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The Old Wind : "Le processus d'écriture a fonctionné comme une thérapie pour moi"

Portrait de Fred Nvrd
The Old Wind : "Le processus d'écriture a fonctionné comme une thérapie pour moi"

Quelques jours avant la sortie de "Feast on your Gone" sur Pelagic Records, Tomas Liljedahl se prête au jeu de la promo pour "The Old Wind". Entretien formel au départ, l'ancien chanteur de Breach se livre et nous parle de ses aspirations et de ses angoisses à l'origine de son retour sur le devant de la scène.

Voilà des années qu'on ne t'a pas vu sur la scène musicale dans un projet dans lequel tu es pleinement investi. Que représente TOW pour toi ?

 

TOW trotte dans ma tête depuis quelques années maintenant, j'ai commencé à composer il y a de ça 3 ans, deux morceaux qui font partie de l'album ont été enregistré il y a deux ans et demi mais n'ont été mixé et masterisé que cette année. L'album "Feast on your Gone" a été au départ pour moi un outil, une thérapie et est devenu avec le temps un album à part entière, il est le reflet de ce que j'ai pu voir et ressentir dans ma vie et ça dès le début de sa composition. Des images et des pensées transformées en mots et en sons. Le processus d'écriture et d'enregistrement m'a semblé très clair dès le départ et il a été également très réfléchi.

 

Pourquoi avoir choisi "The Old Wind" comme nom de groupe ? Qu'est ce que cela signifie pour toi et que penses-tu que cela va évoquer chez l'auditeur ?

 

Le nom du groupe a pour moi plusieurs significations. Cela a un rapport très personnel à ma vie et à ma façon de vivre depuis 5 ou 10 ans. "Le vent ancien" est aussi un phénomène météorologique dans le nord de l'Europe pendant la période hivernale et lorsque tu es frappé par ce vent glacial, les choses semblent devenir plus claires et une sorte de vérité émerge de cette sensation. C'est ce que je ressens au plus profond de moi, c'est une expérience très forte et très personnelle.

 

J'ai cru comprendre que tu avais besoin d'une sorte de thérapie après des années plutôt sombres, jouer dans ce groupe semble être comme une espèce de cure pour toi. Quels aspects positifs penses-tu retirer en jouant dans TOW ?

 

Et bien, le processus d'écriture a fonctionné comme une thérapie pour moi effectivement, j'avais besoin d'exprimer de nombreux sentiments relativement primaires comme la colère, la tristesse, le chagrin, les douleurs que je m'étais moi-même infligé, c'était comme une sorte de "une dent pour une dent". Il s'agissait aussi de faire amende honorable notamment vis-à-vis de moi-même toujours dans l'esprit de cette "thérapie". Par conséquent, jouer ces morceaux en live va me permettre de montrer aux gens les images que j'ai à l'intérieur et de partager les pensées que j'ai en tête. Cela promet d'être très intéressant et très gratifiant.

 

Cela semble d'une certaine façon difficile pour l'auditeur de ne pas immédiatement penser à ton ancien groupe Breach à l'écoute de TOW.

 

Oui j'en ai conscience, il est évident que TOW appartient au même monde que Breach dans une certaine mesure. J'étais à l'origine d'une partie de l'écriture dans Breach et TOW participe à ce même principe, plus encore puisque j'ai tout écrit pour "Feast on your Gone". Mais je ressens un côté plus brut, mis à nu dans TOW. Au niveau des paroles, ma façon de m'exprimer est moins métaphorique, plus "rentre dedans", plus honnête. L'écriture dans Breach était un moyen de faire réfléchir les gens, de les pousser à l'analyse. Ma façon d'écrire à changer aujourd'hui.

 

Pourquoi ne pas avoir tout simplement choisi de continuer et d'enregistrer un nouvel album ?

 

Et bien, continuer avec Breach était difficile pour plusieurs raisons, certains n'avaient plus le cœur à le faire et ça a été comme un déchirement d'abandonner mais il a fallu passer au travers de ça même si ça a été douloureux. Ce fut une étape importante pour certains d'entre nous et pour d'autres un soulagement.

 

Comme tu viens de le dire, tu as composé et enregistré la totalité des instruments sur l'album puis tu as rassemblé une partie du line-up de Breach entre autre pour jouer en live. Quand pourra-t-on vous voir sur scène ?

 

Au départ, je n'avais pas prévu de jouer en live ces morceaux mais au fur et à mesure de l'enregistrement l'idée de tourner s'est imposée à moi de plus en plus. Aujourd'hui je veux partager avec les gens la vérité, ma vérité, voilà pourquoi j'ai demandé à une partie de mes anciens camarades de Breach et à deux autres personnes de bien vouloir partager avec moi ce projet. Nous sommes actuellement en pleine répétition et nous serons probablement sur la route à la mi-juin. Nous serons en mesure de confirmer les dates de tournée dans peu de temps.

 

L'artwork de "Feast on your Gone" semble fortement connecté au thème de la nature et est d'une grand sobriété. Quel lien vois-tu entre l'artwork et le contenu de l'album au niveau musical et des paroles ? Peux tu nous expliquer ce choix ?

 

L'artwork avec ces grandes cornes animales est une illustration et est inspiré d'un mammifère préhistorique appelé le Mégaloceros qui est une sorte de renne géant. Les cornes symbolisent le pouvoir du froid nordique. Pour nous, gens du Nord, c'est très fort émotionnellement et symboliquement. Je pense que ça apporte un aspect à la fois sombre et primaire à l'album. Mentalement, ce choix est pour moi comme une projection de la musique sur la pochette, brut, froid, dépouillé et à la fois révélateur du contenu de "Feast on your Gone".

 

Justement, ce côté froid et dépouillé transpire dans tes paroles, tu y laisses apparaître un pessimisme très marqué, enfin c'est ce que moi j'ai ressenti. Le monde semble te décevoir parfois, même te dégoûter au sens stricte du terme. Qu'en penses-tu ?

 

Je ne vois pas mon écriture comme quelque chose de volontairement pessimiste. Il y a des choses difficiles dedans c'est vrai, elles contiennent leur part de dégoût mais elles sont surtout le catalyseur de mes propres vérités et portent en elles mes expériences et les différentes étapes de la vie que j'ai dû supporter. Mes paroles sont l'expression de sentiments très primaires que j'ai ressenti à une certaine période de mon existence. Il est très important pour moi de pouvoir ressentir et vivre cette colère, j'ai dû la laisser évoluer et cheminer pour qu'elle s'éteigne d'elle-même. Sans cela, je crois que ça m'aurait détruit ou tout du moins cela ne m'aurait amener qu'à me focaliser sur les aspects négatifs de ma vie. Je réfléchis beaucoup sur le monde qui m'entoure et cela depuis pas mal de temps maintenant. Tout ça fait de moi la personne que je suis aujourd'hui.

 

J'ai remarqué que le thème de la mort était un leitmotiv dans tes paroles et participe également à l'aspect pessimiste dont je te parlais juste avant. Es-tu effrayé par la mort, vois-tu cette étape inaliénable comme une fin en soi ou t'autorises-tu à penser qu'il peut s'agir d'un nouveau départ, d'une autre étape ?

 

Je n'ai pas spécialement peur de la mort si je regarde cela d'un plan strictement personnel. D'une certaine manière, je suis né et mort plusieurs fois. Lorsque je suis devenu père de famille, la mort à commencer à vraiment me faire peur, j'ai des enfants et je ne voudrais pas les quitter trop tôt, je veux avoir le temps de leur apporter le maximum. Ma perception de la mort est variable comme une bonne partie d'entre nous je pense, parfois je la vois comme la fin de toute chose parfois comme un renouveau, une espèce de cycle.

 

Dans tes paroles, je crois percevoir aussi un discours social, personnellement je trouve que nous vivons dans un monde totalement dingue. Comment imagines-tu notre futur en tant qu'être humain ? Penses-tu qu'il est trop tard pour nous ? Je veux dire : crois-tu que nous saurons nous sauver de nous-même et par conséquent préserver le monde de notre propre folie ?

 

J'essaie de garder foi en l'être humain mais je ne te cache pas que c'est très difficile. Je pense que le monde que nous connaissons actuellement court à sa perte par notre propre faute. Il me semble que c'est beaucoup trop facile et lâche de blâmer la religion, la philosophie ou tout autre type de pensée. Au final, ce sont les êtres humains qui sont derrière tout ça. Je crois sincèrement que la race humaine est une sorte de monstre et que nous avons créé un univers à la fois sombre et violent. Seuls les plus forts survivront...

The Old Wind : "Le processus d'écriture a fonctionné comme une thérapie pour moi"
Chroniqueur, amateur des musiques "extrêmes", des arts alternatifs et de la contre-culture.

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