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Wormlust – The Feral Wisdom (2013)

Portrait de Martin
Wormlust – The Feral Wisdom (2013)

H.V. Lyngdal, jeune homme islandais, a sorti quelques démos ces derniers temps sous le nom de Wormlust. Du black-metal comme il s’en fait de nos jours, on est accoutumé aux variantes et aux nombreux clones qui parsèment l’univers monolithique des froideurs nordiques, du plus primitif au plus technologique. Cependant, Wormlust produit des réalisations justes et intelligibles. L’intérêt de « The Feral Wisdom » est qu’il se distingue par de nombreux aspects ordinairement absents d’autres productions du genre. Les « stop and go » de la première pièce, « Sex ogu, tolf stjömur », ainsi que les sons de claviers sont judicieusement placés. C’est très bienvenue, ça permet à cette pièce de 10 minutes de bien respirer avant d’achever son assaut. Même si le vocal est inaudible (et en islandais), bourré de réverbération pernicieuse, l’ensemble est totalement cohérent.

Wormlust a aussi compris que les rythmes frénétiques et schizophréniques ne sont pas toujours une fin en soi. Si le tempo moyen du début de « Djoflasyra » flirte avec des intonations industrielles, il viendra rapidement conquérir une valse plus prononcée. En osant miser sur l’arrêt complet de salves auditives pour offrir des nappes d’ambiances éthérées, Wormlust se permet de conquérir un terrain peu convoité tout à fait rafraichissant. Il n’a certes aucune peur à jouer avec les silences et l’espace afin de livrer sa vision. Pour y aller plus en profondeur, ses calculs adaptés à ses compositions sont finement détaillés, on peut y voir un travail acharné et une perfection recherchée.

« A altari meistarans » présente Wormlust qui chuchote contre des ambiances et une orgue funestes, sans tomber dans le pastiche ou le suicidaire. Il est bien question ici d’une symphonie plus psychédélique que démentielle, une bourrée en constant changement qui va percer les profondeurs de l’être. « Lour uti » vient finaliser le tout, prête à nous mener au bon port atmosphérique sans pour autant négliger une décharge prononcée en mi-parcours. Sa finalité en progression mélodique est de toute beauté, les guitares suintent de riffs courbés et son minimalisme progressif en fait une sortie distinguée.

Wormlust a réussi un album logique, ordonné et exceptionnel. Il se permet d’être une voix singulière dans un univers qui a parfois du mal à se renouveler. Son label, Demonhood Productions, clame haut et fort qu’il n’a jamais rien entendu de tel. Ces citations marketing sont souvent à prendre à la légère. Par contre, Wormlust est véritablement exclusif et tout à fait fantasmagorique.

Wormlust – The Feral Wisdom (2013)
Wormlust
The Feral Wisdom
Sex augu, tólf stjörnur
Djöflasýra
Á altari meistarans
Iður úti
À saisir.

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