Vous êtes ici

Lycia – Quiet Moments (2013)

Portrait de Martin
Lycia – Quiet Moments (2013)

Lycia, principalement l'affaire d'un individu venant de l'Arizona, et on a peine à le croire tellement sa musique a plus en rapport les espaces nordiques que les cactus du sud, a glissé hors des radars et routes communes pendant son existence durant les années 90. Si on en croit sa progéniture illégitime, Mike VanPortfleet a créé, par le biais de ses pièces mélancoliques, gothiques, mais tout de même bien mélodiques, un genre à lui seul: le darkwave, ce post-punk-gothique-éthéré a été associé principalement au label Projekt et a su soutenir un sous-genre dans une scène marginale, une scène qui était en totale décroissance pendant cette période (où l'engouement fut plus pour la techno et le grunge).

Ça aura pris 14 ans à Mike Van Portfleet afin de sortir un album de pièces inédites et, si la maturité rend parfois de belles choses empreintes de sagesse, il s'en trouve être l'album le plus atmosphérique du groupe.

Ce qui est surprenant est que les compositions restent dans le créneau spécifique Lycia: lignes de guitares simples, saturées et bien soutenues, voix réverbérée mais cette fois-ci, au lieu d'utiliser la boite à rythme habituelle, les percussions et les rythmes sont sporadiques, totalement utilisés à titre d'ambiance pour les pièces qui sont répétitives, proches de mantras solitaires et introspectifs.

Car Lycia évoque ces sentiments plus que tout autres: solitude, mélancolie et apaisement. Certains diront que la formation est plutôt un fleuron du gothisme dépressif, ce qui n'est pas tout à fait exact, les sonorités sont à mille lieux des groupes qui se rallient à la cause nihiliste musicale. On est plus près de la langueur des Cocteau Twins de la première heure que du post-punk suicidaire.

Si Quiet Moments peut rappeler certains albums précédents, les 11 pièces ont plus à voir avec Ionia, paru en 1991, que Cold (1997), l'album le plus connu et encensé du groupe. Si "Quiet Moments", la pièce éponyme de l'album, offre d’entrée les sons familiers du groupe, on peut se permettre des répits purement ambiants dans des titres tels que "The Pier". À l'opposé, "Spring Trees" offre un amalgame bien typique mais avec une carrure plus "rock" et quasiment entrainante.

Ceci dit, Van Portfleet aura appris à maitriser certaines techniques contemporaines. "The Wind Sings" est un habile mélange de sonorités darkwave et glitch, tandis que "Dead Leaves Fall" offre une rythmique bouclée et une guitare empreinte de symphonies linéaires.

Au final, "The Soil Is Dead" nous mène en territoire plus shoegaze typique avec ses échos de voix féminine, gracieuseté de Tara Vanflower, collaboratrice assidue depuis 1994 (et tout de même conjointe de Van Portfleet).

Même si Lycia est resté discret pendant plus de ses vingt années d'existence, nombre de groupes contemporains lui vouent un immense respect, que ce soit des formations de doom funèbre ou de la nouvelle vague post-punk-gothique. Pour les fans, l'album est puissant et réconfortant, on s'y retrouve et on apprécie.

Lycia – Quiet Moments (2013)
Lycia
Quiet Moments
Quiet Moments
The Visitor
Antarctica
Greenland
Grand Rapids
The Pier
Spring Trees
The Wind Sings
Dead Leaves Fall
Dead Star, Cold Star
The Soil Is Dead
À saisir.

Ajouter un commentaire