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Blaak Heat Shujaa - Blaak Heat Shujaa (2010)

Portrait de Vincent Duke
Blaak Heat Shujaa - Blaak Heat Shujaa (2010)

Je suis tranquille chez moi, il n'est pas encore 10 heures et je m'apprête à sortir pour "accomplir" toutes les tâches si importantes de la vie moderne et occidentale, contrôlée, illusoire et hygiéniste. Le soleil brille, il fait chaud. Une de ces journées parfaites, mais au programme chargé. Et l'interphone sonne. Facteur. Un petit colis. Pas de doute, il s'agit d'un disque. Bon, cela va me prendre moins de cinq minutes chrono pour encoder le bordel et le balancer dans mon baladeur pour l'écouter dans les transports et... Il est plus de 22 heures, je n'ai pas bougé.

Pas beaucoup en tout cas. Je suis toujours assis dans mon fauteuil, ou plutôt complètement inséré à l'intérieur, un lien symbiotique s'est établi : nous ne faisons plus qu'un. Les ondes sonores crachées par la paire d'enceintes semblent, non, elles font réellement onduler les volutes d'une épaisse fumée qui a complètement rempli la pièce. J'ai un moment de brève lucidité, un sourire à la fois cajoleur et démoniaque vissé sur la gueule. Pourvu que cela dure assez longtemps pour que je finisse cette chronique...

Le disque en question, c'est le premier album d'un groupe français, Blaak Heat Shujaa. Un trio de jeunes. De sales putains de putes de jeunes bien trop doués pour leur âge qui ont réussi à digérer tout ce qui s'est fait de meilleur en stoner, desert rock et psyché depuis 1965 et qui, en prime, se sont bougés pour aller enregistrer directement dans le ranch de Scott Reeder (Kyuss, Goatsnake). Pas de copier-coller. Que dalle. De vrais pros qui ont bien mâché le tout pour que la psylocibine sonore monte directement au niveau de la troisième cervicale. La basse... Ce son... Tellement rond, chaud... Un truc proche des perles de funk des années 70. Ça pue le Axelrod ou le Marc Moulin. Les compositions sont sublimes, lysergiques et d'une puissance instantanée qui n'arrive, dans le meilleur des cas - et si on ne vous a pas refilé de la merde - que deux heures après le décollage.

Ouais... C'est parti... Un mélange de genres et d'émotions et qui pourtant ne fait qu'un. Le Grand Tout coco. Que BHS balance un titre complètement instrumental ou avec des voix, ça tourne. L'homogénéité est parfaite entre les morceaux de l'album. Trop bon, des textes trop bien ficelés, trop intelligents et pas dénués de cet humour tordu et vicelard que quelques uns, j'en fais partie, apprécient à sa juste valeur. Leur disque aurait pu sortir sur un petit label indépendant basé à Oakland le jour où ce connard de Leary s'est fait dégagé de son poste de professeur d'université. Mais Blaak Heat Shujaa serait passé inaperçu parce qu'il aurait eu 47 ans d'avance.

Je crois que j'ai tout dit. J'espère. De toute manière, je ne connais que trop le fourmillement qui me parcourt le bas de la colonne vertébrale pour savoir qu'il n'est plus temps, ni possible, de continuer. Reste simplement à monter encore le volume.

Prenez vite votre "ticket".

www.blaakheatshujaa.com

Blaak Heat Shujaa - Blaak Heat Shujaa (2010)
Blaak Heat Shujaa
Blaak Heat Shujaa
High on Altitude
Sinaloakarma (The Baja Blues)
Mia
The Brown Buffalo
Where You At
The Pest
Let a Thousand Parks Bloom
Moon
(Untitled)
Journalist, radio speaker, PR guy, booker, crate digger, community manager, promoter. Je pourrais aussi l'écrire en français, il est vrai...

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