Vous êtes ici

The Midnight Ghost Train - Buffalo (2012)

Portrait de Floriane
The Midnight Ghost Train - Buffalo (2012)

Après un premier EP, Johnny Boy (en 2008), puis un album éponyme (en 2010), The Midnight Ghost Train semble entrer en studio tous les 2 ans, car c'est en 2012 que Buffalo voit le jour, chez Karate Body Records. Le trio texan égraine son stoner sudiste à travers 8 titres courts et efficaces. Stoner pour la puissance, le fuzz et le space. Sudiste pour blues, le flow et les thématiques. Outre les références directes aux poids lourds de la folk music, comme Leadbelly, la galette fait également ressortir l'énergie et la poussière que des Kyuss ou Truckfighters aiment à afficher. The Midnight Ghost Train a d'ailleurs tourné avec les Suédois de Truckfighters en 2011, juste avant la sortie de Buffalo...

Le tout premier morceau, "A Passing Moment of Madness", Buffalo se veut concis et pertinent. Le but est clair et les moyens pour l'atteindre le sont aussi. Le groupe prend 1 minute 33 pour présenter son décor musical saturé, penchant tantôt vers le heavy-psyché, tantôt vers le blues et le groove; le tout lié par un fuzz fédérateur. Avec un tel lancement, il va sans dire que la suite déboule à toute à vitesse. Un puissant vent du sud souffle sur le Delta, balayant violemment le genre. "Henry", le morceau suivant, utilise les facéties du blues et du rock tout en respectant scrupuleusement les caractéristiques de chacun. La voix inclassable de Steve Moss vient alors se placer, les gimmicks psychés redondants résonnent, et le stoner-blues à la sauce The Midnight Ghost Train démarre.

L'influence régionale est très forte. Sur le morceau, "Foxhole", l'empreinte southern apparaît par l'utilisation du shuffle, ce rythme bluesy si particulier qui laisse le chanteur dérouler ses histoires saugrenues. Le procédé est revisité version metal, et force est de constater que ça fonctionne plutôt bien. Les notes groovent et pleurent à fois.

"Tom's Trip" et "Spacefaze" manifestent un goût du riff et de l'orchestration, très prononcé chez The Midnight Ghost Train, avec des passages plus space-rock, mais toujours très lourds, et avec des accents sudistes. Le chant se dissémine avec parcimonie. Comme dans les autres titres de Buffalo, la voix de Steve Moss (qui n'est pas sans rappeler un certain Neil Fallon) peut sembler un peu trop à part, mais elle marque un véritable lien entre les morceaux, et confère une homogénéité à l'album. A noter que ces deux morceaux de moins de 6 minutes sont les plus longs de l'album...

Le train s'arrête ensuite dans la gare de "Cotton Fields". Les amateurs de Leadbelly reconnaîtront le "tube" du blues man américain, maintes fois repris par ses contemporains (Creedence Clearwater Revival, pour ne citer qu'eux). On traverse alors les champs de coton bondés d'esclaves noirs épuisés, en longeant un petit sentier sous un soleil de plomb. La vie est dure et l'avenir sombre... Le flash back musical fait référence à la musique noire américaine, avant tout, mais aussi à l'histoire du Sud des Etats-Unis, et pourquoi pas à celle de Buffalo, la ville où le groupe s'est formé. Le titre est interprété presque entièrement a cappella, seul un tambourin fait office de rythmique. La mesure est battue au pied. Steve Moss est repris en cœur par Brandon Burghart et Mike Boyne, à la manière des gospels et négros spirituals, mais avec une voix de badasse du rock'n'roll. L'alchimie est convaincante.

"Southern Belle" évoque une fois de plus les paysages texans. A l'image de la pochette, le morceau transpire la sensualité et le soleil. Il ferait presque penser au storytelling des ballades folk... Enfin, une ballade un peu burnée pour de la folk, mais parfaite pour un album de stoner.

Les intermèdes delta blues s'intègrent plutôt bien au desert rock couillu.

"Into The Fray" clos l'opus de façon pertinente en reprenant tous les ingrédients du style et du groupe. The Midnight Ghost Train fait du neuf avec du vieux et du lourd avec du groove. Un soupçon de fuzz, un zeste de gras, une poignée de saleté, et quelques riffs de space, le tout assaisonné avec l'énergie et la force de l'histoire de la musique américaine, tout ça donne un puissant assemblage qui fonctionne. Le bémol serait un manque de souffle entre les morceaux, bien que les intermèdes delta blues s'intègrent plutôt bien au desert rock couillu. Si Buffalo ne casse pas la baraque niveau originalité et expérimentation, il propose quelque chose de travaillé et de humble. Un ensemble honnête, qui se laisse néanmoins écouter avec beaucoup de plaisir.

The Midnight Ghost Train - Buffalo (2012)
The Midnight Ghost Train
Buffalo
A Passing Moment Of Sadness
Henry
Foxhole
Tom's Trip
Spacefaze
Cotton Fields
Southern Belle
Into The Fray
Journaliste - rédactrice, à l’affût des nouveautés rockailleuses venues du désert et d'ailleurs...

Ajouter un commentaire