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Tyler, The Creator – Cherry Bomb (2015)

Portrait de Mathieu
Tyler, The Creator – Cherry Bomb (2015)

Tyler, the Creator a d’abord excellé dans le rôle de leader du groupe Odd Future pour déterminer l’identité bigarrée des rappeurs et musiciens. Prone a provoqué des controverses sur son homophobie et misogynie présumées, l’adolescent a su faire de ses critiques des réponses créatives plus ou moins convaincantes (voir le clip de Tamale) mais aptes à construire son identité d’artiste en le distinguant de toute la masse de musicien dédaigneux d’adresser ces interrogations.

Avec Cherry bomb, Tyler interroge le style même qu’il s’est construit sur Goblin et Wolf

Aujourd’hui avec Cherry bomb, il interroge le style même qu’il s’est construit sur Goblin et Wolf en abandonnant le format narratif de ces deux albums et propose des chansons un peu plus éloignées du rap avec un mélange de vieux claviers funk déglingués, de nappes de basse, de rythmiques syncopées agressives accompagnées de ses paroles toujours aussi autobiographiques et ordurières (Pilot).

L’absence d’intermède et de personnages ne retire toutefois pas à Cherry bomb la cohérence que le musicien a toujours su construire dans ses disques. On passe donc de la pop électronique de Run au jazz smooth de Find your wings sans transition sinon par le simple biais de l’identité d’un chef d’orchestre touche à tout dont les aspirations musicales ne se sont jamais limitées à un seul style. Sur Cherry bomb il maitrise encore plus cette diversité que l’on pouvait trouver dans Goblin sur des morceaux tels que Jamba ou IFHY et ajoute même de la drum and bass à son répertoire (Cherry bomb et son intro dont la basse distordue rappelle I want it I need it de Death Grips).

Le monde de la musique est sa cour de récréation et il n’a pas fini de s’y amuser.

Même si Tyler, the Creator semble toujours être un gamin impertinent il n’en reste pas moins un artiste en développement capable de mélanger tout et n’importe quoi dans un univers cohérent. Le monde de la musique est sa cour de récréation et il n’a pas fini de s’y amuser. Ses potes d’Odd Future n’ont toutefois pas été invités à la fête car il a préféré faire la fête avec des adultes (et influences) comme Pharrel Williams (déjà présent sur Wolf), Dwayne Carter (aka Lil Wayne) ou encore Kanye West.

Cependant, l’identité de ses invités disparait dans le floue artistique créé par la fusion des influences du musicien. Même s'il conserve son image de grand gosse, Tyler n’est pas Peter Pan et offre son disque le plus riche à ce jour. La musique conserve toutefois un aspect rugueux, créé à force de confrontations forcée plutôt que de mariage. Le gamin psychotique n’est toujours pas guéri de ses angoisses mais il a fait de la place pour encore plus d’aspect de sa collection de disque (voir l’éclectisme de 2seater) et prouve que s'il n’a pas le génie de Earl, il reste le savant fou mégalomaniaque du crew.

 

Tyler, The Creator – Cherry Bomb (2015)
Tyler, The Creator
Cherry Bomb
Deathcamp
Buffalo
Pilot
Run
Find Your Wings
Cherry Bomb
Blow My Load
2Seater
The Brown Stains of Darkeese Latifah Part 6–12 (Remix)
Fucking Young / Perfect
Smuckers
Keep Da O's
Okaga, CA
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale).

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