reproduction des morceaux de cet album lors du concert furent des moments totalement jouissifs, se vider le cœur en criant « Healer! » ou encore crier à tout rompre les refrains de « Sandstorm » constituent des moments de bonheur intense. Torche en mettait plein la vue, l'énergie suintait des musiciens. Le batteur passait pratiquement la moitié de son temps à jouer debout et le bassiste bougeait tellement qu'il a chuté. Heureusement que son ampli était là pour le soutenir lorsqu'il perdait la carte dans ses fresques musicales. Les deux guitaristes et vocalistes œuvraient avec plus de calme aux extrémités de la scène, ils assuraient la lourdeur impressionnante que Torche matérialise lors de ses concerts. Tout comme mes amis qui étaient présents, je ne croyais jamais que Torche pouvait être aussi lourd en prestation. C'était un coup de marteau en plein centre du cœur, un refoulement de joie sonore frappante et positive. Les prestations de Torche sont énergisantes et vous remontent le sourire jusqu'aux sourcils. Un vortex de notes puissantes et une énergie à tout casser. Il n'y a pas plus à dire concernant Torche, c'est une expérience vivifiante et rafraîchissante dans une soirée comme celle-ci. Un groupe qui se prend moins au sérieux et qui se livre entièrement à la foule.

Le clou du spectacle s'apprêtait à faire un saut sur la scène, les vétérans incontestables de Corrosion Of Conformity, ou CoC pour les intimes. Ce légendaire groupe de thrash frôlant le stoner et le desert rock. L'expérience émanait des musiciens comme la fumée d'un bon encens. Nous allions avoir droit à un cocktail juste à point, une parfaite dose de rock et de headbang. Aussitôt les premières notes jouées, la salle se mit à exploser. Les loyaux fanatiques de CoC prenaient d'assaut le parterre des Foufounes avec vigueur et passion. Pour la première fois, nous avions droit à un peu d'action de la part de l'assistance, il était temps que cette soirée se mettent en branle comme il se devait. Les succès de Corrosion Of Conformity s’enchaînaient avec précision et détermination. Aucun répit n'était prévu pour la foule montréalaise, les seuls moments calmes furent les interludes où le fameux bassiste exécutait des passages plus stoner en guise de transition entre les morceaux. La surprise était généralisée, personne ne s'attendait à un aussi bon concert de la part du groupe. Les musiciens s'en donnaient à coeur joie et le plaisir de jouer était omniprésent. CoC sont tout sauf des musiciens blasés, ils œuvrent encore au meilleur d'eux même et propose une setlist explosive sur cette tournée. Les titres choisis par le trio sont tous extrêmement rapides et corrosifs (héhéhé quel jeu de mots subtil!). Honnêtement, je ne croyais pas prendre autant de plaisir à les regarder jouer. J'ai très rarement été aussi captivé par un concert du genre, le thrash ne me fait généralement pas flipper, mais dans ce cas c'était totalement différent. Ils ont la capacité d'incorporer des influences surprenantes dans un son très old school, ce sont définitivement des musiciens incroyables. Avis à tous les gens qui n'ont pas apprécié ce qu'ils ont précédemment entendu du groupe, vous devez absolument faire l'effort de rester pour Coc si vous assistez à cette tournée, le résultat est phénoménal. Ce concert fut un succès total, les quatre groupes étaient très différents, mais ils se relayaient à merveille dans ce marathon de lourdeur et d'alcool. Maintenant que c'est fini, je dois aller dormir, quelle semaine de fou! On se revoit dans les semaines suivantes pour une autre messe noire !

Photographies par François-Carl Duguay
Vidéos par Mathieu Chenard

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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