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Boris + Russian Circles 08/08/10 @ Cabaret Mile End, Montréal

Portrait de William
Boris + Russian Circles 08/08/10 @ Cabaret Mile End, Montréal

Voici l'un des concerts que j'attendais le plus de l'année. Mon amour pour Boris s'étire sur plusieurs années, mais étonnement ma connaissance de Russian Circles est toute récente. J'anticipais beaucoup de bien pour cet événement, et par le fait même que nous explorions une nouvelle salle très étonnante de la ville de Montréal. Le très sombre Cabaret du Mile-End était l'hôte de ce carnage auditif. Vous avez sans doute entendu parler des effets secondaires d'un concert de Boris : c'est un mal d'oreille infernal qui vous attend si vous oubliez vos meilleurs amis, les bouchons! La charge de décibels est inégalée et dans une petite salle c'est d'autant plus difficile de s'en remettre.

Heureusement, ce cabaret offrait une grandeur idéale pour accueillir ces deux superbes formations. La capacité de 480 spectateurs était suffisante pour un groupe aussi méconnu que Boris. De plus, l'ambiance très particulière qui y régnait était parfaite pour contribuer au spectacle. C'était très sombre et lugubre, la scène n'offrant que des lumières rouges ou blanches. À l'extérieur de la scène, des centaines d'ampoules tapissaient le plafond de la salle, mais aucune d'entre elles n'était allumée durant la soirée. Ceci laissait donc place à une ambiance émotive et propice pour accueillir Boris et son nuage de fumée habituel. Ce n'est quand même pas aussi spectaculaire que Sunn O))), mais disons que nous avons eu notre dose de brouillard malgré tout.

Lorsque Russian Circles décida de fouler la scène vers 20h45, nous savions tout de suite que ce serait percutant et captivant. Malgré l'incident qui les empêcha de faire quelques dates sur la tournée et qui a réduit en bouilli tout leur matériel, on sentait les trois musiciens très sérieux et déterminés pour ce concert. Le son était d'une clarté phénoménale et la batterie sonnait comme la voix de dieu en personne. Sérieusement, Brian Cook semblait être possédé par une force divine et chaque coup de tambour nous frappait droit au cœur. Les deux autres musiciens semblaient être sur scène en guise d'accompagnement et il était clair que le spectacle provenait des percussions. Ses techniques sont très inorthodoxes, il atteint une puissance que la plupart des batteurs de métal ne réussissent pas à avoir sans leurs satanées doubles pédales.

Ce fut un véritable délice de voir le trio performer devant nous, et cela malgré leur attitude extrêmement froide. Ce sont des musiciens qui n'en donnent pas beaucoup au niveau divertissement ou contact avec le public, mais qui s'en plaindrait lorsqu'on a un si bon résultat devant nos yeux? La prestation s’est déroulée sans accrochage et l'on a surtout eu droit à des morceaux de leur dernier disque intitulé Geneva. Je crois que les 6 chansons qu'ils nous ont interprétées n'ont satisfait personne dans l'assistance, car nous en aurions pris pour une heure de plus sans hésitation. Malgré cela, j'ai vécu un moment de découverte fabuleux, c'est évidemment une des meilleures prestations que j'ai vue de l'année en instrumental. Ce groupe est dans une catégorie bien loin des autres que j'ai pu voir dans le genre et leur talent est incontestable. Vivement un retour en tête d'affiche pour 2011, ou avant s'ils le veulent bien!

Setlist :

  • Harper Lewis
  • Malko
  • Carpe
  • Philos
  • Death Rides A Horse
  • Geneva


Quoi de mieux qu’une belle visite de l'Asie pour terminer la soirée? La réponse est simple, je vous laisse la dire dans votre tête! Pour ma part, j'étais déjà sous l'emprise du groupe. La fumée nous aveuglait partiellement, mais pas suffisamment pour m'empêcher de voir l'entrée en scène de la jolie et intimidante guitariste Wata. Les autres musiciens sont arrivés à tour de rôle et nous avons eu droit aux premières notes de 'Farewell' pour débuter le concert. Ce fut un choc terrible de sentir toute cette lourdeur dans une salle de petite taille. C'était ma deuxième fois avec Boris, la première avait eu lieu avec NIN au Centre Bell devant plus de dix mille spectateurs. Disons que l'effet n'est pas le même et que c'est beaucoup plus intime et personnel de les rencontrer dans des conditions comme nous avions dimanche dernier.

Le tempo ralentit un peu avec la deuxième pièce 'Rainbow' où nous avons eu droit à un solo déstabilisant au maximum de la part de Michio Kurihara. Le chanteur principal avait sa traditionnelle guitare à deux manches, qui est constituée d'une guitare 6 cordes et d'une basse. Lorsque les trois décident d'utiliser leur guitare en même temps, ce n'est pas nous qui pouvons nous en plaindre. C'était d'une lourdeur abyssale et les vibrations ainsi que la puissance nous font oublier que nous sommes debout à nous tenir devant eux. Je me suis laissé porter par la musique jusqu'à ce que la terrible 'Statement' me sorte de ma bulle et cela donna lieu à une légère fosse dans l'assistance. Je n'aurais jamais cru assister à cela durant un concert de Boris, mais je ne pouvais pas me plaindre du surplus d'ambiance qui régnait au cabaret du Mile-End. Cela continua jusqu'à la balade un peu ennuyeuse intitulée '16:47:52' qui personnellement ne m'a pas vraiment convaincu. Cependant, la douceur de la voix de Wata ne pouvait être niée et le contraste avec la voix de Takeshi arrivait juste à point. La bonne nouvelle c'est qu'après ce moment de répit nous avons eu droit à un délire musical qui couvrait la plupart des grands succès du groupe. Ce fut un plaisir inexplicable et les quarante-cinq dernières minutes du concert furent décidément la section où j'ai pris le plus mon pied.

L'action ne se relâchait pas et le batteur divertissait très habilement la foule avec des cris qui arrivaient à tout moment. Ce fut grandiose et que pouvions-nous demander de mieux qu'une finale monstrueuse avec la pièce 'Untitled' qui se termine sur un drone absolument génial? La seule déception que l'on pouvait avoir était que ce dérapage sonore ne dura pas plus longtemps. Nous avions quand même assisté à plus de quatre-vingt-dix minutes de pure originalité et efficacité musicale. Je n'aurais voulu être nulle part ailleurs en cette soirée noire et pluvieuse, car le meilleur concert de la ville était définitivement celui de Boris. J'espère que vous avez aussi eu l'occasion de les voir au moins une fois en concert, et que vous vous êtes posé la même question que moi : pourquoi les groupes japonais sont-ils aussi puissants? C'est un mystère qui reste irrésolu, mais après avoir vu Boris et Mono, je sais qu'il se passe quelque chose de fantastique au pays du soleil levant. Penchez-vous davantage sur cette scène plus que pertinente, vous n'en regretterez rien!

Setlist :

  • Farewell
  • Rainbow
  • 8
  • Luna
  • Statement
  • Floor Shaker
  • A Bao A Qu
  • 16:47:52
  • Akirame Flower
  • Pink
  • Korosu
  • 1970
  • Untitled
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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