Earth - Angels of Darkness, Demons of Light II (2012)

C'est encore une fois à travers les somptueux artworks ethnico-mystiques de Stacy Rozich que Earth nous propose le deuxième et dernier volet d'Angels of Darkness, Demons of Light. Est-il encore nécessaire de présenter la carrière étonnante de ce groupe devenu mythique tout au long de leurs parutions ? Je me surprenais même à découvrir il y a quelques temps (sur le site de la violoncelliste du groupe Lorie Goldston) que des chroniques d'album du groupe étaient présentes sur des sites comme le New-York Times, le Guardian ou BBC Music, je me demande donc au passage où sont les journaux français qui auront l'audace et le goût de nous faire un jour ce cadeau.

Revenons-en à nos démons, c'était en 2011 que Dylan Carlson, père fondateur du projet accompagné de son harem de musiciennes, nous proposait "Angels of Darkness, Demons of Light I". Souvent cité comme le prolongement sonique de leur désormais cultissime "Bees Made Honey in the Lion's Skull", beaucoup de personnes, et moi le premier, avaient jugé, un peu rapidement certes, l'album tel une chute du précédent classique. Sans pour autant en être déçu, il nous offrait son pouvoir échappatoire habituel et toute la sagesse d'un guitariste maintenant hors pair, sans pour autant étonner l'auditeur chevronné du groupe. Avec "Angels of Darkness, Demons of Light II", la basse change de main et laisse entrer Karl Blau dans le combo, pas de surprises notables, mais moins de déception quand même. Aux premières écoutes, l'album semble dans sa courte durée simple, parfois même ennuyeux (A Multiplicity of Doors). Et puis au fil des écoutes se dégagent de véritables petites pépites qu'il faut s'efforcer de chevaucher pour aller plus loin. Avec Earth tout est selon moi question de se laisser emporter. L'aspect country lentissime de "Bees Made Honey" prend doucement des allures de blues aride et imaginaire (His Teeth Old Brightly Shine) plus imprégné que jamais de tonalités optimistes (The Rakehell). Loin d'être un sans fautes, ce deuxième opus révélera une nature plus fraîche et plus directe que le précédent (précisons que celui-ci a été enregistré dans des conditions "live") et réussira à déjouer les souvenirs d'un classique qu'il est aujourd'hui difficile d'éclipser. Maintenant je ne peux m'empêcher de penser au projet solo du sieur Carlson, et espérer qu'il laissera exploser, comme il l'a déjà fait dans le passé, les murs qu'il a lui même érigé. En avant !