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The Body & Full of Hell - One Day You Will Ache Like I Ache (2016)

Portrait de Mathieu
The Body & Full of Hell - One Day You Will Ache Like I Ache (2016)

Durant leur récent concert en ouverture de Converge à Londres, il était évident que Full of Hell et The Body partageaient une passion pour le volume et le noise. De ce fait, il n’y a rien de surprenant à les voir commencer leur album par un blast de près de trente secondes. Toutefois, déjouer ce que l’on attend d’eux est une règle à laquelle les deux formations se tiennent et ce disque le prouve très bien.

En commençant par le titre éponyme, puissant et rageur, et en enchainant avec Fleshworks où un chant féminin plein de delay se mélange aux deux voix des chanteurs de façon à créer une bande son pour accompagner des rêves réalisés par David Lynch, le disque démontre dès le début qu’il explorera tous les extrêmes possibles. La présence des deux batteurs se fait aussi sentir dès ce morceau, créant un inconfort grâce au jeu en décalé de l’un des deux batteurs. L’absence de symbiose accompagne parfaitement le mélange des voix et apporte une touche encore plus dérangeante au morceau, en faisant alors un des plus marquants de l’album.

D’une manière générale, One Day You Will Ache… possède quelques ressemblances avec Inland Empire de David Lynch, un film où le réalisateur joue avec les nerfs du spectateur en passant brusquement de la légéreté fantomatique à l’obscurité brutale. Ainsi, le titre suivant, une reprise de Leonard Cohen, The Butcher, mélange un drone à un loop de batterie pour créer une toile de fond aux voix déchirées. Le tout donne l’impression d’écouter une remix d’un titre de SunnO))) par Death Grips.

La face B commence aussi avec plus de blast mais joué avec encore plus d’agressivité, le tout suivi d’un mur de bruit dans le style du noisician Merzbow. Full of Hell se plonge encore plus profondément dans le chaos libre qu’ils ont abordé lors de la collaboration avec l’artiste grâce à la participation du drone de guitare de Chip King de The Body. Le spectre de Godflesh apparait ensuite sous la forme d’une boite à rythme pour hanter Bottled urn mais les deux groupes réussissent à conserver leurs identités intactes. Bien que chaque chanson se distingue des autres, le sentiment de crainte et le degré étouffant de noise font du disque une expérience immersive similaire à la combinaison des concerts des deux groupes. Le dernier titre, Little death, incarne parfaitement cette dualité en passant d’un assaut frontal à un ralentissement étouffant d’où un solo réussit toutefois à émerger. Alors que certains morceaux restent difficiles à imaginer reproduits sur scène, celui-ci semble possible et pourrait être même qualifié d’accrocheur à condition de trouver plaisant un passage à tabac sonore.

Les deux derniers titres, Cain et Abel, sont absents du LP et ne sont disponibles que sur la verison CD. Bien qu’ils restent dans la continuité du reste de l’album avec leur rythmique industrielle, le noise et les voix pleines de delay, ils ressemblent plus à des remixes bonus qu’à des morceaux complémentaires. Avec ses huit morceaux, le disque est suffisamment cohérent pour exister sans ces deux titres.

One day you will ache like I ache est une expérience puissante et un succès complet qui réussit à explorer des territoires vierges pour The Body et Full of Hell. Le goût commun des deux formations les amènera d’ailleurs sûrement à se recroiser sur un prochain disque. Toutefois, je suis surtout impatient de découvrir quel effet ce disque aura sur le prochain album de Full of Hell.

The Body & Full of Hell - One Day You Will Ache Like I Ache (2016)
The Body & Full of Hell
One Day You Will Ache Like I Ache
One Day You Will Ache Like I Ache
Fleshworks
The Butcher
Gehortwilt
World of Hope and No Pain
Himmel und Hölle
Bottled Urn
The Little Death
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale).

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