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Esmerine - Dalmak (2013)

Portrait de baktelraalis
Esmerine - Dalmak (2013)

Je vois des teintes sépias, des rues pavées, poussiéreuses, des volutes de chaleur émanant du sol. Un sol foulé depuis des millénaires par un peuple, une culture qui a toujours été à la croisée de deux mondes. L'Orient et l'Occident. C'est certainement l'une des images qu'endosse ce nouvel album d'Esmerine, ou quand deux musiciens canadiens tous deux issus du grand oiseau Godspeed You ! Black Emperor décident de s'envoler vers une autre culture, un autre pays, la Turquie, à travers Dalmak, une œuvre enregistrée entre Istanbul et Montréal.

Esmerine prend vie en 2003 et réuni, dans sa composition de base, Bruce Cawdron (batteur et percussionniste jusqu'en 2012 dans GYBE mais aussi présent dans Set Fire to Flames) et Rebecca Foon (violoncelliste au sein de Silver Mt. Zion, Set Fire to Flames, Saltland).

2 ans après « La Lechuza » dédié à Lhasa De Sela (musicienne montréalaise emportée par la maladie en 2010) ils décident de s'entourer de nouveaux musiciens soit Jamie Thompson (Unicorns, Islands) et Brian Sanderson accompagnés d'une ribambelle de musiciens turques et publient en cette rentrée 2013 Dalmak (« contempler », « être absorbé » en turque).

Passés les cordes du premier morceau de l'album et leur patte rappelant, tel un pont, l'univers de la troupe de GYBE, « Lost Rivers Blues I » nous projette avec douceur de l'autre côté du globe par la force et la beauté des instruments et percussions traditionnelles turques.

Bendir, darbuka, barama, saz ou duduk dans les mains de musiciens turques tel que Hakan Vreskala, Baran Asik, Alim Kazim Akdag ou James Hakan Dedeogl, mais aussi violons, contrebasse, batterie ou glockenspiel dans les mains du quatuor occidental s'entremêlent pour résonner comme un audacieux mélange entre influences post-rock classieuses et musique traditionnelle orientale.

Quand on prend le temps d'y réfléchir cinq minutes, il s'agit là d'un mariage conceptuellement intéressant. Le post-rock étant un courant utilisant par nature des instruments dit « classiques » flirtant même avec ce que l'on appelle le « néo-classique » par moments, il s'avèrerait naturel de le voir se mélanger avec la musique traditionnelle « classique » d'un autre pays.

Et pour tout dire le résultat s'avère à la hauteur car une fois de plus les musiciens québécois viennent réaffirmer une certaine idée de la musique. Et je ne dirais pas volontairement « post-rock » car ce n'en est pas purement ici. Et puis, que reste-t-il d'une étiquette quand la musique se fait simplement si belle ?

D'une magie constante, l'album scindé en deux par « Hayale Dalmak », s'offrant comme un point d'orgue « à la Tim Hecker » (autre virtuose montréalais), fera osciller l'opus entre deux parties : une première entraînante et ouverte puis une seconde plus calme et introspective.

Esmerine se place avec Dalmak directement en tête de mon top des side-projects de l'influent GYBE avec Set Fire to Flames ou Silver Mt. Zion.

Un album à conseiller autant aux amateurs de Godspeed You ! Black Emperor qu'à ceux de l'univers de Secret Chiefs 3.

À noter que vous pourrez retrouver Esmerine avec Kingdom Shore et Matana Roberts à la Sala Rossa de Montréal le 4 septembre prochain. Ne les loupez pas.

Esmerine - Dalmak (2013)
Esmerine
Dalmak
Learning To Crawl
Lost River Blues I
Lost River Blues II
Barn Board Fire
Hayale Dalmak
Translator’s Clos I
Translator’s Clos II
White Pine
Baktelraalis
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